Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain

Écho du RAAMM pour la période du 7 au 13 mars

6 mars 2022
Image d'un autobus

Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 7 au 13 mars 2022.

Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.

 

(photo: Recrutement comité sur les déplacements sécuritaires)

 

 

 

Sommaire

1. Contribuez à des déplacements plus sécuritaires en participant au nouveau comité du RAAMM !

 

L’accessibilité et la qualité du transport adapté, du transport régulier et des déplacements piétonniers vous interpellent ? Si oui, venez participer concrètement à leur amélioration dans le cadre du nouveau comité sur les déplacements sécuritaires du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM).

Ce comité sera composé d’environ dix membres et se réunira de six à huit fois par année. Les membres identifieront des priorités et des actions qu’ils pourront réaliser par eux-mêmes avec le soutien de l’équipe. Parmi les enjeux qui pourraient être traités, mentionnons par exemple la qualité du transport adapté dans la région du Montréal métropolitain, l’installation de nouveaux feux sonores ou la présence de cafés-terrasses sur la voie publique.

Pour vous impliquer ou poser vos questions sur le fonctionnement du comité, vous pouvez communiquer avec Yvon Provencher au 514 277-4401, poste 113, ou à l’adresse [email protected]. Afin de faciliter la mise en place du comité, nous vous invitons à manifester votre intérêt avant le 25 mars prochain.

Au plaisir de militer avec vous pour bâtir ensemble un quotidien accessible !

L’équipe du RAAMM.

2. RAPPEL-Message du service d’aide bénévole (SAB) du RAAMM

Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain tient à vous informer que le service d’aide bénévole sera fermé du 24 mars 2022 à compter de 16 heures jusqu’au 4 avril 2022 inclusivement. Le service reprendra mardi 5 avril à compter de 8 heures.

Pour ceux qui prévoient avoir des besoins d’accompagnement pendant cette période, vous pouvez adresser vos demandes au service d’aide bénévole au poste 115 avant mercredi 16 mars 2022, au plus tard à 16 heures.

Nous vous remercions à l’avance de votre collaboration.

3. STM-Transport adapté : faim des restrictions sur le nombre maximal de passagers à bord des véhicules

À partir du 28 février, il n’y aura plus de nombre maximal de passagers à bord des véhicules du transport adapté. Les dernières directives émises par la Santé publique permettent à la STM de revenir à ses capacités d’avant la pandémie.

Pour les déplacements en taxi (berlines et minivans), le chauffeur privilégiera l’utilisation de la banquette arrière lorsque possible. Le chauffeur portera le masque de procédure à l’embarquement et au débarquement, et lorsqu’un usager sera assis à l’avant, sur le banc du passager. La responsabilité d’identifier le siège que l’usager doit occuper revient au chauffeur.

Les personnes suivantes ne seront toutefois pas jumelées lors de leurs déplacements :

  • Femmes enceintes
  • Personnes exemptes du port du couvre-visage
  • Personnes immunosupprimées
  • Personnes vivant avec une maladie respiratoire chronique

Si vous faites partie d’un de ces groupes des personnes, contactez le service à la clientèle du transport adapté au 514 280-8211, option 4.

Bonne journée,

Laurence Labelle

RUTA Montréal

6363, Chemin Hudson, Bureau 152

Montréal, H3S 1M9

Tél. : 514-255-0765 poste 2

4. Montréal-Irene Lambert: une voix pour les droits des aveugles

Un article de Lila Maître publié le 25 février 2022 sur journal.metro.com

À 91 ans, Irene Lambert continue toujours de faire valoir les droits des personnes ayant une déficience visuelle au Canada. Cette résidente de l’Ouest-de-l’Île a récemment reçu le Chris Stark Advocacy Award 2021, qui salue chaque année l’implication de Canadiens pour la défense des droits des personnes en situation de handicap.

«J’étais très surprise [de recevoir ce prix], j’imagine qu’ils ont aimé l’idée que je continue la défense des droits après toutes ces années », se réjouit Irene Lambert.

Nous sommes dans les années 1970, Irene Lambert vient tout juste de revenir des États-Unis avec son second mari et ses trois enfants, pays dans lequel elle s’impliquait déjà pour l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.

Alors qu’elle souhaite profiter des activités montréalaises, en compagnie de son second mari, professeur au campus Loyola, elle se heurte à des problèmes en raison de sa cécité et de celle de son compagnon.

«Nous avions beaucoup de problème avec les restaurants, les taxis et les lieux publics qui n’acceptaient pas les chiens guides d’aveugle […] on avait été habitué à être indépendants, aux États-Unis, on pouvait aller partout.»

À l’époque, aucune réglementation n’existe dans la province pour garantir l’accès aux espaces publics aux personnes en situation de handicap. C’est ainsi qu’elle intègre une commission pour inciter le gouvernement québécois à changer sa législation. En 1978, une nouvelle loi est adoptée, qui garantit des droits aux personnes handicapées tels que l’éducation, la santé, les logements et les espaces publics.

«C’est à partir de ce moment que le gouvernement québécois a commencé à donner de l’argent pour l’accès à l’école publique pour les personnes aveugles. Avant, elles ne pouvaient aller que dans des écoles privées.»

Au courant de cette décennie, alors que le Québec connaît de vifs changements politiques, le couple continue de s’impliquer pour le droit des personnes en déficience visuelle. Le mari d’Irene Lambert crée un nouveau programme universitaire après la création de l’Université Concordia pour sensibiliser les étudiants aux problèmes vécus par les personnes aveugles.

Pour la communauté

Par la suite, Irene Lambert et son mari déménagent à Montréal-Ouest. Elle découvre que le journal local, The Informer, n’était à cette époque pas accessible pour les aveugles. Elle met alors en place des enregistrements audio des articles sur cassettes, qu’elle envoie aux personnes en déficience visuelle.

En compagnie de son mari, elle accompagne la mise en place de plusieurs initiatives pour favoriser l’accessibilité pour les personnes handicapées dans la ville.

À la fin des années 1980, la Low Vision Self Help Association est créée pour les personnes ayant une déficience visuelle, dont la majorité des membres sont des habitants de Montréal-Ouest. Irene Lambert rejoint l’association, dans laquelle elle est aujourd’hui toujours présente en tant que directrice.

Après la mort de son mari en 1990, elle déménage dans l’ouest de l’île. De 1993 à 2009, elle préside le comité des usagers pour le Centre de réadaptation MAB-Mackay, parallèlement à son implication au conseil d’administration de Montréal pour les Aveugles.

En 2000, elle rejoint l’Alliance for Equality of Blind Canadians (l’Alliance pour l’égalité des Canadiens aveugles), ce qui lui valu en 2010 le CCD Award, qui saluait son implication.

Localement, elle se fait porteuse de voix pour plusieurs causes, notamment pour améliorer certains aspects de la circulation dans la ville. Cela a amené la législation interdisant le virage à droite pendant les feux rouges à Montréal.

Aujourd’hui, elle continue à défendre les droits des personnes en situation de handicap. Si de nombreuses améliorations ont vu le jour au fil des décennies, grâce à des réglementations et à de nouvelles technologies, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne les logements abordables et accessibles, la circulation urbaine et les espaces publics.

Elle se réjouit que de nouveaux groupes continuent de défendre les droits des personnes en situation de handicap.

«Quand on travaille dans la défense des droits, on ne gagne pas à chaque fois, même si parfois c’est le cas. Cela prend du temps, les personnes qui y travaillent doivent avoir beaucoup de patience […] c’est un petit peu à chaque fois», conclut-elle avec philosophie.

Source : https://journalmetro.com/local/ouest-de-lile/2783005/irene-lambert-voix-droits-aveugles/

5. Parution du guide de Kéroul « Pour une expérience culturelle accessible et inclusive »

24 février 2022- Après plusieurs mois d’entrevues, de compilation de ressources, de recherches et de rédaction, le guide de Kéroul destiné au milieu culturel, qui vient aider les gestionnaires à améliorer l’accessibilité de leurs établissements et à mettre en place des pratiques inclusives, est désormais consultable en ligne.

Réalisé grâce à un soutien financier du gouvernement du Québec, ce guide de 189 pages réparties en 14 sections couvre tous les domaines de la culture : arts de la scène, arts littéraires, arts numériques, cinémas, festivals, musées… Les premières sections sont consacrées à des explications globales sur l’accessibilité et aux grandes étapes clés telles que l’impact de la gouvernance, le parcours sans obstacles, la signalétique ou encore la communication et la promotion. Les sections suivantes mettent en contexte et présentent des fiches de bonnes pratiques.

Michelle Roux-Bordage, la rédactrice du guide, nous présente l’outil : « je suis très contente d’avoir contribué à ce projet, car ce guide permettra d’outiller le milieu culturel et les organismes qui désirent développer une offre plus accessible et inclusive. Tous les intervenants d’ici et d’Europe interpellés durant la recherche saluent l’initiative de Kéroul et sont impatients de consulter le guide ».

« Après la sortie du guide dédié au plein air en 2018, nous avons souhaité consacrer notre prochain guide à la culture, et c’est chose faite! Chez Kéroul, rendre le tourisme et la culture accessibles à tous nous anime chaque jour dans nos actions. Nous espérons ainsi sensibiliser davantage le milieu culturel à l’inclusion et l’accessibilité. Nous avons hâte de voir de nouveaux projets se mettre en place et nous sommes toujours à la disposition des gestionnaires pour les aider à les mener à bien », commente Isabelle Ducharme, présidente du conseil d’administration de Kéroul. 

Consulter la version Word 

Cliquez ici pour consulter le guide en ligne.

Source : https://www.keroul.qc.ca/nouvelles/2292-parution-du-guide-pour-une-experience-culturelle-accessible-et-inclusive-.html

6. Longueuil Centre-ville : Accès modifié à la station de métro et au terminus nouvelle phase de mobilisation

À compter du 7 mars 2022, l’accès à la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke et au terminus d’autobus, par la place Charles-Le Moyne, sera modifié en raison des travaux au centre-ville.

Une signalisation sera mise en place pour diriger les piétons pendant cette phase des travaux qui se poursuivra jusqu’en janvier 2023.

À noter qu’un passage universellement accessible a été aménagé pour assurer un accès sécuritaire en tout temps aux usagers qui désirent accéder à la station de métro et au terminus. Elle est située devant le campus de l’Université de Sherbrooke, sur la place Charles-Le Moyne.

Tous les détails à l’adresse www.longueuil.quebec/centre-ville

Cordialement,

LAURENCE DAGENAIS-LAROUCHE, urbaniste

Conseillère en développement urbain Bureau de développement économique

Direction du Développement

T. 450 463-7100, poste 2031

longueuil.quebec

7. Un projet de «sentier des sens» au menu à Bromont

Un article de Jean-François Guillet publié le 7 mars 2022 par La Voix de l’Est

Comment rendre les sentiers en nature à la fois attractifs et accessibles pour les personnes à mobilité réduite et les non-voyants? Telle est la prémisse du tracé que compte aménager l’organisme Les Amis des sentiers de Bromont dans le mont Oak. Un circuit où tous les sens seront mis à contribution, notamment grâce à l’implantation de signalisation et de stations aux multiples stimulus.

Le directeur général des Amis des sentiers, Alain Planchamp, caresse le rêve d’aménager un «sentier des sens» à Bromont depuis quelques années déjà. En fait, il s’est inspiré d’un projet similaire qu’il a réalisé en Suisse, son pays d’origine. «Ça fait un moment que ça cogite dans ma tête. La nature ne doit pas avoir de frontière. On doit la rendre accessible à tous. Peu importe nos limitations, on doit pouvoir se familiariser avec les odeurs de la forêt qui nous entoure, les textures des plantes et des arbres, les bruits de la faune», a-t-il indiqué.

Si tout se déroule rondement, le nouveau sentier serait aménagé dans le mont Oak. Les travaux pourraient être lancés dès cette année. L’inauguration est prévue au printemps 2023. On parle d’un tracé d’environ deux kilomètres qui serait connecté au vaste réseau via le pavillon d’accueil du parc des Sommets.

Le budget est estimé à 150 000$. Les membres du conseil d’administration des Amis des sentiers espèrent obtenir une subvention du fédéral équivalant à 80% de ce montant. L’organisme sans but lucratif assumerait le reste de la facture à même ses surplus.

Cohabitation

Afin de favoriser le déplacement de personnes en fauteuil roulant, le sentier sera recouvert de poussière de roche. Des rebords de bois délimiteront le tracé pour assurer la sécurité des usagers. «On veut entre autres permettre aux malvoyants de se déplacer seuls avec une canne et de suivre facilement leur itinéraire», a fait valoir M. Planchamp. De plus, des panneaux de signalisation en braille seront implantés.

On y retrouvera plusieurs points d’arrêt. «On veut créer des zones d’interprétation avec de petits exercices, tant au niveau de l’odorat, du toucher, que de l’ouïe. Il y aura aussi des trucs très intéressants pour les personnes voyantes. On veut favoriser la cohabitation de tout le monde dans la nature.»

L’organisme travaille également avec un club ornithologique pour déterminer quelles sont les espèces d’oiseaux dans le secteur. «On veut amener les malvoyants à les découvrir en associant leurs cris à leur nom. Qu’ils sachent aussi quelle est la période de nidification. On va essayer de joindre l’utile à l’agréable. On va aussi travailler avec les odeurs. Vraiment, c’est un projet très stimulant. Autant pour nous qui voulons le réaliser que pour les usagers.»

Source :

https://www.lavoixdelest.ca/2022/03/02/un-projet-de-sentier-des-sens-au-menu-a-bromont-4edb4db7923d281f09a61dfa1a07ce76

8. Université de Sherbrooke -Une rétine électronique contre la cécité

Un texte de Miriane Demers-Lemaypublié le 26 février 2022 sur ledevoir.com

Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke développent une technologie qui pourrait permettre à certaines personnes aveugles de recouvrer une portion de leur vision. Une partie de la solution pourrait tenir sur une puce électronique de la taille d’un grain d’avoine implantée sur la rétine.

Les personnes qui sont atteintes de rétinite pigmentaire commencent par avoir du mal à voir dans la pénombre et à perdre leur vision périphérique, ce qui leur donne l’impression de voir à travers un tunnel. Cette maladie génétique entraîne une dégénérescence progressive des cellules photosensibles de la rétine, jusqu’à ce que la personne devienne aveugle, ou presque. La maladie touche 1 personne sur 4000.

« La rétine est la partie de l’œil qui sert à capturer l’image et à la convertir en signaux électriques, lesquels sont envoyés au cerveau via le nerf optique, explique William Lemaire, candidat au doctorat en génie électrique à l’Université de Sherbrooke. L’idée, c’est d’aller remplacer la fonction de ces cellules avec un implant rétinien, un appareil électronique qui vient jouer le même rôle. »

La rétine est composée de plusieurs couches de cellules, poursuit le doctorant. Si les cônes et les bâtonnets ne fonctionnent plus chez les personnes atteintes de rétinite pigmentaire, les cellules bipolaires et ganglionnaires situées à la surface de la rétine peuvent toujours communiquer avec le nerf optique. C’est avec ces cellules que l’implant va communiquer des informations par le biais de microdécharges électriques.

Il existe déjà des prothèses rétiniennes qui permettent aux patients de reconnaître des silhouettes ou des cadres de porte, mais la vision reste très approximative. Sous la houlette du professeur Réjean Fontaine, une dizaine d’ingénieurs et d’étudiants-chercheurs s’attellent depuis sept ans à développer une nouvelle génération de rétines artificielles plus performantes, qui pourront permettre de faire un bond de géant dans le traitement des maladies dégénératives de la rétine.

L’implant rétinien, qui envoie des images au cerveau par le biais du nerf optique, fonctionne en quelque sorte comme une caméra Web qui envoie des images à un ordinateur par un câble USB, vulgarise William Lemaire. Le patient portera des lunettes pourvues d’une caméra qui capte les images et les envoie vers l’implant en modulant l’intensité d’une lumière infrarouge. Apposée sur la rétine, une puce électronique de 5 millimètres sur 4 millimètres reçoit les codes de lumière infrarouge et les traduit en signaux électriques. Ces stimulations électriques sont envoyées aux cellules fonctionnelles de la rétine grâce à près de 300 électrodes. Si les appareils de première génération doivent être branchés à des petits câbles électriques assurant leur alimentation énergétique, la puce développée par l’équipe de Sherbrooke possède une cellule photovoltaïque alimentée grâce à un faisceau lumineux provenant des lunettes.

Les grands défis de la nanotechnologie

Pour améliorer la résolution de l’image perçue par la personne aveugle, les chercheurs tentent de multiplier le nombre d’électrodes sur la puce. Ces dernières correspondent en quelque sorte au nombre de pixels de l’image créée. Pour l’instant, ces électrodes sont séparées par une distance de 150 microns — le diamètre d’un cheveu. L’équipe de Sherbrooke veut réduire cet écart à 10 microns, un véritable exploit technique.

« Le défi, c’est que ce genre de microsystèmes sont trop petits pour être manipulés par des appareils standards, observe Réjean Fontaine, spécialiste en nanoélectronique et technologies biomédicales à l’Université de Sherbrooke. On développe des techniques pour pouvoir faire des collages, des microassemblages, des soudures et du découpage laser sur de petits circuits, on est reconnus au Canada pour ça », observe le chercheur, qui insiste sur la multidisciplinarité de son équipe.

« C’est ça un peu, la clé du succès, affirme-t-il. Il y a des personnes qui travaillent sur les traitements de signaux, d’autres sur les circuits intégrés, l’assemblage ou sur des réseaux de neurones artificiels qui, plus tard, vont être implantés [sur la puce] », détaille-t-il, ajoutant que cette expérience multidisciplinaire prépare du même coup les étudiants pour des projets complexes sur le marché du travail. L’équipe québécoise collabore aussi avec des chercheurs de l’Université de Melbourne, en Australie, spécialisés dans certains matériaux au cœur de l’implant, comme les fibres de carbone et le diamant.

Leur tâche est d’autant plus ardue qu’il reste encore beaucoup de choses à apprendre sur le fonctionnement des cellules de la rétine. Ces dernières sont-elles excitées ou inhibées par le courant des électrodes ? Quelle est leur réponse à différentes intensités de courant ? Pour l’instant, les microchangements sont difficilement observables par les patients, qui ne perçoivent que des taches floues.

« On navigue à l’aveuglette », illustre M. Fontaine. Pour pallier ce problème, son équipe a développé une puce qui permettra de « lire » les réponses électriques dans l’œil et ainsi mieux calibrer l’action des électrodes. Implantée dans le cerveau, cette même puce pourrait aussi être utile pour prédire les crises des épileptiques 24 heures à l’avance.

Les chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont encore bien du pain sur la planche avant une éventuelle commercialisation de cette rétine artificielle. L’appareil ne permettra toutefois pas de redonner une vue normale aux personnes atteintes de rétinite pigmentaire, mais plutôt d’améliorer leur qualité de vie, met en garde Réjean Fontaine. « L’important, pour les patients, c’est qu’ils pourront voir leurs proches, dit-il. Et ça, ça n’a pas de prix. »

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche

Source : https://www.ledevoir.com/societe/science/678150/universite-de-sherbrooke-une-retine-electronique-contre-la-cecite

9. Mauricie- M’as-tu vu? pour une meilleure vision des jeunes, au-delà de leur déficience visuelle

Un article de Jacynthe Lafrance publié le 28 février 2022 sur lenouvelliste.ca

Étrange paradoxe: les jeunes personnes atteintes d’une déficience visuelle éprouvent parfois un malaise à s’afficher, visiblement, avec des aides qui rendent leur différence évidente aux yeux des autres: la canne blanche, le chien-guide ou l’outil d’aide à la lecture par ordinateur, en classe. Comme si nous ne voyions que ça, cet outil d’adaptation, cette différence, plutôt qu’elles et eux.

C’est pour dépasser cette barrière à la relation que, dans les capsules M’as-tu vu?, des jeunes vivant avec des handicaps variés livrent leur réalité quotidienne à Isabelle Rock, en démystifiant tous ces petits trucs ce qui leur permet de se réaliser, comme n’importe quel autre jeune.

Isabelle Rock travaille sur tout le territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec à titre de spécialiste en orientation et mobilité, dans le Programme de réadaptation en déficience visuelle du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) de cette région. Durant le mois de février, elle a à cœur de mettre de l’avant la sensibilisation à la basse vision et à la réadaptation visuelle. Ses capsules M’as-tu vu?, diffusées principalement sur la page Facebook du même nom sont l’un des moyens qu’elle met de l’avant pour y arriver.

«Les capsules, ça nous permet de nous révéler au grand jour. On peut montrer aux autres jeunes qu’on n’est pas si différent d’eux, que nous aussi on a des activités, qu’on contribue à la société, qu’on a des rêves et qu’il y a beaucoup plus de choses qui nous rejoignent [les uns des autres] que celles qui nous éloignent.» Celle qui parle ici, c’est Éliane Doucet qui fait l’objet d’une des premières capsules M’as-tu vu?, dont elle a aussi composé la musique d’ouverture. Éliane voue d’ailleurs une passion à la musique qu’elle pratique notamment à l’école secondaire Ozias-Leduc, de Mont-Saint-Hilaire. La vidéo a généré plus d’un millier de vues sur Facebook et près de 500 sur YouTube.

Un projet qui mijote depuis longtemps

Avant d’entreprendre sa nouvelle vocation en orientation et mobilité, Isabelle Rock a mené une carrière d’orthophoniste pendant 24 ans, dans le secteur public. C’est dire que son intérêt principal, c’est l’humain, sous toutes ses coutures et dans toute sa diversité.

«Quand j’ai commencé, comme orthophoniste, avec les jeunes et les familles, à force de les côtoyer – les personnes dysphasiques, par exemple – je savais que c’était peu connu dans la population en général. Comment faire pour renseigner les gens? Leur permettre de mieux comprendre, de mieux connaître… À cette époque, on n’avait pas accès aux réseaux sociaux, je n’étais pas qualifiée pour entrer dans les médias, je ne savais pas par quel bout prendre ça», raconte-t-elle.

De fil en aiguille, elle est amenée à faire des entrevues par vidéo avec certaines familles en réadaptation, le tout destiné à l’amélioration des pratiques des intervenants. Mais cela reste réservé à une diffusion en circuit fermé, auprès de gens déjà sensibles à ces réalités. Elle veut en faire plus, atteindre plus de gens, faire vivre de vraies rencontres.

En prenant contact avec sa nouvelle clientèle, des adolescents et jeunes adultes vivant avec une déficience visuelle, elle se met à l’écoute des leurs difficultés. «Quand on arrive à l’étape de dire: ça va te prendre une canne blanche pour ta sécurité, mais que tu as 15 ans et tu as toujours essayé de te débrouiller sans que ça paraisse trop, c’est difficile pour un jeune…», dit-elle, avec la conviction que ce serait beaucoup plus facile si les gens, autour, étaient mieux sensibilisés. Mettant toutes ses insécurités de côté, c’est à ce moment qu’elle décide de foncer.

«Je ne pouvais plus attendre! Ces jeunes-là me parlent de plein de choses qu’ils vivent à l’intérieur, de comment ils se perçoivent en tant que personnes qui ont des capacités, qui ont leurs rêves, leur quotidien, comme d’autres jeunes: ils vivent leur vie, ils ont leurs amis, leur hobby. Mais parce que dans le public, ils ont cette particularité-là affichée, ils ont l’impression qu’ils sont perçus juste pour ça et non pour tout ce qu’ils sont comme jeunes».

C’est ainsi qu’elle valide ses intuitions auprès de trois d’entre elles: Éliane, Sofia et Salma. Cette dernière, qu’elle a accompagnée à son entrée à l’Université Concordia, alors qu’elle devait tout apprendre: trajets d’autobus, de métro, nouvel environnement scolaire, et ce, avec sa canne et en portant le hidjab. «En parlant avec elles… ce que j’avais comme intuitions se concrétisait. Elles se trouvent très peu représentées, dans toutes les sphères de la société», observe Isabelle.

Sofia, pour sa part, vient d’accorder une deuxième entrevue à M’as-tu vu?, alors qu’elle est entrée à l’université.

À sa première participation, la jeune femme était au cégep.

Avec Isabelle, elle discutera entre autres de la persévérance scolaire et de l’importance des aides dont elle peut se prévaloir, avec sa déficience visuelle. «Les capsules M’as-tu-vu sont une source d’inspiration et mettent vraiment en valeur la persévérance et la détermination. Ça permet aussi d’inciter d’autres jeunes avec des handicaps à oser et à s’accomplir», souligne-t-elle.

La déficience visuelle méconnue

Pour Isabelle Rock, l’enjeu de la sensibilisation d’un public toujours plus large, comme elle le souhaite, vient répondre à un défi d’inclusion. Et à ce titre, elle perçoit une grande méconnaissance de la réalité spécifique à la déficience visuelle.

On le constate souvent, de tous les handicaps qui pourraient affecter l’être humain, la perte de la vue s’avère le plus terrifiant. Mais la plupart des gens croient que c’est une situation très tranchée: ou bien je vois correctement – avec ou sans lunettes – ou bien je suis complètement aveugle. Alors que l’éventail de possibilités entre les deux est beaucoup plus vaste.

Cette méconnaissance apporte son lot de préjugés et de fausses interprétations de la part de l’entourage. On se demande: comment se fait-il qu’il a une canne blanche, mais qu’il m’a dit bonjour Sophie? Ou bien: elle est capable de lire son cellulaire, mais elle a une canne blanche; est-ce qu’elle est vraiment aveugle? Est-ce qu’il a pris sa canne parce qu’il voulait sa place dans l’autobus? Et cette dame, à la résidence: elle se rend à la salle à manger avec sa marchette, mais arrivée à ma table, elle ne me dit pas bonjour. Quelle snob!

Voilà une foule de réactions qu’on pourrait éviter avec une meilleure compréhension de la déficience visuelle. C’est ce qu’a voulu atteindre Isabelle Rock en rencontrant l’optométriste Joane Darveau pour démystifier les différents types de déficiences visuelles, dans M’as tu vu?

Avec les moyens du bord

Isabelle compte poursuivre les rencontres avec des jeunes qui exposent leurs réalités et font tomber les tabous au sujet de leur adaptation devant certaines limitations. Malgré tout, elle aimerait rejoindre un plus vaste public, aller vers d’autres médias sociaux, améliorer sa production. Pour le moment, c’est un produit maison, fait avec les moyens du bord et l’aide d’un autre bénévole, son collaborateur Hervé Jodoin, au montage.

La levée des mesures sanitaires aidant, elle pourra reprendre les enregistrements sur une base plus régulière aussi. Elle invite donc les jeunes qui voudraient livrer leur témoignage à communiquer avec elle via Messenger sur la page de M’as-tu vu? Ou par courriel à [email protected]

Source : https://www.lenouvelliste.ca/2022/02/28/mas-tu-vu-pour-une-meilleure-vision-des-jeunes-au-dela-de-leur-deficience-visuelle-video-28fafdc88f2c640f7ed922eadfcfac9c

10. Suisse-Le théâtre Vidy-Lausanne relève le défi du ballet audiodécrit

Un article de RTS publié le 22 février 2022

Au théâtre Vidy-Lausanne, le ballet romantique “Giselle…” a été audiodécrit pour les personnes aveugles et malvoyantes samedi. Pour que l’expérience soit complète, un atelier était organisé en amont du spectacle. Une expérience inclusive et concluante.

Un exemple de culture inclusive. Sur scène, la danseuse Samantha Van Wissen revisite le ballet romantique “Giselle…” dans une mise en scène du Lausannois François Gremaud, extrêmement visuelle. Pourtant dans la salle, c’est avec leurs oreilles qu’une partie des spectateurs savoure le spectacle.

En coulisses et en direct se cache une audio descriptrice, Séverine Skieroki, elle-même danseuse. “On ne peut pas décrire et partager la danse si l’on n’est pas en mesure de comprendre les chemins de corps des mouvements”, précise-t-elle à la RTS. Face à un micro et aidée de notes, elle décrit le spectacle d’une voix calme: “La danseuse désigne l’espace vide, s’assied sur la chaise en retrait, se tourne vers les musiciens.”

Ressentir le mouvement

Pour l’association Ecoute Voir basée à Yverdon, dont le but est de faciliter l’accès aux arts vivants pour les personnes en situation de handicap sensoriel, vivre les gestes avec son propre corps permet de mieux imaginer ce qu’on ne peut voir.

Avant le spectacle, l’association a organisé des ateliers d’exploration par le mouvement. Les participantes et participants reproduisent les gestes dictés par l’animateur pour ressentir la chorégraphie à laquelle ils et elles assisteront au théâtre: poser les mains sur les genoux, prendre une grande inspiration, jeter les bras sur les côtés avant de se laisser tomber deviennent des mouvements intenses, qui ne manquent pas – parfois – de les faire rire. “Comme je ne pratique pas vraiment la danse, cet atelier m’y a donné goût. Ce qui est difficile pour moi, qui ne voit pas du tout, c’est de me représenter ce que cela peut donner à l’image”, explique Thi Hahn Fleuret, une participante à l’atelier.

Transmettre le plus possible en peu de temps

“Le temps d’un mouvement est très court, mais il faut idéalement décrire beaucoup de choses pour que le public puisse se le représenter. Notre atelier tente de faire en sorte que les personnes aveugles et malvoyantes trouvent l’essence du mouvement. Ainsi, lorsqu’elles nous écoutent pendant le spectacle, elles ressentent la couleur générale de ce qu’on essaie de transmettre”, explique Florence Ineichen, audio descriptrice.

Fort de cette expérience sensorielle, le spectacle devrait alors prendre une autre dimension. Pour Hervé Richoz, qui a lui aussi participé à l’atelier, mission accomplie: “L’atelier nous a installés dans cette période romantique. J’ai retrouvé cette ambiance à travers l’audiodescription. Le spectacle était magique et enchanteur.”

Source :

https://www.rts.ch/info/culture/spectacles/12886503-le-theatre-vidylausanne-releve-le-defi-du-ballet-audiodecrit.html