Écho du RAAMM pour la période du 11 au 17 janvier
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 11 au 17 janvier 2021.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire
- 1.RAPPEL-RAAMM- Appel à participer au nouveau «Comité élections municipales 2021»
- 2 . RAPPEL-Quel est le plus grand irritant lorsque vous naviguez sur Internet?
- 3. Nouveau confinement : le RTL sera au rendez-vous pour les déplacements essentiels
- 4. Transport collectif sur la Rive-Sud: des craintes pour l’accessibilité universelle
- 5. Participation sociale et villes inclusives (PSVI) et Société inclusive vous invitent à une activité intitulée: L’inclusion sociale en habitation : défis et solutions pour la création de logements abordables et accessibles
- 6. Louis Bessette, l’aveugle aux mille talents
- 7. Résilience et détermination pour Anne-Marie Beaulieu
- 8. Non-voyante, elle s’accroche à l’ espoir d’un emploi manuel
- 9. La COVID-19, un obstacle supplémentaire pour les aveugles
- 10. À l’extérieur du Québec, des services restreints pour les aveugles francophones
- 11. Journée du braille : un système négligé mais nécessaire
- 12. Handicap : L’écriture inclusive est-elle vraiment inclusive ?
- 13. Trégueux, France- Elle prône une totale inclusion des malvoyants
1.RAPPEL-RAAMM- Appel à participer au nouveau «Comité élections municipales 2021»
Dans le cadre de son plan d’action 2020-2021, le RAAMM ,ayant comme mission d’assurer la défense et la promotion des droits des personnes handicapées visuelles, désire monter une campagne de sensibilisation destinée aux candidates et candidats, en vue des élections municipales 2021.
Nous sollicitons donc la participation de nos membres pour œuvrer au sein du nouveau « Comité élections municipales».
Lors de la première rencontre virtuelle , via la plateforme de visioconférence Zoom, nous réviserons ensemble quelles sont les principales structures et responsabilités d’une municipalité ensuite nous ferons un exercice de remue-méninges pour exprimer et mettre en évidence tous les obstacles et tous les irritants et même les bonnes pratiques dont le champ d’intervention est d’ordre municipal.
En tant que citoyen à quoi s’ attend-on de nos élus municipaux?
Le premier confinement dû à la pandémie du COVID-19 a incité une prise de conscience des restrictions de déplacements, d’accès aux établissements et aux commerces , d’offre d’information, auxquelles nous devons faire face quotidiennement et ça continue.
Est-ce que la réactivité des villes à répondre à nos attentes et nos demandes a été ou est adéquate? Nous démontrons des capacités d’adaptation mais est-ce que nos élus nous entendent et mènent des actions rapides pour résoudre les problèmes et assurer l’accès et l’utilisation des services à caractère municipal.
Lors des rencontres du nouveau comité, nous déterminerons ensemble 2 ou 3 principaux enjeux de revendication qui serviront à sensibiliser les candidats aux élections municipales 2021.
Si vous êtes intéressés à vous joindre à ce nouveau «Comité élections municipales» , veuillez communiquer avec Lyne Simard, agente de développement et de communication au 514-277-4401 poste 105 ou [email protected] d’ici la fin du mois de janvier .
Une première rencontre aura lieu au début février.
L’équipe du RAAMM pour bâtir ensemble des villes accessibles!
Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) prépare une vidéo visant à sensibiliser le grand public, les municipalités et les enseignants en conception web sur l’importance de l’accessibilité du web. Nous souhaitons connaître le plus grand irritant auquel vous faites face lorsque vous utilisez Internet. Les exemples que nous recueillerons nous seront des plus utiles afin d’illustrer les obstacles qui nuisent ou empêchent les personnes aveugles et malvoyantes d’utiliser pleinement le web.
Nous vous invitons à nous faire part de vos expériences d’ici le 29 janvier 2021. Pour ce faire, vous pouvez nous joindre par courriel [email protected] ou laissez votre message au 514-277-4401 boîte vocale 118.
Si vous avez besoin de renseignements supplémentaires, vous pouvez communiquer avec Yvon Provencher au 514 277-4401, poste 113, ou par courriel à l’adresse [email protected].
Merci pour votre collaboration!
L’équipe du RAAMM
3. Nouveau confinement : le RTL sera au rendez-vous pour les déplacements essentiels
Longueuil, le 7 janvier 2021 – En lien avec les dernières annonces gouvernementales sur la gestion de la pandémie de la COVID-19, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) veut rassurer sa clientèle et ses partenaires en leur confirmant le maintien du service actuel par autobus, taxi collectif et avec le service RTL à la demande.
Comme lors du confinement du printemps dernier, le RTL maintient son offre de service autant en journée qu’en soirée, malgré le couvre-feu imposé par le gouvernement. Nous nous assurerons de desservir les principaux secteurs de l’agglomération, prioritairement ceux centraux, afin de déplacer les travailleurs essentiels et de répondre aux besoins essentiels de la population.
Nous poursuivrons également notre surveillance du réseau et ajusterons le service, dans la mesure du possible, selon l’évolution de la situation et les ressources disponibles.
Finalement, nous invitons nos clients à respecter les mesures sanitaires, dont le port du masque, la non-fréquentation des transports collectifs en cas de symptômes de la COVID-19, et à limiter leurs déplacements à ceux considérés comme essentiels.
Pour la clientèle du transport adapté, seuls les déplacements pour le travail et des raisons médicales seront maintenus entre 20h et 5h à compter du samedi 9 janvier 2021 et jusqu’au lundi 8 février inclusivement.
À propos du RTL
Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) est le principal acteur de la mobilité des personnes sur le territoire des cinq villes de l’agglomération de Longueuil. Troisième société de transport en importance au Québec, le RTL comprend un réseau de 793 kilomètres. Avec près de 1200 employés, le RTL est un employeur important et participe ainsi à la vitalité économique de la région. Le RTL apparaît pour une deuxième année consécutive en 2020 au palmarès des meilleurs employeurs du magazine Forbes.
Ouvert sur son milieu, il fait partie intégrante de la vie des personnes et de la communauté en apportant des solutions efficaces, novatrices et adaptées aux besoins évolutifs de la clientèle. Le RTL place ainsi l’amélioration de la qualité de vie des citoyens au coeur de son engagement.
Source : Réseau de transport de Longueuil
Renseignements : Alicia Lymburner
Réseau de transport de Longueuil
450 442-8600, poste 8145
514 242-6868 [email protected]
4. Transport collectif sur la Rive-Sud: des craintes pour l’accessibilité universelle
Article de François Laramée publié le 28 décembre 2020 sur lareleve.ca
Le 27 octobre dernier, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a déposé son projet de plan stratégique de développement du transport collectif de la région métropolitaine de Montréal. Ce plan vise à améliorer la qualité de vie des citoyens en augmentant l’offre de service du transport collectif, à lutter contre les changements
climatiques résultant de l’émission des gaz à effet de serre, à diminuer la congestion routière et à augmenter la vitalité de la région.
Le but de ce plan, sur un horizon de dix ans, soit pour l’année 2031, est d’augmenter les déplacements en transport collectif de 10 %. Évidemment, l’ARTM souhaite que la majorité des déplacements des gens s’effectuent, dans le futur, en transport collectif.
Dans un mémoire récemment déposé à l’ARTM, l’Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL) déplore que la place accordée aux besoins et aux intérêts spécifiques des personnes ayant des limitations fonctionnelles ne soit pas plus représentative dans ce plan.
Ce mémoire s’articule autour de quatre sujets très importants soit : l’accessibilité universelle, le transport adapté, la tarification ainsi que l’accessibilité des nouvelles technologies.
L’accessibilité universelle
Selon l’AUTAL, l’accessibilité universelle se définit par : offrir un milieu de vie où chacun peut bénéficier des mêmes services de façon autonome, peu importe ses limitations. C’est donc éliminer les barrières physiques, sociales et de communication qui font obstacle à la participation active et à l’intégration des personnes handicapées.
Nous considérons que pour éliminer les barrières à la mobilité lors d’un déplacement, l’ARTM devrait consulter en premier temps, les organismes communautaires œuvrant auprès des personnes handicapées afin d’identifier leurs besoins. Pour réduire les barrières, la chaîne de déplacement doit aussi être accessible et sécuritaire.
L’électrification des transports est une bonne nouvelle. Celle-ci permet de réduire l’empreinte laissée sur l’environnement et de favoriser l’économie québécoise avec l’utilisation augmentée de l’électricité. Cependant, il ne faut pas que l’électrification des transports s’effectue au détriment de l’accessibilité universelle. Une des conséquences
de l’électrification est la réduction du bruit des opérations, ce qui entraînera une problématique pour les personnes ayant un handicap visuel.
L’AUTAL s’inquiète au sujet de l’importance qu’accordera l’ARTM à l’accessibilité universelle. Nous ne désirons pas que, par manque d’argent, l’Autorité néglige l’importance de celle-ci.
Transport adapté
En matière d’amélioration du service, nous sommes d’avis que les normes existantes pourraient être bonifiées et adaptées aux besoins des personnes handicapées qui utilisent le service de transport adapté.
L’ARTM prévoit favoriser une utilisation combinée des services de transport régulier.
Tarification
Pour simplifier la structure tarifaire, l’ARTM a proposé, dans son projet de refonte tarifaire du mois de septembre 2020, de réduire le nombre de grilles tarifaires ainsi que le nombre de zones. Cette proposition engendrera des gagnants et des perdants en matière de tarification. En effet, pour les mêmes services, les utilisateurs de l’agglomération de Longueuil devront débourser plus que ceux de l’agglomération de
Montréal. Selon nous, cette inégalité devrait être corrigée. De plus, nous considérons que la tarification sociale devrait s’appliquer aux personnes à faible revenu et aux personnes handicapées au même titre que pour les jeunes, les étudiants et les aînés.
Accessibilité des nouvelles technologies
Tout d’abord, nous sommes surpris de constater qu’une fois de plus, les documents soumis à la consultation publique ainsi que le formulaire d’inscription pour soumettre un mémoire ne respectent pas tous les critères d’accessibilité. Il est donc primordial que
l’ARTM prenne conscience qu’elle peut empêcher certains citoyens de se prononcer sur la consultation publique par le biais de la plateforme « Repensons la mobilité ».
L’AUTAL a des préoccupations par rapport à l’accessibilité des nouvelles fonctionnalités technologiques que l’ARTM désire implanter. Il s’agit, entre autres, de la mise en place de nouveaux modes de paiement ainsi qu’une centrale de mobilité. Les nouvelles fonctionnalités technologiques doivent être implantées de façon à ce que toute la population incluant les personnes vivant avec des limitations fonctionnelles puisse l’utiliser en tout temps.
Activité en ligne sur la plateforme Zoom, le 27 janvier 2021, 10h à 12h
Bien que le droit au logement soit reconnu par le Canada à titre de droit de la personne, les personnes en situation de handicap rencontrent encore de nombreux obstacles pour se loger convenablement. La création de logements abordables et accessibles pose alors plusieurs défis.
Lors de cet atelier, des intervenants provenant de différents milieux (organisme national, recherche, organisme de défense des droits des personnes en situation de handicap et promoteurs immobiliers) exposeront les défis rencontrés pour la création de logements inclusifs ainsi que les solutions pouvant être mises en place.
Cet atelier se voudra également un lieu d’échange entre les participants et les intervenants.
Avec :
• Étienne Pinel, Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)
• Ernesto Morales, Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), Université Laval
• Olivier Dupuis, Ex aequo
• Mathieu Lamarche, Groupe GDI
• Benoit Labbé, Groupe O’Drey
L’activité aura lieu sur Zoom. Pour participer, il suffit de s’inscrire avant le 26 janvier 2021 à 16h, et ce, en remplissant le formulaire en ligne:
Inscription gratuite obligatoire
Vous pouvez également remplir le formulaire d’inscription en format Word et le transmettre par courriel à [email protected].
La veille de l’activité, vous recevrez par courriel la programmation complète avec le lien de connexion Zoom.
Cette activité est organisée par : Participation sociale et villes inclusives (PSVI) et Société inclusive
Pour toute question, n’hésitez pas à communiquer avec un membre de l’équipe de Société inclusive par courriel : [email protected].
6. Louis Bessette, l’aveugle aux mille talents
Article de Billie-Anne Leduc publié le 6 décembre dans La voix de l’Est
Il scie, sable, défait des moteurs, les remonte, dévale la côte sur son monocycle. Rien n’arrête l’homme non-voyant. La Voix de l’Est a rencontré Louis Bessette à Glen Sutton, dans la maison qu’il a construite de ses mains, en 1994.
À l’occasion de notre visite, pigmentée de désinfectant et de masques, Louis s’était levé à 3 h du matin pour déneiger la cour.
« Chaque fois que je repars d’ici, je suis boosté de positivisme, lance d’entrée de jeu Patric Beauregard, ami de Louis depuis trente ans. Les gens qui disent “je suis pas capable”, ils n’ont qu’à voir Louis aller pour se rendre compte que quand on veut, on peut. »
L’art du monocycle par téléphone
Quand Louis se lance dans un défi, rien ne l’arrête. Présentement, il en est à la construction d’un banc d’entrée pour sa belle-fille. Aussi, la nuit, son cerveau est occupé à penser à la confection d’une boule résistante à l’embout de la canne blanche de son frère habitant à Halifax, atteint comme lui de la rétinite pigmentaire.
« Il marche beaucoup, il use le “marshmallow” de sa canne en un mois. Je lui ai envoyé deux prototypes, et je crois que là je ferai une boule en titanium. »
Son frère, tout aussi bricoleur que lui, a appris à Louis comment faire du monocycle au téléphone, il y a trente-cinq ans. « Il était capable de ramasser quelque chose par terre en restant dessus. Je lui ai dit, tu es non-voyant, et tu es capable, alors moi aussi. »
Œil trompeur
Les constructions et les inventions gardent la tête de Louis bien remplie. « Le plus grand avantage d’être aveugle, c’est de pouvoir imaginer. Tout le monde est beau pour moi. L’œil amène tellement de jugement. Moi je ne les ai plus, mes yeux. C’est mon cerveau qui marche au boutte. J’aime ça, même si je dors pas ! » Des émissions comme La Voix, dit-il, sont « fabuleuses », puisque l’œil est trompeur.
« Chaque fois que je repars d’ici, je suis boosté de positivisme. Les gens qui disent “je suis pas capable”, ils n’ont qu’à voir Louis aller pour se rendre compte que quand on veut, on peut. » — Patric Beauregard, ami de Louis depuis trente ans
Louis a un penchant pour la création depuis qu’il est enfant. « J’ai toujours aimé créer. Quand j’étais petit, j’avais pris la planche à repasser de ma mère pour fabriquer une boîte à savon. C’est moi qui avais la plus belle ! » Blagueur, il ajoute : « Elle venait juste de l’acheter… »
Sans que le Glen Suttonais les appelle, les projets viennent à lui. Une fois, c’est le moteur défectueux du voisin, l’autre fois, c’est la confection de casse-têtes chinois et d’urnes funéraires.
« Quand quelque chose ne fonctionne pas, j’embarque ! Je veux savoir comment ça marche. »
Patric l’affirme haut et fort : Louis est un modèle pour lui. « Aucun défi ne lui résiste. » À l’occasion du 65e anniversaire de Louis, le 24 novembre, Patric lui a rendu hommage sur les réseaux sociaux. Louis a reçu plus de 100 témoignages et de souhaits d’anniversaire.
Je suis qui je suis du fait que je suis bien entouré. Et je suis bien entouré à cause de qui je suis », philosophe le principal intéressé.
« Tout le monde voudrait avoir son aveugle »
Juché tel un roi sur le terrain de Louis Bessette et de sa conjointe Magella Côté se trouve le gazebo construit de A à Z des mains de Louis. Avant d’y poser les premières planches, Louis s’était attaqué à un prototype miniature. Puis, un beau jour, il s’est lassé, a laissé en plan la maquette, et a débuté le vrai, le gros.
« Quand c’est minutieux, c’est plus difficile pour moi. Faire un château en cure-dents, oublie ça ! »
L’été, ou dès qu’il fait en haut de 10 degrés, le gazebo sert de chambre à coucher à Louis et Magella, qui se sont rencontrés en 1998, alors que Louis faisait du pouce pour se rendre à Saint-Jérôme. Suite à sa demande d’aide à domicile, le hasard de la vie a fait en sorte qu’il tombe sur l’aide de Magella. « Tout le monde voudrait avoir son aveugle », dit Magella, originaire de la vallée de la Matapédia, qui est tombée en amour non seulement avec Louis, mais avec la région de Sutton.
Gratitude
Aujourd’hui, la technologie améliore grandement la qualité de vie de Louis. Dans la maison, on retrouve plusieurs objets électroniques l’informant de l’heure qu’il est, de la température qu’il fait, etc. Aussi, une puce indique « sauce tomate », ou « canne de bines », lorsqu’on approche un gadget qui l’aide à s’y retrouver dans son garde-manger.
Un jour, le téléphone lui a sauvé la vie. Louis était au volant de son tracteur à neige lorsqu’il a entendu la sonnerie extérieure lui indiquant un appel. « Il avait beaucoup neigé. Après avoir répondu au téléphone, j’ai entendu un gros bruit. Si j’étais resté là, je serais mort. La neige était tombée du toit. » Au téléphone, la personne lui annonçait qu’il avait remporté une nuitée au Manoir Richelieu.
Louis est chanceux. En plus d’avoir évité le pire, il a remporté plusieurs concours. « Je ne connais pas la recette. Il existe des millions de sortes de gâteaux, et on n’a pas tous la même recette. La bonne, je ne la connais pas. »
Louis n’a pas de rêves, que des « projets réalisables ». Il ne voit pas loin dans l’avenir, comme il dit. « Demain, c’est une autre histoire. C’est pas rose, dernièrement, avec tout ce qui se passe. On ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Moi, je ne la vois pas depuis longtemps, de toute façon. Mais, il faut vivre au présent, en profiter. On est vivant. Il faut prendre un jour à la fois. Si on prend des trop grosses bouchées, on s’étouffe. »
Perte de la vision : «Je me suis habitué»
Louis Bessette n’a pas toujours été aveugle. Il est atteint de la rétinite pigmentaire à la naissance, une maladie dégénérative de l’œil qui se caractérise par une perte progressive de la vision. Dans la famille Bessette, son frère, sa sœur et lui en sont atteints. Sa sœur non-voyante fait d’ailleurs de la couture et du sucre à la crème. « Il est trop bon, je ne vais plus la voir à cause de ça ! »
Louis ne voit plus désormais que les lumières et les ombres. C’est pourquoi il lui est plus facile de déneiger la cour la nuit.
« Quand j’étais petit, j’étais grand, raconte-t-il. En première année, j’étais assis en arrière et je voyais au tableau. En 4e année, j’étais assis à côté du prof, je ne voyais plus le tableau. On m’a envoyé à l’Institut Louis-Braille [pour aveugles]. »
La maladie s’est par la suite accentuée. « Ça a été par plateau. Les émotions, les épreuves de la vie, ça affectait ma vision. C’est pas scientifique, mais c’est comme ça que je l’ai vécu. »
La diminution graduelle de sa vision a été plus facile à accepter que s’il avait perdu la vue de façon drastique, avoue-t-il. « C’est drôle à dire, mais ça a été tellement graduel que je me suis habitué. Je me suis dit : “Ah, je ne suis plus capable de faire ça? Bon.” Et je passais à autre chose. »
Il a dû dire adieu à la planche à la voile, au ski alpin et au ski doo, après qu’il ait foncé dans un arbre. Mais Louis ne s’apitoie nullement sur son sort. « On est né pour ce qu’on est. La première base, c’est l’accepter. La deuxième, c’est d’apprendre à vivre avec. »
7. Résilience et détermination pour Anne-Marie Beaulieu
Un article de Bernard Lepage publié le 6 janvier 2021 par l’Hebdo du St-Maurice
«Si j’étais née il y a cinquante ans, je ne serais probablement jamais devenue pharmacienne», lance-t-elle au bout du fil dans son laboratoire au CHSLD Laflèche.
Pour des enfants aux prises avec des limitations, Anne-Marie Beaulieu peut représenter un exemple de résilience et de détermination. Née avec une maladie génétique rare qui l’a laissée avec une importante déficience auditive et visuelle, la Shawiniganaise n’a jamais baissé les bras afin d’aller au bout de ses aspirations.
Jeune, elle se rappelle des professeurs qui lui imprimaient ses notes en gros caractères. De son pupitre placé sur la première rangée, éclairé par une lampe et inclinée comme une table à dessin afin de lui permettre de lire de plus près. «Le plus difficile, c’était la vue, car pour la surdité, les appareils auditifs réussissaient à compenser tant qu’il n’y avait pas trop de sons ambiants», se souvient-elle.
Le diagnostic tombe à 3 ans alors que ses parents remarquent qu’elle ne réagit pas toujours au son de son nom. Après plusieurs examens, les spécialistes découvrent que la jeune enfant souffre d’un trouble de la fonction peroxysomale, une maladie génétique rare qui la laisse avec une surdité qualifiée de modérée à sévère et une vision de 20 sur 200, c’est-à-dire qu’elle reconnait à 20 pieds un objet qu’une personne dotée d’une vision normale verra à 200 pieds.
«J’ai eu la chance d’avoir deux parents qui sont médecins et qui n’ont jamais cessé de me stimuler et encourager. Ils ont toujours vu à me procurer les équipements les plus à jour pour m’aider dans mon cheminement», reconnait-elle.
Anne-Marie, la pionnière
Ayant grandi dans cet univers médical, autant à cause du travail de ses parents qu’à force de côtoyer les spécialistes comme patiente, Anne-Marie Beaulieu décide au début des années 2000 de se diriger vers la Faculté de pharmacie de l’Université Laval. C’est la première fois alors qu’une étudiante avec une telle déficience visuelle tente de devenir pharmacienne.
«Je ne prenais pas de travail en dehors des études pour pouvoir me concentrer sur ma formation. Je lisais mes notes avant et après chaque cours. Je me faisais des résumés. J’ai une bonne mémoire qui compense pour mes faiblesses», souligne-t-elle.
Anne-Marie Beaulieu terminera finalement sa formation en même temps que sa cohorte de départ. En cours de route, elle rencontrera plusieurs obstacles, notamment la réalisation de quatre stages de quatre semaines. «Ce n’est pas avantageux pour quelqu’un comme moi qui a un temps d’adaptation un peu plus long pour se familiariser avec son environnement. Quand tu viens à reconnaître l’écriture du médecin sur une prescription, ton stage se termine», sourit-elle.
Même que lors de l’évaluation de ses stages, ses moniteurs semblent entretenir un doute sur la capacité de la future diplômée à exercer sa profession même si sa maîtrise du contenu ne fait pas de doute. Une attitude qui ne fait que décupler la détermination d’Anne-Marie Beaulieu. «Oui je serai capable, mais dans un environnement stable», leur répond-elle.
Ce milieu de travail, elle le trouvera en 2006 au CHSLD Laflèche, dans le secteur Grand-Mère. «Travailler dans un établissement de santé, c’est idéal pour moi. Il y a de plus en plus d’opérations qui sont automatisées comme la préparation de médicaments. Il y a des actions qui sont déléguées aux assistants. Le pharmacien est surtout là pour réviser les dossiers, analyser les nouvelles ordonnances. Des tâches où mes handicaps ne représentent pas une limitation. La seule différence avec les autres pharmaciens, c’est que mon ordinateur est plus gros et que je me colle le nez dessus pour y lire. »
Anne-Marie, l’inspiration
Il y a un an environ, Anne-Marie Beaulieu a reçu un appel d’une étudiante de la Faculté de pharmacie de l’Université Laval qui avait eu connaissance de son parcours et qui devait composer elle-même avec des limitations. La pharmacienne était bien heureuse de voir qu’elle pouvait servir d’inspiration pour les plus jeunes.
«Ce n’est pas toujours facile, mais il y a moyen de faire quelque chose. Ça dépend de ton handicap, de ton tempérament et du contexte. Il ne faut surtout pas se décourager. Comme ma mère me disait souvent: Il y a des choses que tu ne feras pas comme les autres. L’important, c’est de trouver ta façon de le faire et que ça convienne à toi», termine-t-elle.
Source : https://www.lhebdodustmaurice.com/resilience-et-determination-pour-anne-marie-beaulieu/
8. Non-voyante, elle s’accroche à l’ espoir d’un emploi manuel
Article de Véronique Lauzon publié dans La Presse le 3 janvier 2021
Malgré son handicap visuel, Corinne Lepage rêve de décrocher un emploi manuel, mais elle a l’amère impression que la simple vue de « sa canne blanche » incite les employeurs potentiels à « la virer de bord ». Lueur d’espoir : elle a entendu dire que les « massothérapeutes non voyantes étaient les meilleures ».
Depuis quelque temps, Corinne Lepage, qui a une vision bien faible, a senti que sa santé mentale se détériorait. « Pour la première fois, j’ai commencé à voir un psychologue. Parce que ces temps-ci, j’ai moins d’entrain, j’ai moins le cœur à faire du ménage chez moi. Il y a quelque chose qui cloche. »
Parmi les raisons évoquées, il y a celle de ne pas sentir qu’elle contribue à la société, qu’elle en fait partie. Travailler. Elle veut travailler, dit-elle simplement. Elle est la première à reconnaître que ce serait plus simple de trouver un emploi de bureau, mais son « rêve » est de faire un métier manuel. « Je ne suis pas une fille de bureau, vraiment pas. Depuis que je suis handicapée, c’est ça que tout le monde me dit que je devrais faire. Mais ça ne me rentre pas dans la tête. »
Cette femme de 29 ans, résidante de Deux-Montagnes, n’a pas toujours été non voyante. Corinne Lepage est née avec une myopie importante. À 14 mois, elle était « la mascotte chez Newlook » et portait déjà des lunettes. À 5 ans, elle savait comment mettre ses verres de contact. Et en 2002, après avoir reçu un ballon dans le visage, la rétine d’un œil a commencé à se décoller. Malgré des interventions chirurgicales, elle l’a finalement perdu… remplacé aujourd’hui par une prothèse oculaire.
Grâce à son autre œil, elle avait une vie quasi normale, où elle pouvait conduire sa « voiture flambant neuve de l’année » et son « VTT », tout en étant apprentie opératrice « dans une shop de bois ». Elle rêvait de devenir tatoueuse ou technicienne en esthétique automobile.
« En 2012, la rétine de mon autre œil a décidé qu’elle décollait. Ça m’a pris 24 heures et je ne voyais plus », raconte-t-elle avec émotion.
Cette Corinne, c’était la « Corinne qui voyait », celle qu’elle considère comme de son « ancienne vie ». Aujourd’hui, elle doit accepter d’être la « Corinne aveugle », même si ce n’est pas facile. « J’ai une frustration intérieure, ça m’enrage de ne pas pouvoir faire ce que je faisais avant. »
Toujours de l’espoir
Le Dr Mathieu Caissie, ophtalmologiste spécialisé dans la chirurgie de la rétine, explique que sa patiente « n’a pas une maladie catégorisée pour causer son décollement de la rétine ». Il tente de garder son œil gauche « stable », c’est-à-dire à environ 20 % de sa capacité normale. « Pour la rétine, compte tenu de tout ce qu’elle a eu, je suis content du résultat. La rétine demeure toujours saine. »
« C’est comme si je regardais dans une petite paille », explique Corinne Lepage pour mettre en image sa vision.
« Je ne sais pas comment dire comment je me sens… Le motton est difficile à digérer. Accepter ça, ce n’est pas possible. Je n’y arrive pas. »
Son plus grand cauchemar serait de perdre son deuxième œil, le gauche. En souhaitant qu’une technologie miracle lui permette de voir mieux de cet œil, elle s’agrippe à ses rêves, dont celui de décrocher un emploi. Aussi, « avoir ma maison, un petit lopin de terre et un jardin ».
« J’ai envoyé des centaines de curriculum vitæ, j’ai passé mille et une entrevues. Mais la plupart du temps, les gens voulaient juste me rencontrer. Quand ils me voient arriver avec ma canne blanche, ils me virent de bord .» –Corinne Lepage
Il y a quand même eu ce restaurant, en 2019, qui l’a engagée comme préposée aux couteaux. « Je coupais des légumes à la journée longue. J’ai adoré ça, confie-t-elle avec fierté. Ils m’avaient engagé un peu par pitié. Ils m’ont donné une chance. » Sauf que finalement, le restaurant a dû réduire le nombre de ses employés, dont elle.
Dernièrement, elle a eu cette idée : étudier pour devenir massothérapeute. « J’en connais des massothérapeutes non voyantes. Il paraît que ce sont les meilleures ! », lâche-t-elle en riant. Ça, ça l’intéresse ! Un emploi où elle se servira de ses mains, comme elle en rêve.
Son amie Miryam Pinsonneault a pris des airs de mère Noël ces jours-ci. Elle a lancé une campagne de financement dans le but d’amasser les fonds pour que Corinne Lepage puisse notamment étudier en massothérapie. « Ça fait des années qu’elle reste chez elle, qu’elle n’a pas vraiment de vie sociale, confie Mme Pinsonneault. Je me dis qu’avec un effort collectif, on peut peut-être l’aider. »
9. La COVID-19, un obstacle supplémentaire pour les aveugles
Article de Sébastien Pierroz publié le 15 décembre 2020 sur onfr.tfo.org
Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, Maryse Glaude-Beaulieu n’aime plus se déplacer. Pour cette Franco-Ontarienne aveugle et employée à l’Université d’Ottawa, le moindre transport est devenu un casse-tête.
« Les déplacements peuvent être un stress, surtout au niveau de la distanciation sociale que l’on doit respecter, même si j’utilise ParaTranspo, le service de transports pour les gens en situation de handicap. On ne sait pas qui prend ces transports, si ce n’est qu’une population vulnérable voyage. »
Joël Marier, lui, n’a pas ce souci. L’entrepreneur a la possibilité de travailler de son domicile. Une aubaine, même si certains clients favorisent les rencontres en personne. « Je faisais l’effort, partant du principe que les clients décident. »
Reste qu’en temps de pandémie, le moindre déplacement hors de la maison peut devenir un stress.
« Il est très difficile pour moi d’éviter les surfaces. Mes mains sont aussi importantes que mes yeux, et je dois toucher des choses. Quand je sors, ma conjointe me dit de ne pas toucher les cadres de porte. Toutes les surfaces me stressaient particulièrement au début. Je ne peux pas savoir si la personne avait un masque ou non. Ça m’agace que les personnes pensent que les masques ne sont pas si importants. C’est égoïste ! »
Autant d’exemples qui se matérialisent dans une enquête concernant l’impact de la COVID-19 sur les adultes ayant une déficience visuelle au Canada 2020, et menée par l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA).
Les inquiétudes sont diverses : la plupart ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils empruntent les transports en commun (79 %), un chiffre qui avoisine les 90 % pour les personnes ayant totalement perdu la vision. À cela s’ajoute l’incapacité à se rendre au centre de test de dépistage de la COVID-19 (61 %), ou encore l’inconfort ressenti en utilisant les services de covoiturages (59 %).
Pandémie ou pas, se déplacer reste un parcours du combattant, insiste Jacob Way-White, de Kirkland Lake. À tel point que ce Franco-Ontarien non-voyant a convaincu la municipalité d’installer quatre lumières faisant du bruit.
« L’année prochaine, on va installer les lumières sur de nouvelles rues qui ne sont pas adaptées pour les aveugles. Mais avec la COVID-19, certaines personnes acceptent de me guider, d’autres non. »
Demander son chemin, être guidé pour traverser la rue, tel est le quotidien quand on est plongé dans le noir.
Un isolement plus prononcé
Reste que la pandémie provoque davantage l’isolement des personnes aveugles et mal-voyantes, estime le directeur général de la Fondation INCA-Québec, David Demers.
« Parmi les personnes aveugles, plus de la moitié ont de la difficulté avec la distanciation physique, même avec une canne et un chien. Beaucoup de personnes ont de l’anxiété à demander de l’aide à quelqu’un, par exemple pour ouvrir une porte ou traverser la route. Comme vous pouvez l’imaginer, on était déjà une communauté isolée, et beaucoup ne sortaient pas de la maison. Mais pendant la pandémie, cet isolement s’est multiplié de beaucoup. Il n’y a plus personne pour venir les aider à porter leurs courses ou les aider pour un rendez-vous médical. »
À cette angoisse peut s’ajouter une autre. Près de la moitié des personnes aveugles ont un problème de santé sous-jacent les rendant très vulnérables. Selon le sondage de l’INCA, les affections les plus courantes sont le diabète (32 % des cas), suivi de la malentendance (27 %), les maladies cardiaques (18 %) et une importante déficience physique ou de mobilité (18 %).
Dans le contexte pandémique, la dimension de l’employabilité est aussi importante. D’autant que seulement 38 % des adultes aveugles ou malvoyants occupent un emploi à temps plein, selon l’INCA.
« C’est déjà moins que la moyenne, mais on réalise que les employeurs vont être tentés d’être plus flexibles peut-être. »
Des personnes auraient déjà perdu leur emploi avec la pandémie.
L’enjeu de la technologie
Jacob Way-White ne « travaille pas » en raison de la pandémie. Musicien, il ronge son frein en attendant des jours meilleurs et le retour des spectacles. « Je ne peux rien faire, mais c’est ma carrière ».
Maryse Glaude-Beaulieu, dont l’emploi consiste à accommoder les personnes handicapées à l’Université d’Ottawa, mesure sa chance, même si elle redoute les réunions par vidéo.
« Ce n’est pas évident. Il y a des rencontres obligatoires où la vidéo est vivement suggérée. Je ne sais jamais si ma caméra est bien placée ou non. »
Joël Marier, en revanche, apprécie cette aide procurée par le télétravail. « On perd le côté humain, les discussions informelles, mais il y a un gain au niveau de l’efficacité, si les contacts et les réunions, ainsi que les processus, sont bien planifiés. Et moi personnellement, cela facilite mon travail, car les déplacements sont toujours un petit défi. »
Les adaptations technologiques sont-elles suffisantes ? « Ça dépend », estime M. Demers.
« Pour beaucoup, l’obstacle du transport est éliminé, et on peut même dire que la pandémie est un mal pour un bien, mais il reste que toutes les personnes ne sont pas à l’aise avec la technologie. Un peu moins de la moitié évoque des difficultés pendant la pandémie avec la technologie actuelle, et la moitié dit ne pas avoir reçu de formations adéquates dans ce sens. »
QUELQUES CHIFFRES :
Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2012, 3 775 900 (13,7 %) de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré un des types d’incapacité, et 756 300 (2,8 % des adultes canadiens) ont été identifiés comme ayant une incapacité visuelle qui les limitait dans leurs activités quotidiennes.
Le taux d’emploi des Canadiens vivant avec une perte de vision est de 38 %, contre 73 % dans le cas des personnes non handicapées, selon les chiffres de l’INCA.
En 2016, une étude Ipsos révélait qu’à compétences égales, 70 % des Canadiens embaucheraient un candidat voyant plutôt qu’un candidat aveugle.
Source :https://onfr.tfo.org/la-covid-19-un-obstacle-supplementaire-pour-les-aveugles/
10. À l’extérieur du Québec, des services restreints pour les aveugles francophones
Article de Sébastien Pierroz publié le 16 décembre 2020 par onfr.tfo.org
Être aveugle et francophone en Ontario équivaut à un double défi. Et contrairement à la croyance populaire du service demandé au bureau de Service Ontario, le manque de ressources en français se traduit de multiples façons.
Dans notre premier article diffusé hier, la Franco-Ontarienne Maryse Glaude-Beaulieu nous évoquait son quotidien bouleversé par la COVID-19 : la crainte des transports publics, l’exercice délicat de la distanciation sociale, mais aussi l’adaptation technologique au télétravail.
Son lieu de travail justement. L’Université d’Ottawa a beau être située à seulement quelques centaines de mètres du Québec, le français manque à sa vie quotidienne.
« Il n’y a pas beaucoup de livres en braille et de livres audio dans les bibliothèques de l’Ontario. J’aime pourtant beaucoup les lire ou les écouter. Je me tourne donc vers le Québec pour les emprunter, car le braille est assez coûteux. Il y a un service d’emprunt de livres en braille et audio pancanadien disponible en ligne, mais je ne suis pas certaine que toutes les personnes aveugles et malvoyantes le connaissent. »
Autre inconvénient observé dans la vie quotidienne : les ordinateurs ou les logiciels bien souvent configurés en anglais.
« Évidemment, il y a toujours la possibilité de les acheter en français, ou de les configurer en français, mais dans beaucoup de cas, ces ordinateurs en anglais peuvent venir directement de l’entreprise où l’on travaille. Aussi, certaines personnes ne sont pas à l’aise avec la technologie pour reconfigurer ces ordinateurs en français. »
Mais les obstacles aux francophones sont présents aussi au Québec. Dans la Belle Province, une montre parlante en français ne s’achète pas chez le bijoutier au coin de la rue.
« La triste réalité est que sur le marché, il y a peu de choses en français », affirme le directeur général de la Fondation INCA-Québec, David Demers. « Bien sûr qu’on peut faire des commandes de montres parlant en français, mais il faut une quantité minimale assez forte pour que la demande soit acceptée, cela veut dire, par exemple, 10 000 montres. Ça complique donc beaucoup les choses. »
Confrontées souvent à des problèmes de santé sous-jacents, les personnes aveugles et malvoyantes ont besoin d’un matériel de santé adéquat. Le hic, c’est que le français y est souvent absent. Durant la pandémie, ce manque se transforme en sérieux inconvénient.
« La COVID-19 nous a fait réaliser les besoins qui augmentent », explique M. Demers. « Il y a un besoin pour un thermomètre qui parle, car on sait que prendre la température corporelle est important durant la COVID-19. Actuellement, aucun thermomètre ou appareil pour mesurer le diabète n’est accessible que ce soit avec une synthèse vocale ou autre adaptation en anglais ou en français. En ce qui concerne le diabète, c’est un enjeu majeur, car la rétinopathie diabétique est l’une des quatre raisons qui causent principalement de la cécité même dans les pays développés. »
Beaucoup de services…mais en anglais
Les centres dédiés aux personnes aveugles et malvoyantes sont en grand nombre sur le territoire canadien.
Deux organismes se distinguent : INCA, tout d’abord, spécialisé davantage dans les « services communautaires », dixit M. Demers. Une cinquantaine de bureaux sur le territoire canadien aident les aveugles et malvoyants « à trouver des outils pour naviguer, pour leur dire par exemple comment se servir de Facebook, ou encore de LinkedIn ».
La deuxième grosse association, Réadaptation en déficience visuelle, se concentre plus directement sur les soins de santé destinés à l’adaptation. Marcher avec une canne, apprendre à lire le braille, développer son autonomie à la maison, ou ses capacités devant un poste de travail, autant de gestes indispensables dans une vie quotidienne.
Le bémol : les services en français fournis par les deux organismes en Ontario sont très insuffisants. « C’est certainement un point sur lequel on doit travailler », constate le directeur général de la Fondation INCA-Québec. « Nous devons trouver des employés bilingues, c’est la première solution ! »
Le Franco-Ontarien Jacob Way-White, intervenant dans notre article diffusé hier, a parfois collaboré avec l’un des bureaux d’INCA à Brantford. Confirmation : « Les personnes qui travaillent à l’intérieur sont anglophones. Moi, j’enseignais aux enfants c’est quoi être aveugle, mais je ne pouvais pas enseigner en français. »
La raison de ce manque de services en français est d’abord juridique. Situés en Ontario, ces deux organismes à but non lucratif répondent au financement du gouvernement provincial, mais ne sont pas assujettis à la Loi sur les services en français (LSF) de l’Ontario.
Un constat s’élargissant à toutes les personnes en situation de handicap
Ces manques de ressources pour les personnes atteintes de déficiences en contexte minoritaire, Anne Levesque les connaît très bien. L’avocate et professeure adjointe à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa s’est penchée à de nombreuses reprises sur cette question. Et ses conclusions englobent toutes les personnes en situation de handicap.
« C’est de l’intersectionnalité, car ils sont doublement victimes de discrimination, d’une part à cause du fait qu’ils sont en minorité linguistique, mais aussi, car il existe une barrière en raison de leur déficience. »
Et de poursuivre : « On ne doit pas juste penser aux droits linguistiques comme aux droits des fonctionnaires qui prennent l’avion et sont aisés, mais on doit penser aux francophones les plus vulnérables, quand on offre un service. Le système des cliniques en Ontario fait partie des meilleurs systèmes d’aide juridique au monde, mais il n’y a pas beaucoup de services en français pour les personnes ayant une déficience. »
David Demers d’INCA compte bien profiter de la pandémie en misant sur le virtuel pour capter plus de Franco-Ontariens.
« Pour briser l’isolement, on fait actuellement des cafés-rencontres, des vidéoconférences, des formations en technologie adaptée… Nous avons aussi des groupes d’entraide, mais nous pourrions élargir cette formule en dehors du Québec. La Fondation INCA a élargi son offre de programmes à distance pour les Canadiens touchés par la cécité. Nous sommes résolus à combattre les conséquences négatives que l’isolement peut causer aux citoyens vivant avec une perte de vision. »
Une bonne idée ? Maryse Glaude-Beaulieu, notre première intervenante, n’est pas contre.
« Les INCA en Ontario restent malheureusement très ancrées dans la culture anglophone. Les francophones en milieu minoritaire pourraient plus facilement bénéficier de formations les aidant avec la technologie sur un poste de travail ou dans leur vie quotidienne. »
Jacob Way-White est lui plus réservé. « Disons que je viens d’une famille francophone, mais on ne parle pas en français souvent dans la famille. »
Source : https://onfr.tfo.org/a-lexterieur-du-quebec-des-services-restreints-pour-les-aveugles-francophones/
11. Journée du braille : un système négligé mais nécessaire
Article de E. Dal’Secco publié le 4 janvier 2021 par Handicap.fr
4 janvier, c’est la journée mondiale du braille décrétée par l’Onu en 2018. En 2021, c’est aussi le 211ème anniversaire de la naissance de Louis Braille (1809-1852), qui a mis au point cette écriture en relief à six points dédiée aux personnes aveugles et fut honoré par la France puisqu’il repose au Panthéon. Elles sont près de 10 millions sur les cinq continents à accéder à la lecture et à l’écriture grâce à ce système universel qui s’adapte à tous les alphabets, même si les signes peuvent différer d’un pays à l’autre. Avant cette invention, « les personnes aveugles étaient réduites à l’indigence, à la mendicité », explique la Fédération des aveugles de France (FAF). Elles peuvent, depuis, accéder à la lecture et l’écriture ordinaire, mais aussi à l’approche des disciplines scientifiques les plus complexes ainsi qu’à la pratique musicale. Pourtant seulement 12 % l’utilisent aujourd’hui…
Des politiques pas à la hauteur
La FAF déplore malgré tout un « triste anniversaire » car, selon elle, «les politiques culturelles de nos pays ne soutiennent pas assez la production de livres adaptés », réitérant un appel déjà lancé les années précédentes (article en lien ci-dessous). « La France, pourtant patrie de Braille est loin d’être exemplaire en la matière ; en Europe, elle fait même partie des derniers de la classe », poursuit l’association. Seulement 7 % des livres publiés sont adaptés aux personnes aveugles et amblyopes, sans doute moins s’il s’agit de la seule écriture braille. Vincent Michel, président d’honneur de la FAF, juge cette situation « intolérable ». « Refuser une politique du livre adapté, c’est refuser aux personnes privées de vue un accès à la connaissance, à l’instruction de haut niveau, à un accès normal à l’Université», explique-t-il.
Alternative informatique
Des solutions existent pourtant, l’informatique étant un puissant allié à la production du braille. Malgré plusieurs relances, le ministère de la Culture continue de faire la sourde oreille selon la fédération alors qu’il suffirait de « 3 millions d’euros pour permettre aux personnes aveugles de lire, dans des délais raisonnables et au prix du marché ». A l’heure du « quoi qu’il en coûte », elle juge cette demande « raisonnable » et attend un coup de pouce pour ce « droit fondamental ». Pour Michel Vincent, « le braille reste le seul système permettant une approche autonome du texte écrit », recommandant qu’il soit « parfaitement enseigné aux enfants ». Des voix dissidentes se font pourtant entendre, à l’instar d’Éric Brun-Sanglard, designer et architecte non-voyant. Sur Europe 1, il a vanté les nouvelles technologies qui permettent désormais de s’en passer pour lire : synthèse vocale, plage tactile, reconnaissance de caractères, lecture de texte via une photo, livres audio… De son côté, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) dans un rapport rendu en décembre 2020, mentionne que les livres numériques en braille « conviennent seulement à une faible partie des non-voyants (15 %) », reconnaissant dans le même temps une « offre disponible de livres en format adapté (…) insuffisante ». La Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées (CPRD) cite néanmoins le braille comme moyen de communication et le considère comme « essentiel » dans les domaines de l’éducation, de la liberté d’expression et d’opinion, de l’accès à l’information et de l’inclusion sociale de ceux qui l’utilisent.
De belles initiatives
Quelques initiatives sont à signaler pour accéder au plaisir de lire… La « rentrée littéraire pour tous », lancée en 2013, est une opération initiée par le Syndicat national de l’édition (SNE) qui a pour objectif d’éditer les livres phare dans un format numérique adapté (article en lien ci-dessous). En 2020, 425 titres (contre 371 en 2018) sont ainsi disponibles en gros caractères, format audio ou braille numérique. Un record ! En parallèle, le SNE accompagne les éditeurs vers une production de livres numériques en format EPUB3 accessible, nouvelle version performante du format EPUB (« Electronic publication », soit « publication électronique ») pouvant convenir aux publics aveugles, malvoyants ou « dys ». Par ailleurs, la Librairie des grands caractères doit ouvrir ses portes à Paris le 20 janvier 2021. Située 6 rue de Laplace, dans le 5e arrondissement, à deux pas du Panthéon, elle proposera des ouvrages exclusivement adaptés aux amateurs de littérature avec une déficience visuelle, des troubles de l’apprentissage (dys) ou des difficultés cognitives.
12. Handicap : L’écriture inclusive est-elle vraiment inclusive ?
Article d’Aude Lorriaux publié le 16 décembre 2020 sur 20minutes.fr
Elle a fait couler beaucoup d’encre depuis trois ans, et ça ne s’arrête pas. Les opposantes et opposants à l’écriture inclusive sont bien décidés à stopper son usage à la Mairie de Paris, arguant du fait que « cette pratique est discriminante pour les personnes souffrant de handicap », particulièrement celles qui sont déficientes visuelles et ont besoin de logiciels pour la décrypter.
Le groupe Changer Paris s’apprête à déposer, ce mercredi, un vœu en Conseil de Paris. Objectif : que la Mairie « renonce totalement à l’usage de l’écriture inclusive, afin de respecter les principes fondamentaux d’accessibilité et d’égalité des droits. »
Dans leur argumentaire, les élus et élues Les Républicains et Indépendants mettent en avant le fait que l’Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP) a cet été interpellé l’Association des maires de France ainsi que la nouvelle Défenseure des droits. Ils rappellent aussi les propos de la secrétaire d’État au Handicap, Sophie Cluzel, qui a dénoncé une « régression pour l’accessibilité universelle contraire à tous les efforts en Falc [Facile à lire et à comprendre]. » Enfin, ils estiment que les personnes en situation de handicap s’opposent à l’écriture inclusive.
Des handiféministes dénoncent une « récupération du handicap »
La vérité est un peu plus complexe que cela. Il est vrai que certaines associations, comme la Fédération des aveugles de France, se sont élevées contre l’écriture inclusive. « Pour nous, personnes aveugles, cette soi-disant langue inclusive est proprement indéchiffrable par nos lecteurs d’écrans », énonçait un communiqué en 2017. Selon ce texte, avec l’écriture inclusive, le texte devient « illisible, incompréhensible, en particulier par ceux qui éprouvent quelques difficultés avec cette même langue, les dyslexiques par exemple. »
Cependant, ce communiqué est critiqué par des associations et collectifs de personnes en situation de handicap et féministes. Il « fait fi de toute une littérature scientifique sur la question », contre-attaque par exemple le réseau d’études handiféministes, un collectif de chercheurs et chercheuses à la pointe sur le sujet qui entend « dénoncer la récupération du handicap pour justifier des positions anti écriture inclusive » : « Il existe assurément des handi-e-x-s [voir notre encadré 20 secondes de contexte] qui défendent l’écriture inclusive. »
L’écriture inclusive ne se réduit pas au point médian
Pour le réseau d’études handiféministes, le problème n’est pas tant l’écriture inclusive que les logiciels de synthèse : « De fait, lire un point médian avec un lecteur d’écran est, à l’heure actuelle, quelque chose de désagréable, voire d’incompréhensible. Mais si les programmateurices (* voir encadré )travaillaient à modifier cela, il n’y aurait plus de problème », estime le collectif, qui préfère « condamner le sexisme qui préside à la programmation des logiciels, plutôt que l’antisexisme qui motive l’usage de l’écriture inclusive ». Autre argument : il est actuellement possible d’intervenir dans le terminal des logiciels « pour modifier la verbalisation du point médian », explique le collectif. Option alternative : utiliser des traits d’union, « parfaitement lisibles par des lecteurs d’écran ».
Par ailleurs, l’écriture inclusive ne se réduit pas au point médian, contrairement à ce que suggère le vœu du groupe LR. « Les quatre “piliers” du langage égalitaire sont vieux de plusieurs siècles et conformes au fonctionnement de la langue française : 1. Nommer les femmes au féminin ; 2. Nommer les femmes aussi quand on parle de populations mixtes ; 3. user des accords traditionnels en cas de pluralité de noms à accorder avec un adjectif ou un participe (accord de proximité, accord au choix) et non pas la règle qui veut que “le masculin l’emporte sur le féminin” ; 3. Bannir le mot homme de toutes les expressions où l’on veut désigner l’espèce humaine », témoigne Eliane Viennot, spécialiste d’écriture égalitaire et historienne des relations de pouvoir entre les sexes.
Contactée par 20 Minutes, Nelly Garnier, porte-parole du groupe Changer Paris, ne se dit pas opposée à doubler les mots, comme dans l’expression « Françaises, Français », mais seulement à une utilisation abondante du point médian, « type cher·e·s lecteur·rices·s », dit-elle. Sauf que cette utilisation n’est pas même recommandée par le Haut Conseil à l’Égalité femmes-hommes (HCE), qui inspire la communication de la Mairie de Paris. « On simplifie et on fait confiance à l’usage. Cela ne rend pas plus difficile l’usage de la langue et l’impact sur la visibilité des femmes est extraordinaire », confirme à 20 Minutes Brigitte Grésy, la présidente du HCE.
Défaut de normalisation des pratiques
Pour Benjamin Moron Puech, enseignant – chercheur en droit très actif sur ces questions, le problème ne vient pas tant de l’écriture égalitaire en elle-même, mais du fait qu’on ne se donne pas les moyens de la généraliser, alors que toutes les études prouvent qu’elle a un impact significatif sur les représentations sexistes. « Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive », avait recommandé le Premier ministre, en novembre 2017, contredisant les règles du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, pourtant placé sous son égide. « Le problème provient d’un défaut de normalisation des pratiques d’écriture d’inclusive, le gouvernement jouant la discorde entre d’un côté les normes du HCE, les normes de l’Académie française et ses propres normes issues de la circulaire de 2017. C’est cette contradiction des normes au niveau étatique, ainsi que le défaut d’enseignement qui est avant tout responsable des difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap », plaide-t-il.
Ces arguments ne convainquent pas Vincent Michel, président de la Fédération des aveugles et amblyopes de France : « Cette écriture avec “les étudiant” bidule “e” bidule “s” c’est pénible à lire et c’est pénible pour le rédiger. Et pourtant je suis un grand partisan de l’égalité des sexes et de l’égalité tout court. Quand je m’adresse à une assemblée je dis “madame, monsieur” et même je dis “mademoiselle” car je trouve ça tellement beau. »
Pas de quoi faire changer d’avis l’adjointe à la Maire de Paris en charge de l’Egalité femmes-hommes Hélène Bidard, qui va appeler à rejeter le vœu tel qu’il est écrit, avec son collègue Jacques Galvani, en charge du handicap : « Ce n’est pas le fait de visibiliser les femmes qui est compliqué, c’est le Français. Et ce n’est pas une langue morte. La langue évolue avec l’égalité qui progresse. »
*Encadré
Les terme handi-e-x-s est une forme inclusive incluant les personnes intersexes et non binaires. De la même manière, le terme programmateurices est, une forme inclusive signifiant « programmateurs et programmatrices ». Nous avons respecté cette forme dans la citation, puisque c’était celle choisie par le collectif cité.
13. Trégueux, France- Elle prône une totale inclusion des malvoyants
Article publié le 17 décembre 2020 dans sur ouest-France.fr
Déficiente visuelle depuis 12 ans, Fanny Raoult s’engage en faveur d’un regard différent sur ce handicap. C’est ainsi qu’elle agit via l’association qu’elle a créée à Trégueux: Faisons avec nos yeux.
Fanny Raoult, présidente de l’association Faisons avec nos yeux, à Trégueux (Côtes-d’Armor) alerte sur la situation des personnes non voyantes et malvoyantes. Devenue elle-même malvoyante après une opération de la cataracte, en 2008, elle connaît bien le quotidien des personnes vivant avec ce handicap.
« Hier, être malvoyant était considéré comme une tare, rappelle Fanny Raoult. On isolait les personnes présentant cette caractéristique, si bien que celles-ci se dévalorisaient et ne faisaient plus attention à leur image. »
« L’association a été créée pour changer notre regard vis-à-vis de cette pathologie et favoriser l’insertion de ces personnes dans la société. » Par ailleurs, en raison de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), il faut savoir qu’à l’avenir, une population de plus en plus importante sera concernée par des troubles de la vision. C’est avec ce constat bien présent à l’esprit que l’association œuvre.
« Des personnes à part entière »
Elle porte la sensibilisation du grand public, via des interventions dans les établissements scolaires, mais également en intégrant les commissions communales d’accessibilité, pour inciter et proposer aux collectivités une meilleure prise en compte des difficultés rencontrées par les non-voyants.
L’objectif est que l’entrée dans les commerces et autres transports soit plus aisée. À ce sujet, Fanny Raoult se réjouit de remarquer que « les centres Leclerc ont mis en place une politique d’accompagnement des personnes dans leurs magasins ».
Un autre axe d’action de l’association se trouve dans la communication auprès des malvoyants et non-voyants. « Il est important que ceux-ci se sentent intégrés et nous mettons à leur disposition des outils (ateliers culturels, cuisine et acquisition de compétences liées à l’utilisation des nouvelles technologies) pour faciliter la vie quotidienne et favoriser l’échange. »
Le dernier domaine où intervient Faisons avec nos yeux est celui de la pratique sportive, car « pratiquer un sport permet de se dépasser et de se considérer comme une personne à part entière ».
Dans ses combats, Fanny Raoult est accompagnée par Franck Courtel et Alexandra Abbe. Si elle vise une meilleure intégration des personnes qu’elle défend, elle estime que cela passe également par « une bienveillance particulière à l’égard d’elles ».