Écho du RAAMM du 11 octobre
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM du 11 octobre 2022.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle, l’accessibilité et le handicap, publiés dans les médias.
Sommaire
- 1. Ça bouge encore dans l’équipe du RAAMM.
- 2. [ACTIVITÉ] Atelier d’automassage : soulager les inflammations, tendinite, arthrite, épicondylite et l’arthrose.
- 3. [DRUMMONDVILLE] Une équipe de recherche souhaite améliorer et sécuriser l’environnement des piétons et les déplacements en fauteuil roulant.
- 4. [ÉLECTIONS] Faisons du Québec une société vraiment inclusive
- 5. Une campagne de sensibilisation émouvante sur l’égalité des droits par la Fédération des aveugles de France
- 6. Le parcours du combattant des travailleurs ayant un handicap
- 7. Reculs massifs pour les personnes en situation de handicap
1. Ça bouge encore dans l’équipe du RAAMM.
Il y a du changement dans l’équipe du RAAMM : nous accueillons une nouvelle conseillère en affaires publiques, Catherine Côté.
L’équipe du RAAMM est heureuse d’annoncer la nomination de Catherine Côté à titre de conseillère en affaires publiques. Son rôle consistera à développer des dossiers de promotion et de défense collective des droits, entre autres en établissant des relations avec les organisations publiques, communautaires, privées et politiques, et en rédigeant des plaidoyers sur divers enjeux.
Après avoir complété un baccalauréat en Études littéraires, elle a travaillé pour différentes organisations en communications, puis à son compte durant plus de 5 ans en rédaction professionnelle et révision linguistique.
Son expertise dans le maniement des mots sera un atout pour faire avancer divers dossiers en lien avec l’accessibilité de l’information et pour développer des campagnes de sensibilisation.
L’équipe du RAAMM souhaite la bienvenue à la nouvelle conseillère en affaires publiques!
En fonction depuis le 5 octobre 2022, Catherine Côté est joignable par téléphone au 514-277-4401, poste 105, et par courriel à [email protected].
2. [ACTIVITÉ] Atelier d’automassage : soulager les inflammations, tendinite, arthrite, épicondylite et l’arthrose.
Le RAAMM vous propose un atelier d’automassage via Zoom avec Michael Harvey le mercredi 19 octobre.
L’automassage est un outil magnifique pour s’aider à se soutenir et prendre soin de soi pendant notre journée. Il se pratique n’importe où : au bureau, dans la rue, sur un banc, à la maison et la plupart du temps avec les mains. C’est un accompagnement personnalisé qui se focalise sur les différentes zones du corps afin de soulager les tensions, les maux, le stress ou tout simplement pour relaxer.
Coût : 5$
Date limite d’inscription : 12 octobre 2022
Nombre minimum de participants : 12
Nombre maximum de participants : 15
L’inscription aux activités se fait auprès de Céline Lemaire au 514-277-4401, poste 111, ou par courriel à [email protected].
Retrouvez la programmation des activités sur le site web du RAAMM : https://raamm.ekloweb.com/activites/programmation/
3. [DRUMMONDVILLE] Une équipe de recherche souhaite améliorer et sécuriser l’environnement des piétons et les déplacements en fauteuil roulant.
Article du 22 septembre 2022 publié par le journal web Vingt55.
La marche, en ville ou sur les chemins de campagne, peut être une activité agréable, pourvu que vous puissiez la faire d’une manière sécuritaire. Des trottoirs en mauvais état, étroits ou inexistants, des rues achalandées ou bloquées par des travaux, des risques de collision avec un véhicule ou un vélo; voilà autant d’obstacles auxquels se heurtent les usagers piétons et les personnes à mobilité réduite pour parvenir à leur destination.
Dorénavant disponible en français, le site Web participatif https://onmarcheonroule.org/ espère remédier à ces problèmes de mobilité piétonne et d’aménagement des espaces publics. Le site permet de recueillir des données par la participation de la population à travers le Canada sur les obstacles à la marche ou aux déplacements en fauteuil roulant sur les trottoirs, les rues, et les chemins.
Ce projet de recherche pancanadien a initialement été développé en anglais (WalkRollMap.org) par une équipe de l’Université de Victoria, en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), l’Université Simon Fraser, et l’Université Memorial. Il est financé par l’Agence de la santé publique du Canada.
Prendre le pouls de la population piétonne
« Au Québec, à part les collisions, on n’a pas de données sur l’inconfort des personnes piétonnes ou sur les inadéquations des aménagements, et encore moins du point de vue des personnes à mobilité réduite », lance la professeure Marie-Soleil Cloutier, directrice du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS et cochercheuse du projet et responsable du volet francophone.
Cet outil de recherche participative a pour objectif de combler les lacunes laissées par les sources de données traditionnelles fournies. La chercheuse rappelle que les seules données accessibles proviennent des rapports de police ou d’hospitalisation.
« L’idée avec ce projet est d’aller au-delà des chiffres liés aux collisions et aux chutes, et de prendre le pouls de la population piétonne sur leurs environnements de marche, que ce soient des personnes âgées à mobilité réduite, des familles avec des jeunes enfants en poussettes, ou des personnes seules. Nous souhaitons joindre un grand nombre de participants afin de nous servir des données recueillies sur OnMarcheOnRoule.org en complémentarité avec celles déjà existantes », explique la chercheuse spécialisée en sécurité routière qui dirige le Laboratoire piétons et espace urbain (LAPS).
Un projet similaire sur la sécurité à vélo existe depuis 2014 sous la direction de Trisalyn Nelson, professeure de géographie à l’Université de Californie à Santa Barbara et la créatrice de WalkRollMap.org. Le projet montre que les données obtenues par la participation de la population comblent les lacunes dans notre compréhension des causes des obstacles à la pratique du vélo.
« La plupart des gens connaissent les points problématiques sur leurs propres itinéraires et OnMarcheOnRoule.org permettra une prise de décision éclairée avec cette connaissance locale », explique la chercheuse qui est aussi professeure associée à l’Université de Victoria.
La mobilité piétonne : un enjeu à travers le Canada
Les utilisatrices et utilisateurs du site OnMarcheOnRoule.org, à travers le Canada, peuvent cartographier trois types de « rapports », tous en lien avec les déplacements à pied/en fauteuil roulant : un danger ou une préoccupation ; une commodité manquante ; ou un incident (collision, chute ou quasi-collision). Une série de questions sont ensuite posées à la participante ou au participant qui a déposé un marqueur de localisation sur la carte concernant cet évènement.
Le processus est anonyme, mais des détails démographiques, tels que l’année de naissance, l’identité de genre et l’origine ethnique sont colligés pour mieux comprendre qui sont les participants. En effet, les personnes peuvent vivre différemment la sécurité et le bien-être de leur environnement en fonction de leur âge, leur sexe ou du groupe ethnique auquel elles s’identifient. Comme la teneur des obstacles peut différer pour les personnes en situation de handicap, cette information est également recueillie. La professeure Cloutier insiste sur l’importance de l’accessibilité universelle et l’approche inclusive du projet qui permettra de colliger de nouvelles données jusqu’alors inexistantes.
« Il y a plusieurs enjeux au Québec, mais l’insécurité pour les personnes piétonnes est la même partout. Ces données de recherche seront mises à la disposition des villes, des organismes citoyens ou des autres partenaires qui voudraient les utiliser pour aider à améliorer l’environnement piétonnier des communautés », conclut la professeure Cloutier.
4. [ÉLECTIONS] Faisons du Québec une société vraiment inclusive
Article du 2 octobre publié par le Journal de Montréal.
GENEVIÈVE BERGERON, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’AQLPH ET REPRÉSENTANTE DU RÉSEAU DES IRLPH
À la veille des élections, je souhaite, au nom de l’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées (AQLPH) et du réseau des Instances régionales de loisir pour les personnes handicapées (IRLPH), tenter de vous sensibiliser, futurs élus, aux réalités vécues par les personnes handicapées.
Voici donc quelques enjeux liés à l’accès à la pratique de loisirs sur lesquels j’aimerais attirer votre attention :
Camps de jour, un accès à géométrie variable
Pour les jeunes en situation de handicap, l’accès à un camp de jour est non seulement essentiel à leur développement, mais également à la qualité de vie de leur famille. Or, ce qui nous apparaît comme une évidence est loin d’être acquis! Les enjeux entourant l’accès aux camps de jour sont multiples: financement des services, qualification du personnel, discrimination, pénurie de main-d’œuvre.
Certes, le programme d’assistance financière au loisir des personnes handicapées (PAFLPH) du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) existe! Et il offre une aide qui permet de soutenir l’accompagnement en loisir. Le hic, c’est que depuis quelques années, les sommes allouées sont annoncées à quelques jours du début des camps, ou même parfois une fois la saison terminée, ce qui constitue, vous le comprendrez, un enjeu majeur pour la pérennité des services. Pourquoi ne pas procéder à l’annonce de ces sommes au moment des inscriptions, en mars de chaque année? Cette solution nous paraît si évidente et si simple.
De plus, alors que les besoins en accompagnement augmentent chaque année, seulement 35% des demandes sont financées, et le nombre de candidats pour pourvoir ces postes diminue. Résultat: l’inclusion dans les camps de jour est de plus en plus difficile alors que le Québec se targue d’être toujours plus inclusif, et le sous-financement ne permet pas d’améliorer les conditions salariales des accompagnateurs, ce qui pourrait certainement attirer de nouveaux candidats.
Transport adapté
Participer à une activité de loisir n’est possible que si l’on peut s’y rendre. Ce principe peut paraître anodin, mais pour une personne vivant avec un handicap, il peut être un véritable casse-tête. À l’heure actuelle, la crise dans le milieu du transport adapté limite drastiquement l’accès aux loisirs.
Plusieurs villes n’offrent le transport adapté que pour se rendre au travail, à l’école ou à des rendez-vous médicaux, alors que d’autres municipalités n’offrent même plus de transport. Le manque de chauffeurs et de véhicules adaptés, la lourdeur administrative et la perte de rentabilité des taxis ne sont que quelques-uns des facteurs liés aux enjeux de transport.
Ce que nous proposons comme solutions: une hausse du financement et des actions concrètes permettant, entre autres, l’augmentation du nombre de véhicules adaptés dans les flottes de taxis et l’amélioration de l’accessibilité au transport collectif.
Infrastructures adaptées…
Tout comme l’accès au transport, l’accessibilité physique aux infrastructures de loisir constitue un autre enjeu qui nous préoccupe.
Aujourd’hui, il se construit encore des aires de jeu, des parcs, des gymnases, des bibliothèques, des salles de spectacle ou des centres communautaires qui ne sont pas accessibles. Il peut certes être complexe d’adapter des infrastructures existantes, mais quand il s’agit de nouveaux projets, plus d’efforts doivent être faits. Nous croyons que la solution à ce problème passe par une réglementation plus inclusive, plus de formation offerte aux promoteurs et aux constructeurs et un suivi plus étroit des projets de construction.
La pratique du loisir, c’est une façon de s’exprimer, de s’épanouir et même de contribuer à la société autrement. L’offre de loisirs permet de développer la culture d’une société en plus d’être un vecteur économique et social.
Mesdames et messieurs qui seront élus ce lundi 3 octobre, serez-vous sensibles à ces arguments? Et surtout, agirez-vous pour faire du Québec une société véritablement inclusive?
Source : https://www.journaldemontreal.com/2022/10/02/faisons-du-quebec-une-societe-vraiment-inclusive
5. Une campagne de sensibilisation émouvante sur l’égalité des droits par la Fédération des aveugles de France
À l’occasion de la journée Nationale des Aveugles et Malvoyants le 4 octobre 2022, la Fédération des Aveugles de France dévoile sa nouvelle campagne pour rappeler la loi de 2005
Cette campagne de sensibilisation sur l’égalité des droits et des chances sera diffusée dans les médias et sur les réseaux sociaux du 4 octobre au 5 novembre 2022. Ce spot nous rappelle que la loi de 2005 pose le principe selon lequel « toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus de tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté ».
La Fédération des Aveugles et Amblyopes de France dont la devise « La citoyenneté, ça nous regarde ! » tient en nous plongeant dans l’univers quotidien des aveugles et malvoyants à rappeler que la loi de 2005 pour la reconnaissance du droit à une pleine citoyenneté n’est toujours pas appliquée aujourd’hui.
Pour Bruno Gendron, le nouveau Président de la Fédération, il est urgent de s’interroger sur le quotidien des personnes aveugles ou malvoyantes dans notre société, il est urgent d’appliquer la loi.
Il rappelle que les questions de l’accessibilité sur la voirie et lors des déplacements ou encore concernant l’accessibilité numérique sont des sujets majeurs pour de nombreuses personnes dans la société mais également des conditions nécessaires pour une vie en toute autonomie.
La Fédération des aveugles de France défend tous les âges de la vie et défend la place de tous dans la société.
C’est le bien vivre ensemble !
Source : https://perelafouine.com/journee-nationale-des-aveugles-et-malvoyants-le-4-octobre-2022/
6. Le parcours du combattant des travailleurs ayant un handicap
Article du 24 septembre 2022 publié par Le Devoir.
Encore aujourd’hui, de nombreuses barrières s’érigent sur le chemin des Québécois ayant des limitations physiques ou mentales dans leur quête d’un emploi à la hauteur de leurs compétences. Une discrimination persistante que souhaitent contrer plusieurs entreprises d’économie sociale situées notamment dans les deux plus grandes villes de la province.
Jean-Baptiste est bardé de diplômes. Originaire du Burundi, où une guerre civile lors de laquelle il a été torturé et poignardé, lui a paralysé les mains, le Montréalais cumule notamment une formation en droit, un baccalauréat en science politique et une maîtrise en science politique spécialisée en affaires publiques et internationales, obtenue en 2016 à l’Université de Montréal.
Or, après avoir été auxiliaire d’enseignement de 2014 à 2016 dans cette université, puis avoir œuvré dans le milieu communautaire, l’homme au regard franc s’est retrouvé dans une impasse. « Je pouvais faire le processus pour occuper un poste, et quand je rencontrais les membres du comité qui présentaient le poste et tout ça, ils changeaient d’idée », raconte M. Nkurunziza, qui estime avoir été victime de discrimination basée sur son handicap.
En 2019, il a finalement trouvé un emploi de lieutenant en sécurité pour l’entreprise d’économie sociale Axia Services, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, où Le Devoir l’a rencontré vendredi. « Même si je gagne moins que j’espérais par rapport à mes études, ce n’est pas grave. Parce qu’ici, ça représente mes valeurs », ajoute-t-il.
L’entreprise d’économie sociale pour laquelle il travaille s’est donné comme mandat d’embaucher en grande majorité des employés ayant des limites sur le plan physique ou mental grâce au soutien financier d’Emploi-Québec.
Parmi les 650 employés de l’entreprise, qui compte aussi des installations à Laval, on compte Raymond Lavoie, 59 ans. Ce dernier a travaillé pendant une trentaine d’années « dans le milieu du transport », avant que la diminution de sa capacité visuelle lui fasse perdre son permis de conduire. « C’était un deuil, parce que tu ne peux pas oublier 30 années de ta vie », confie-t-il, entouré de collègues occupés par l’emballage de bâtons de cannelle.
« C’est difficile de trouver un travail normal. On peut seulement en trouver dans les endroits adaptés », soupire Sophie Longpré, elle aussi rencontrée dans cette usine montréalaise.
Une situation qui témoigne de l’importance de mieux financer, mais aussi de faire connaître les 37 entreprises adaptées présentes au Québec, relève la directrice générale d’Axia Services, Pauline Picotin.
« Il y a encore du chemin à faire pour que les gens sachent que ces ressources-là existent », soutient Mme Pitocin, qui rappelle que des entreprises comme la sienne offrent différents services, dont l’accès à des intervenantes psychosociales, afin de faciliter la rétention des employés ayant divers handicaps.
Car les entreprises adaptées vivent elles aussi la pénurie de main-d’œuvre, relève celle qui a d’ailleurs organisé une journée portes ouvertes dans les locaux de l’entreprise vendredi. « Demain, si vous emmeniez 50 personnes ayant des limites qui se cherchent un emploi, elles auraient [toutes] un emploi », dit-elle. « Nous aussi, on a un besoin en matière d’embauches. »
Assembler une communauté
À Québec, le Groupe TAQ fait figure d’anomalie. Même si la ville connaît le plus bas taux de chômage du Canada, l’ensemble des 500 postes de l’entreprise sont pourvus. « Il y a un effet “wow” à travailler ici », explique le directeur général de la firme, Gabriel Tremblay. « Tous les jours, nous sentons que nous changeons la vie des gens. »
Dans cette entreprise de sous-traitance, le travail se fait le sourire aux lèvres et la fierté au coin de l’oeil. Les tâches à effectuer sont souvent simples, mais elles mènent quelque 350 employés en situation de handicap à un bonheur parfois difficile à trouver.
« En entreprise ordinaire, chacun travaille chacun pour soi, indique Simon Motard-Thibault entre deux découpes de plastique. Ici, on a de l’ambiance. Nous sommes vraiment une équipe, et je peux parler avec mes patrons. » L’employé de 30 ans a travaillé comme manutentionnaire dans le passé. « On s’est rendu compte que j’avais quelques petites difficultés. C’était trop intense pour moi, raconte-t-il. On me demandait tout le temps de fournir à la planche. » Ici, il contribue à son rythme à la production de raquettes, et ainsi au fait que le Groupe TAQ se hisse parmi les plus importants fabricants du monde dans le domaine.
L’entreprise d’économie sociale confectionne différents produits, mais c’est surtout une communauté qu’elle permet d’assembler.
Anne Simard, atteinte de paralysie partielle depuis sa naissance, travaille depuis 40 ans au sein du groupe. C’est ici qu’elle a rencontré ses amis et son amoureux, David, avec qui elle s’apprête à célébrer 10 ans de tendresse. « Mon travail m’a aidée à m’épanouir dans ma vie personnelle », raconte la dame de 60 ans. Doyenne de l’équipe, elle a connu trois patrons et vu l’entreprise grandir — jusqu’à brasser des chiffres de ventes de 17 millions de dollars aujourd’hui.
L’entreprise prospère tout en restant fidèle à ses valeurs sociales. « On voit vraiment que les gens sont heureux parce que, pour la première fois de leur vie, ils se sentent respectés quelque part », souligne M. Tremblay.
Le directeur général insiste sur la contribution que les personnes handicapées peuvent apporter à l’économie et à la société. « Il y a encore 110 000 personnes handicapées sur l’aide sociale au Québec. Sur les 110 000, je suis convaincu qu’il y en a 5000 ou 10 000 qui peuvent travailler. Imaginez le potentiel ! » explique-t-il.
En trois ans, donne le patron en exemple, 13 000 personnes handicapées ont quitté l’aide sociale après avoir été recrutées par le secteur privé. « Ça représente 200 millions de dollars de sauvés pour le gouvernement. Par année ! En avez-vous entendu parler pendant la campagne ? »
Source : https://www.ledevoir.com/societe/758419/le-parcours-du-combattant-des-travailleurs-avec-un-handicap
7. Reculs massifs pour les personnes en situation de handicap
Article du 2 octobre 2022 publié par Le devoir.
Ces dernières années, l’accès au logement pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, une déficience physique ou un diagnostic d’autisme s’est détérioré. Si la pandémie a servi de révélateur, la situation était déjà bien critique. Que ce soit par un manque de fonds, un problème d’organisation ou encore un manque d’intérêt politique, les personnes en situation de handicap qui sont hébergées dans le réseau de la santé et des services sociaux ont vu leurs conditions de vie se dégrader considérablement.
Ces personnes, pour la plupart vulnérables, et leur famille font quant à elles face à une pénurie de places dans les milieux de vie substitut ainsi qu’à un désintérêt politique presque total. À peu près aucun soutien n’est donné par le ministère de la Santé et des Services sociaux ou encore par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation pour la création de milieux de vie gérés par et pour la communauté, ce qui ne fait qu’accentuer la pression sur les milieux de vie existants. Pourtant, le gouvernement fédéral a mobilisé des sommes importantes pour la construction de ressources d’habitation pour les personnes en situation de handicap. Que s’est-il passé avec ces sommes ?
Pire encore, cela fait maintenant plusieurs années que la Société québécoise de la déficience intellectuelle constate la résurgence des institutions dans la province. Bien entendu, elles ne ressemblent plus à celles popularisées dans Vol au-dessus d’un nid de coucou : elles sont plus petites, les privations de liberté y sont moins évidentes, mais les personnes s’y trouvent malgré tout enfermées, leurs droits sont bafoués et elles n’ont aucun contrôle sur leur vie. Les services y sont limités et les conditions de vie y sont souvent inadéquates. Soulignons ici que la privatisation galopante des ressources d’hébergement n’a pas non plus aidé, les conditions de travail y étant souvent déplorables.
De son côté, la Fédération québécoise de l’autisme fait ressortir depuis de nombreuses années les graves dysfonctionnements du réseau de la santé et des services sociaux, en particulier en matière d’hébergement. En 2019, elle avait d’ailleurs brossé un portrait de la situation des milieux de vie des adultes autistes autres que le milieu familial d’origine. Au-delà du constat, une série de recommandations avait été faite pour améliorer ces milieux de vie et garantir impérativement des places adaptées en quantité suffisante et avec des délais d’attente raisonnables.
Le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) ajoute qu’en tant qu’usagers du réseau de la santé et des services sociaux, nous avons des droits fondamentaux et reconnus par la Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS), dont le droit de recevoir les soins que requière son état et le droit à l’hébergement.
Les articles publiés récemment prouvent qu’il y a une réelle urgence à revoir les modèles existants ainsi qu’à se doter de mécanismes de contrôle et de vérification de la qualité de ces milieux de vie. Ces mécanismes existaient il y a encore moins de 15 ans et ont été abandonnés au fil des réformes du réseau. Il importe de les restaurer au plus vite. Pourquoi ne pas généraliser cette possibilité à tous les milieux de vie ?
Ultimement, investir plus d’argent dans un système brisé ne réglera pas les multiples problèmes. Ce qu’il faut ici, c’est une réelle remise en question des façons de faire et des modèles existants. De nouveaux modèles plus inclusifs sont nécessaires, plus de services en soutien et un maintien à domicile doivent être mobilisés, et la communauté doit être mise à contribution. Les personnes en situation de handicap, peu importe leur niveau de besoin, souhaitent être incluses dans la communauté, elles ne rêvent pas de vivre dans des CHSLD ou des « maisons des aînés ».
Le modèle actuel de ségrégation et d’institutionnalisation, notamment par le recours au secteur privé, qui se généralise, est inquiétant et laisse entrevoir encore plus de reculs massifs pour les personnes en situation de handicap. Face à cet état de fait, misons sur les idées et les capacités d’autodétermination des personnes concernées, l’engagement des familles, du secteur communautaire et des chercheurs.
Reste au gouvernement et à ses différents ministères de faire ce pour quoi ils sont élus et nommés : travailler dans le sens du bien commun, sans exclure les personnes les plus vulnérables. L’État peut et doit faire mieux.