Écho de RAAMM du 24 au 30 avril 2017
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 24 au 30 avril 2017.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire
- 1. Le RAAMM rencontre Valérie Plante
- 2. Anna se joint à l’équipe du RAAMM
- 3- Appel aux membres de la Rive-Sud à faire l’essai du système Key2Access à Brossard
- 4. Lancement du rapport « Accessibilité du Web : de la standardisation à l’utilisabilité»
- 5. Découvrir l’art avec les yeux d’une autre
- 6. Saisir les couleurs par le toucher pour les malvoyants
- 7. Suisse – L ‘obscurité perçue par les non-voyants
- 8. France – Handicap visuel : développer les capacités de compensation
- 9. Parlement européen – Les projets pour adapter davantage de livres aux personnes aveugles adoptés en commission des affaires juridiques
- 10. Présidentielle 2017 : le “parcours du combattant” des sourds et des aveugles pour suivre la campagne
- 11. France – La solution du dictaphone pour simplifier les commandes des déficients visuels dans les restaurants
- 12. Centraide du Grand Montréal récompense la solidarité d’entreprises, d’organismes et de bénévoles
1. Le RAAMM rencontre Valérie Plante
Montréal, le 24 avril 2017 – Le 12 avril dernier, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) rencontrait Valérie Plante, cheffe de l’opposition à la ville de Montréal et cheffe de Projet Montréal. Nous avons profité de cette occasion pour sensibiliser Mme Plante sur nos préoccupations et revendications concernant le virage à droite aux feux rouges (VDFR), la mise en place possible de rues partagées à Montréal, l’installation de nouveaux feux sonores ainsi que sur l’augmentation du nombre de véhicules électriques.
Mme Plante s’est montrée particulièrement sensible à nos interventions auprès de la Ville quant à son engagement pris en 2013 sur l’installation de feux sonores à Montréal. Valérie Plante a également démontré un vif intérêt quant à nos revendications pour le maintien de l’interdiction du VDFR à Montréal. Elle nous a donné son appui à cet égard.
L’augmentation du nombre de véhicules électriques, particulièrement en ce qui a trait à l’engagement de la Ville à en acquérir pour son propre parc, nous préoccupe grandement. La rencontre nous a permis de sensibiliser Mme Plante aux enjeux de sécurité que posent ces véhicules pour les personnes ayant une déficience visuelle en raison du fait qu’ils sont silencieux lorsqu’ils circulent à basse vitesse. Il est souhaitable que Montréal appuie les revendications des organismes représentant les personnes aveugles et malvoyantes afin que le gouvernement fédéral adopte la législation nécessaire pour forcer les fabricants de véhicules à équiper leurs modèles électriques d’un signal sonore.
Par ailleurs, Mme Plante a démontré de l’intérêt pour les travaux récemment menés par la ville de Montréal conjointement avec différents partenaires, dont le RAAMM, pour identifier des pistes d’aménagement de rues partagées qui répondent aux besoins des personnes vivant en situation de handicap. Les pistes retenues permettront à Montréal d’aménager des rues partagées (dans la mesure où le Code de la sécurité routière l’autoriserait) de sorte à fournir une plus grande accessibilité à l’ensemble de ses citoyens.
Cette rencontre s’est avérée mutuellement satisfaisante. Elle a permis de jeter les bases d’une collaboration avec Mme Plante que le RAAMM espère des plus fructueuses.
Source : Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM)
2. Anna se joint à l’équipe du RAAMM
Bonjour à tous!
La semaine dernière, j’ai rejoint l’équipe du RAAMM à titre de réceptionniste et j’en suis ravie.
Originaire de la Moldavie, cela fait un petit peu plus de deux ans que j’habite maintenant à Montréal. J’ai eu l’occasion de travailler dans plusieurs domaines tels que la communication et l’environnement, dans le but d’améliorer la vie des citoyens. J’aime m’impliquer activement au sein de ma communauté et aller à la rencontre de nouvelles personnes.
C’est pourquoi cela me fera plaisir de vous accueillir et de répondre à vos questions !
Je vous dis à bientôt !
Anna G.
3- Appel aux membres de la Rive-Sud à faire l’essai du système Key2Access à Brossard
Montréal, le 24 avril 2017 – Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain invite ses membres de la Rive-Sud à faire l’essai du système Key2Access, récemment installé à l’intersection Rome / Marie-Victorin à Brossard. Ce système permet d’activer le signal sonore de l’intersection à l’aide d’une manette plutôt qu’avec le bouton d’appel situé sur le poteau.
Dans le cadre d’un projet pilote, la ville de Brossard a mis à notre disposition quelques manettes jusqu’à l’automne 2017 afin de recueillir les commentaires des participants. Nous vous invitons donc à faire l’essai de ce système dans le cadre d’une visite individuelle au cours de laquelle vous serez accompagné d’un membre du RAAMM qui connaît bien cette intersection.
Les personnes intéressées doivent s’inscrire auprès de Martine Grenier au 514-277-4401, poste 115.
4. Lancement du rapport « Accessibilité du Web : de la standardisation à l’utilisabilité»
MONTRÉAL, le 28 mars 2017 /CNW Telbec/ – La Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (« COPHAN ») dévoile les résultats de son projet « Accessibilité du Web : de la standardisation à l’utilisabilité – Rapport des tests d’utilisabilité », réalisé grâce au soutien de l’Office des personnes handicapées du Québec et de l’Institut Nazareth et Louis-Braille.
Préoccupée par les effets de l’application des 3 standards du gouvernement du Québec sur l’accessibilité du Web (SGQRI 008-01, 02 et 03) et en prévision de leur révision, initialement prévue en 2016, la COPHAN a entrepris un projet d’évaluation de l’accessibilité de différents sites Web, par le biais d’une analyse de conformité et de tests d’utilisabilité. L’objectif de la COPHAN était de dresser un bilan de l’avancement de l’application des standards dans les sites Web d’organisations qui y sont assujetties, de constater si des obstacles persistent au-delà des normes, ainsi que d’évaluer l’accessibilité et l’utilisabilité des sites Web d’organisation non assujetties.
Suite à une consultation de l’ensemble des membres de la COPHAN, 12 sites Web ont été considérés, soit : Emploi Québec, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, l’Office de la protection du consommateur, Hydro-Québec, le Musée de la civilisation de Québec, le Réseau de transport de la Capitale, la Ville de Montréal, IGA, Jean-Coutu, Tou.tv, La Presse.ca et Walmart.
Les tests d’utilisabilité ont été réalisés par 12 participants, en fonction de leurs types de limitations fonctionnelles (visuelle, compréhension de l’écrit ou de l’architecture du site, intellectuelle, motrice), de leur habitude à naviguer et de leur capacité à réussir une tâche de manière autonome, ainsi que de leur compréhension du français écrit. Des personnes n’ayant pas de limitations fonctionnelles ont également pris part à l’exercice pour fins de comparaison. Les tests de conformité aux standards, quant à eux, ont été effectués par un expert technique.
Le principal constat est que la conformité d’un site n’est pas garante de la satisfaction de l’utilisateur ou de l’atteinte de son objectif, elle en est tout au plus un facilitateur. Un site parfaitement conforme aux standards, dont l’environnement de navigation n’est toutefois pas intuitif, ou qui présente une surcharge visuelle ou informationnelle, sera souvent inutilisable par de nombreuses personnes ayant des limitations fonctionnelles.
Ainsi, il est démontré que dans toute démarche visant la mise en accessibilité effective d’un site Web, des tests d’utilisabilité doivent nécessairement être menés en plus des travaux visant le respect de la conformité. Pour un accès équitable pour toutes et tous à l’information et aux services, il est donc essentiel d’impliquer, dans toutes les phases du développement d’un projet numérique, des personnes représentatives de différents types de limitations.
Suite à ce projet, la COPHAN a formulé plusieurs recommandations au Secrétariat du Conseil du Trésor pour l’accompagner dans sa démarche de révision des standards d’accessibilité du Web, notamment de se rallier aux normes internationales, de considérer l’accessibilité des applications mobiles, ainsi que de faire la promotion de l’accessibilité et de l’utilisabilité auprès des instances publiques, des acteurs privés et de la société civile.
L’État québécois doit soutenir une véritable culture de l’accessibilité et de l’utilisabilité, notamment pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles.
Le rapport est disponible au : http://cophan.org/publication/accessibilite-du-web-de-la-standardisation-a-lutilisabilite/ ou en format papier, sur demande.
Source : COPHAN http://cophan.org/2017/03/lancement-du-rapport-accessibilite-du-web-de-la-standardisation-a-lutilisabilite/
5. Découvrir l’art avec les yeux d’une autre
Deux fois par mois, des déficients visuels, notamment des aveugles, visitent une exposition du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). La Presse a participé à un de ces parcours dirigés par la guide Marie-Josée Daoust, qui décrit les œuvres d’art et devient les yeux des visiteurs.
Marie-Josée Daoust est l’une des 140 guides bénévoles du MBAM depuis 10 ans. Elle y accompagne souvent des aveugles et d’autres personnes ayant des problèmes de vue depuis qu’un programme a été mis sur pied à leur intention, en 2015.
Enseignante de philosophie à la retraite, elle a reçu une formation en histoire de l’art à l’Université de Montréal, ce qui lui permet de rendre ces visites fort nourrissantes pour l’esprit. Nous en avons été témoins récemment.
Quatre aveugles et malvoyants (et leurs accompagnatrices leur permettant de circuler) s’étaient inscrits pour visiter la section médiévale du Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein.
« Je vais essayer de vous faire voir l’art du Moyen-Âge », dit Marie-Josée Daoust.
Pendant une heure et demie, elle a décrit une dizaine d’œuvres d’art créées entre l’Antiquité et la Renaissance. Mais en premier lieu, elle a fait toucher les grandes arches en acier Corten de 300 kg chacune qui délimitent l’espace des plus anciennes œuvres médiévales, une salle qui rappelle la nef d’une église gothique. Elle leur a dépeint la forme de cet espace, précisant notamment ses dimensions (« 73 pieds de long et 12 pieds de large », a-t-elle dit).
Toucher avec des gants
Arrivé devant une tête d’apôtre en calcaire sculptée en France dans la première moitié du XIVe siècle, le groupe a pu palper l’œuvre après avoir enfilé de petits gants. Puis, chaque visiteur a donné ses impressions. « La tête a les cheveux frisés », a dit une femme. « Il a une barbe bouclée et un nez cassé », a dit un autre.
Marie-Josée Daoust a ensuite présenté les caractéristiques d’un vitrail sur la décapitation de Jean-Baptiste. Avec une précision aussi fine que celle des imagiers du Moyen-Âge qui créaient des vitraux détaillés pour que les paroissiens analphabètes puissent avoir accès aux particularités de l’histoire sainte.
Transmettre un savoir de la façon la plus précise possible, telle est la tâche de Marie-Josée Daoust. Chacune de ses descriptions débute par les dimensions approximatives de l’œuvre. Elle précise ensuite sa composition, détaille les couleurs, la texture des vêtements, les traits des personnages, leur expression, etc.
Parfois, elle fait même mimer les gestes des personnages peints par les aveugles pour qu’ils visualisent mieux le tableau. Et surtout, elle raconte son histoire dans ses moindres détails, évoquant le peintre, sa technique et l’intention derrière la création.
À l’écoute de la guide
Les personnes malvoyantes et aveugles sont concentrées, écoutent. L’une d’entre elles, Danielle Fouquereau, s’approche d’une œuvre. « Je vois un tout petit peu, dit-elle. J’aperçois les couleurs, mais moins les structures. »
Quant à Suzanne Lalumière, elle-même artiste peintre (elle expose ses œuvres à partir de samedi à la maison de la culture Mercier, dans le cadre de l’événement Symphonie de talents), elle a une vision presque nulle. Elle ne perçoit que des formes noires et blanches. « Je suis ses yeux, dit sa conjointe Michèle Rolland, qui l’accompagne. En voyage, on va au musée. J’apprends beaucoup des guides qui nous apprennent des choses qu’on ne verrait pas sinon. »
De son côté, Jean-Daniel Aubin, qui dit voir « en sections », en est à sa quatrième visite. « J’apprécie vraiment, dit-il. Ça comble un deuil que j’ai dû faire. »
« Je dirais même qu’à la limite, c’est plus intéressant que quand je voyais les œuvres, vraiment. Je les vois autrement. La guide fait appel à notre imagination. »
« Marie-Josée est fabuleuse, ajoute Yves-Marie Lefebvre, qui a une forte déficience visuelle. On en apprend énormément avec elle. C’est extraordinaire. Avant, je n’allais jamais au musée. Maintenant, je suis accro ! »
« Notre but est de faire en sorte que n’importe quel citoyen ait une belle expérience en venant au musée, dit Thomas Bastien, directeur de l’éducation et du mieux-être au MBAM. Je dirais même que ces visites pour personnes ayant des déficiences visuelles peuvent s’adresser à tous les publics, afin d’en faire des visites multisensorielles. Car la description des œuvres par les guides fait intervenir d’autres sens. Elle transforme l’expérience au musée en en faisant une expérience bonifiée. »
Visites gratuites pour aveugles et malvoyants, le deuxième mardi du mois, à 10 h 30 (exposition temporaire) et le troisième mardi du mois, à 13 h (collection permanente), au Musée des beaux-arts de Montréal (1380, rue Sherbrooke Ouest). Inscriptions au 514 285-2000, #3
Article d’Éric Clément publié dans La Presse le 17 avril 2017
6. Saisir les couleurs par le toucher pour les malvoyants
L’universitaire montréalaise Patricia Bérubé est en train de concevoir un prototype pour permettre aux aveugles et malvoyants de percevoir les couleurs d’une peinture par le toucher. Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) s’intéresse à cette recherche qui devrait aboutir à la création d’un premier modèle d’ici deux ans.
Après des études en animation 3D et en histoire de l’art à Montréal et Paris, et un emploi dans une galerie d’art parisienne, Patricia Bérubé voulait utiliser ses connaissances pour aider des gens dans le besoin dans son domaine d’activité. Âgée de 29 ans, elle a choisi de travailler au bénéfice des personnes ayant une déficience visuelle.
« Je me suis demandé comment on pourrait faire pour que tout le monde puisse avoir accès aux couleurs d’une œuvre d’art, dit Patricia Bérubé. L’idée était de trouver un moyen de traduire les différentes couleurs par le toucher pour des œuvres données. »
L’étudiante, actuellement en maîtrise, a alors fait le tour des recherches réalisées dans le monde sur le sujet, notamment celles de David Katz (1884-1953) sur la perception tactile et visuelle ou celles d’autres psychologues qui se sont intéressés au sens du toucher chez les aveugles.
La Suède est un pays où ces questions sont très développées, et ce, depuis longtemps. Aussi, Patricia Bérubé partira, après sa maîtrise, faire un doctorat à Stockholm avec une chercheuse suédoise en design de l’information, Yvonne Eriksson, qui a travaillé à la Swedish Library of Talking Books and Braille, bibliothèque suédoise de lecture tactile.
Pellan comme prototype
Pour la création de son prototype, Patricia Bérubé devait choisir une œuvre et en obtenir les droits d’auteur afin de pouvoir l’utiliser. Elle a opté pour Bannière de l’exposition « Prisme d’yeux », d’Alfred Pellan, huile sur toile de 1948 acquise en 2003 par le MBAM.
Patricia Bérubé explique que les motifs géométriques de cette peinture simplifient la définition du prototype tactile qui sera imprimé en trois dimensions. La chercheuse pense pouvoir créer une première version d’ici deux ans.
« Le prototype sera deux fois moins grand que le tableau pour que les aveugles puissent le saisir des deux mains afin de bien en lire tout le contenu, dit Mme Bérubé. Les motifs et les couleurs seront préalablement définis par association. Par exemple, les rouges seront des ronds et les bleus, des triangles. Une charte des couleurs existe déjà, mais c’est assez limitatif. Je veux essayer de simplifier. »
L’œuvre de Pellan comprend des lignes noires bien marquées et trois couleurs simples : le blanc, le rouge et un bleu délavé. « On va faire en sorte que les lignes noires soient en relief, ce qui permettra aux aveugles de bien comprendre les proportions du tableau, dit Patricia Bérubé. Il y aura une texture par couleur et, à côté, une charte tactile des couleurs. »
Les textures seront définies par la chercheuse en collaboration avec des personnes connaissant la réalité des déficients visuels. « J’ai hâte de voir quelle sera la réception du prototype et pas seulement de leur part, dit Patricia Bérubé. Je crois que ce projet va intéresser beaucoup plus de gens que la population concernée. C’est quelque chose d’innovateur qui n’existe pas ailleurs, que je sache. Car je m’intéresse particulièrement à la notion de couleurs. »
« Ça nous intéresse vivement de travailler sur ce projet prometteur, dit Thomas Bastien, directeur du département Éducation et Mieux-être, au MBAM. Si ce prototype est réussi, on l’utilisera pour nos clientèles adultes qui visitent le musée et pour les plus jeunes. »
Article publié dans La Presse du 17 avril 2017 par Éric Clément
7. Suisse – L ‘obscurité perçue par les non-voyants
Dans l’imaginaire collectif, les aveugles sont associés à l’obscurité. Leur univers ne correspond pourtant en rien à cela. Visite d’un monde achromatique aux sonorités diffuses.
«L’aveugle qui voit l’obscurité, c’est comme ce type qui sent encore sa jambe amputée. Le noir est une douleur fantôme.» Jean-Marc Meyrat a le sens des mots. Aveugle depuis ses 8 ans, le représentant du centre de compétence et d’accessibilité de l’Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants a accepté de nous guider à travers sa nuit.
En bon capitaine, c’est au sommet du «vaisseau» — le troisième étage de la bibliothèque centenaire de l’ABA — qu’il a choisi d’illustrer son propos. «Ce livre de Grisélidis Réal, Le noir est une couleur, vous l’avez lu?» Sa propre bibliothèque de couleurs, Jean-Marc Meyrat ne l’utilise plus depuis qu’un glaucome infantile lui a enlevé la vue, il y a 51 ans. Progressivement, les teintes de ses songes se sont estompées. Puis le cerveau a oublié.
Un néant aux sonorités ouatées
C’est désormais en nuances de gris que sont tournés les rêves de Jean-Marc Meyrat. Une couleur qu’il associe à la cécité. Pourtant, l’imaginaire collectif associe plus volontiers les aveugles au noir ou à l’obscurité. Un réflexe qu’il attribue à «la difficulté pour les voyants de se représenter ce qu’est le néant».
Son voyage au bout de la nuit, c’est à l’oreille que Jean-Marc Meyrat le mène: «Il y a quelque chose de ouaté dans l’obscurité. Comme lorsqu’on marche sur une couche de neige fraîche ou qu’un brouillard épais atténue les bruits. Le bruit n’a pas la même couleur la nuit que le jour.»
Ce mercredi matin, les sonorités diffuses du marché de la Madeleine, en Vieille-Ville de Genève, percent justement à travers les parois du «vaisseau». Des sources sonores qui fonctionnent — parmi d’autres — comme des points de repère diurnes. Pour Jean-Marc Meyrat, le plus difficile quand on ne perçoit pas l’obscurité, c’est de régler son horloge interne. «Je ne connais pas un seul aveugle qui dorme bien», explique celui qui dit avoir pris des somnifères tous les soirs pendant son adolescence.
Le noir renvoie à nos propres angoisses
Contrairement aux aveugles, les malvoyants perçoivent l’obscurité. «La nuit est une angoisse», souligne Hervé Richoz, de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants. En particulier pour ceux qui sont au début de leur processus de deuil. La nuit les confronte à la réalité.»
Contrairement à l’aveugle qui apprend à construire sa vie dans un univers inconnu, le malvoyant — en particulier s’il est atteint d’une maladie dégénérative — doit accepter de désapprendre certaines choses, de voir son cercle se rétrécir. Hervé Richoz souffre lui-même d’une perte de la vision centrale. Une maladie qui l’empêche, par exemple, de voir un visage en face. «On pense parfois que la nuit est plus naturelle pour nous que pour le reste des voyants. Il n’en est rien.»
L’obscurité plonge pourtant les voyants dans leur insécurité intérieure. Alors qu’elle révèle les capacités de mobilité développées par les aveugles et malvoyants, convertis en guides de cet univers mystérieux. Un concept que l’on retrouve à la base des dîners dans le noir. Ces repas pris dans l’obscurité où des personnes aveugles ou malvoyantes effectuent le service, à l’image des restaurants Blindekuh de Zurich et Bâle ou des soirées mensuelles organisées à l’hôtel Warwick de Genève.
En Valais, c’est à l’initiative d’étudiants en économie de la HES-SO Valais-Wallis qu’Hervé Richoz a lancé l’un de ces restaurants en 2007. Il a reconduit l’expérience pendant quatre ans et a réuni quelque 3′000 personnes. «Le concept doit être vu comme une expérience sensorielle, rappelle le Valaisan. Le noir nous confronte à nos propres angoisses et émotions. Mais oubliez l’idée de partager la réalité des non-voyants. A la fin, vous saurez juste ce que c’est que de manger dans le noir.»
Des musées pour les aveugles
Traditionnellement, les musées sont des espaces peu adaptés aux aveugles et malvoyants. Depuis quelques années, des initiatives tentent de mieux intégrer cette population en faisant en sorte que le musée ne se résume plus à une expérience visuelle ou auditive. Pour Stéphanie Pouchot, professeure en information documentaire à la Haute école de gestion de Genève, il faut aller au-delà de l’audio-guide descriptif. «Quand vous entrez dans une salle d’armes avec des épées suspendues au plafond, vous ressentez un sentiment d’oppression. Il s’agit d’être capable de retranscrire ce type d’impressions grâce à d’autres sens», explique la chercheuse, qui cite les bonnes pratiques d’expositions misant sur une plus grande variété de sensations: toucher, danse ou bruitages. Stéphanie Pouchot travaille actuellement sur un projet pilote réunissant une équipe pluridisciplinaire de designers ou d’informaticiens. Objectif: élaborer des lignes directrices et des technologies — par la suite partagées en open source — qui pourraient être applicables à un grand nombre de musées afin de les rendre plus accessibles. Le projet vise aussi la récolte de données concernant les visiteurs de musées aveugles ou malvoyants. Des statistiques qui échappent encore aux organes officiels.
Une oreille musicale exceptionnelle
Confrontés au handicap dans leur vie quotidienne, les aveugles et malvoyants adoptent des stratégies de contournement qui développent leur mémoire et leur ouïe. Des capacités qui en font généralement d’excellents musiciens, comme le note Pierre-Alain Clerc, professeur aux conservatoires de musique de Genève et de Lausanne. Il a lui-même enseigné à deux élèves exceptionnels durant sa carrière. Des élèves extrêmement talentueux, dont l’apprentissage s’est effectué uniquement à l’oreille: une approche qui redonne à la musique ses lettres de noblesse, résume le professeur, qui donne actuellement des cours à une claveciniste aveugle. «Le premier jour, dans une pièce chorale, elle se contente d’écouter les voyants qui travaillent leur partition. Mais au cours suivant, elle a déjà synthétisé toutes les voix alors que les autres ont oublié à peu près tout ce qu’ils ont fait la semaine précédente.»
Une analyse partagée par Marcia Dipold, pianiste et professeure de musique au Centre pédagogique pour handicapés de la vue depuis quinze ans. «Les voyants se concentrent souvent trop sur les mouvements du musicien, alors que l’aveugle possède cette écoute prodigieuse», explique l’enseignante dont les meilleurs élèves sont capables de jouer de mémoire des sonates de trente minutes.
L’orgue reste l’un des instruments les plus appréciés des aveugles, parce qu’il se pratique de manière solitaire mais aussi parce qu’il requiert de grandes capacités de concentration, souligne Pierre-Alain Clerc, lui-même organiste. Il cite notamment le cas du Français André Marchal (1894-1980), aveugle de naissance et «capable de mémoriser en quelques minutes toutes les commandes d’un grand orgue inconnu. Il pouvait, tout en maintenant une conversation avec son interlocuteur, vous signifier à la fin du morceau les notes qui parlaient avec un temps de retard.»
Une version de cet article est parue dans la revue Hémisphères (no 12).
Article de Daria Ardèvol publié le 4 avril 2017
Source : http://www.largeur.com/?p=4864
8. France – Handicap visuel : développer les capacités de compensation
Pris en charge par l’équipe pluridisciplinaire du centre régional basse vision (CRBV) d’Angers (Maine-et-Loire), Fernand Rath a retrouvé “une autonomie, de l’assurance en lui-même et un soutien” tout au long de son programme de réadaptation. Aujourd’hui, ce malvoyant de 64 ans ne veut “rien s’interdire dans la vie quotidienne”.
“On ne peut plus rien pour vous, il va falloir vivre avec.” C’est le sévère couperet qui s’est abattu il y a dix ans sur Fernand Rath, 54 ans à l’époque. Depuis l’âge de 20 ans, cet ancien responsable logistique assiste à la dégradation de sa vue, pour des raisons mal identifiées. Fraîchement installé à Angers (Maine-et-Loire), il tombe, grâce à son épouse, sur une brochure du centre régional basse vision (CRBV) et s’y rend pour réaliser un bilan.
Le CRBV est un centre de soins de suite et de réadaptation (SSR) pour les adultes déficients visuels. Il constitue l’une des deux unités du centre régional basse vision et troubles de l’audition (CRBVTA), géré par la Mutualité Française Anjou-Mayenne. Seul établissement du Grand-Ouest dédié à ce public, il est ouvert à tous les assurés sociaux, adhérents mutualistes ou non.
Après une évaluation de ses capacités résiduelles, Fernand Rath y suit un programme de réadaptation. “Ma priorité était de pouvoir me déplacer seul dans la rue. Mon œil droit ne voit plus. Et je vois très peu de l’œil gauche. J’avais peur de me déplacer car, si je regarde mes pieds, je ne vois pas le danger en face de moi.”
Son parcours comprend notamment trente heures avec Sylvain Blou, rééducateur en locomotion. Patiemment, dans une salle jonchée d’obstacles divers, puis dans la rue, ce jeune instructeur lui apprend à utiliser une canne de détection.
“La canne élargit en quelque sorte mon champ de vision, témoigne Fernand. Je peux me concentrer sur ce qu’il y a devant moi. J’ai appris à observer mon environnement, à monter et descendre les escaliers, à prendre le bus ou le tramway, à appréhender une porte, trouver la poignée. Cela vous redonne confiance. Ici, j’ai trouvé une autonomie, de l’assurance en moi-même et un soutien.”
Stratégie cognitive
“Notre rôle, explique Sylvain Blou, est d’apprendre au patient à travailler sur la perception de son environnement, c’est-à-dire à relever des informations sensorielles pour, par exemple, caractériser un pâté de maison : quelle est la largeur du trottoir ? Est-ce une rue circulante ? Cette stratégie cognitive lui permet de reconstituer l’environnement comme un puzzle, afin d’être capable de réaliser seul un trajet, quel qu’il soit. On l’entraîne aussi à développer ses capacités de compensation, telles que le toucher, avec la canne, ou l’audition.”
Car le meilleur atout des personnes malvoyantes, c’est la plasticité cérébrale. “C’est cette plasticité, c’est-à-dire l’intercommunicabilité des aires cérébrales, qui permet de voir autrement, par exemple en développant ses capacités auditives”, assure le Dr Philippe Dublineau, chirurgien ophtalmologiste honoraire, chargé de communication au CRBV.
“Je ne peux plus recoudre un bouton”
Apprendre à bien utiliser ce qui reste fonctionnel, c’est toute la philosophie de ce centre. Une personne atteinte de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), par exemple, peut apprendre à se servir de la périphérie de sa rétine.
Une prestation cousue main pour chacun des cas qui se présentent. “Nous ne préjugeons pas des besoins en fonction de la pathologie, car ceux-ci peuvent être très différents selon que l’on habite en ville, à la campagne, que l’on est bricoleur ou pas, que son entourage est sensibilisé ou non à la maladie, détaille la Dre Sabine le Gouvello, ophtalmologiste coordinatrice du CRBV. La santé visuelle, ce n’est pas uniquement deux yeux : c’est une situation globale.”
Et de citer le cas de cette dame âgée, qui se plaignait de ne plus voir assez pour recoudre un bouton. “Compte tenu de son handicap, il y avait bien d’autres choses, plus courantes qu’elle n’était plus capable de faire. Mais il n’y a rien eu à faire : nous avons donc commencé par lui apprendre à recoudre un bouton. Puis elle a accepté de passer à d’autres apprentissages.”
Dans leur prise en charge, les professionnels se préoccupent également de créer un lien avec l’entourage de leurs patients. “Les proches doivent à la fois prendre conscience de la situation réelle de la personne, et avoir confiance quand elle dit qu’elle est capable de faire.”
Pour Fernand Rath, une chose est non négociable : “Je veux pouvoir aller dans mon jardin, même si parfois je me casse la figure… Je tonds moi-même le gazon. Tout ce que je risque, c’est de couper deux marguerites en trop ! Je ne m’interdis rien !”
Article de Sabine Dreyfus publié le 7 avril 2017
Source : http://www.mutualite.fr/actualites/handicap-visuel-developper-capacites-de-compensatio
9. Parlement européen – Les projets pour adapter davantage de livres aux personnes aveugles adoptés en commission des affaires juridiques
De nouveaux projets visant à rendre disponibles davantage de livres dans des formats accessibles aux personnes aveugles et malvoyantes ont été adoptés en commission des affaires juridiques jeudi. Le projet législatif, qui aligne le droit européen sur le traité de Marrakech, prévoit des exceptions au droit d’auteur pour des formats tels que les livres audio et le braille.
Les deux résolutions législatives rédigées par Max Andersson et adoptées par 22 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention, visent à accroître le nombre de livres, revues, journaux, magazines et partitions de musique disponibles pour les personnes aveugles, ayant une déficience visuelle ou d’autres difficultés de lecture des textes imprimés. Le projet législatif rendrait le droit européen conforme à ses engagements internationaux au titre du traité de Marrakech, signé par l’UE en 2014.
Le projet prévoit des exceptions obligatoires au droit d’auteur qui permettraient la production dans un format accessible de copies de livres et d’autres documents imprimés. Les députés ont conclu que les États membres ne devraient pas être autorisés à imposer d’autres obligations à ces exceptions au droit d’auteur, telles que des systèmes de compensation ou la vérification préalable de la disponibilité commerciale d’exemplaires en format accessible.
De plus, les nouvelles règles garantiraient la circulation transfrontalière de livres en formats accessibles tant au sein de l’UE qu’avec les pays tiers qui ont signé le traité de Marrakech.
À l’heure actuelle, les personnes malvoyantes sont confrontées à de nombreux obstacles pour accéder à des documents imprimés. Dans l’UE, la part des livres disponibles dans des formats qui leur sont accessibles, tels que le braille, l’impression en grands caractères, les livres électroniques et les livres audio adaptés, se situe entre 7 et 20%, selon les estimations.
Prochaines étapes
La commission a adopté un mandat pour débuter les négociations informelles avec le Conseil sur les deux résolutions législatives en vue de conclure un accord en première lecture.
Contexte
Selon l’Union européenne des aveugles, l’Europe compte plus de 30 millions d’aveugles et de déficients visuels. Au niveau mondial, ce chiffre est estimé à 285 millions, d’après l’Union mondiale des aveugles. Alors qu’on estime que la proportion de livres publiés disponibles dans un format accessible aux personnes ayant une déficience visuelle est comprise entre 7 et 20% dans l’UE, ce taux est estimé à seulement 1% dans les pays en développement.
Par Europarl, Parlement Européen, 23 mars 2017
10. Présidentielle 2017 : le “parcours du combattant” des sourds et des aveugles pour suivre la campagne
Connaître les programmes des candidats, écouter les meetings, regarder un clip de campagne… Autant d’actions a priori banales, pas si simples pour les personnes en situation de handicap.
Le débat revient à chaque campagne : à quel âge faut-il fixer l’âge de départ à la retraite ? Chacun des 11 candidats à la présidentielle a sa petite idée sur la question. A priori, connaître leur position sur le sujet n’est donc pas une épreuve insurmontable. A moins d’être aveugle, sourd, malentendant ou malvoyant. Dans ce cas, obtenir une réponse à cette simple question – et suivre la campagne électorale en général – “relève du parcours du combattant”, témoigne Manuel Pereira, aveugle et responsable du pôle accessibilité numérique de l’association Valentin Haüy.
L’organisation a demandé à 21 personnes non-voyantes, malvoyantes ou seniors de faire le test en cherchant cette information précise sur les sites officiels des 11 prétendants à l’Elysée. Un quart d’entre eux ont abandonné leurs recherches. Pour les autres, il a fallu en moyenne sept minutes pour trouver la réponse à cette question de fond. Environ 30% des participants à ce test ne se considèrent pas autonomes dans leur navigation, ils estiment qu’ils ont besoin d’aide pour consulter les sites des candidats.
“L’information est très complexe à trouver”
“Le programme est téléchargeable en PDF non-accessible [aux malvoyants et non-voyants], peut-être que l’âge de départ à la retraite est mentionné dans les 44 pages ?” s’interroge ainsi Philippe, non-voyant de 44 ans, cité par l’association Valentin Haüy. “Le gros problème sur ces sites est qu’il n’existe pas de moteur de recherche ou de plan du site, constate Pierre, non-voyant de 56 ans. L’information semble présente, mais très complexe à trouver.” “Les politiques ne se sont pas emparés de la question de l’accessibilité numérique pour une personne en situation de handicap ou un senior, se désole Manuel Pereira. On constate qu’ils ne maîtrisent pas du tout le sujet et c’est grave.”
Pour voter en toute connaissance de cause, il faut quand même savoir ce que propose chaque candidat. -Manuel Pereira à franceinfo
“Aucun des 11 sites officiels ne respecte les standards internationaux en terme d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap”, explique le responsable associatif. Navigation, alternatives textuelles aux images, audiodescription… La situation ne s’est pas arrangée par rapport à la dernière présidentielle, en 2012, au cours de laquelle l’association avait déjà noté les sites des candidats : “Ils sont globalement tous mauvais.” Seul Philippe Poutou tire son épingle du jeu et décroche un peu plus de la moyenne grâce à un système de vocalisation des pages quand les sites d’Emmanuel Macon et de Marine Le Pen font figure de bons derniers.
Mounir Mahjoubi, responsable du pôle numérique d’En marche !, reconnaît que le site de son candidat est “largement améliorable”. “Malheureusement, dans une campagne, on a peu de temps et peu d’argent, explique-t-il. On a amélioré le site par rapport à sa première version mais bien sûr, ce n’est toujours pas satisfaisant.” Pour lui, ces “questions complexes” se règlent plus tard, après l’élection, “une fois qu’on est au pouvoir”. Contactée par franceinfo, l’équipe de campagne de Marine Le Pen n’a pas donné suite à nos appels.
Une accessibilité de façade
Les personnes sourdes et malentendantes se mobilisent aussi pour faire entendre leur voix dans ce scrutin. Pour interpeller les candidats, la Fédération nationale des sourds de France leur a adressé un manifeste pour l’accessibilité des campagnes présidentielles.
Un mouvement, Accès-Cible, a été créé pour alerter sur les difficultés d’accès aux difficultés d’accès aux discours politiques et aux débats télévisés. “C’est un droit à l’information”, explique Emilie Coignon, interprète en langue des signes française et membre du mouvement.
Si Accès-Cible constate “des avancées”, “cela reste disparate en fonction des candidats”. “Trop souvent, ce sont les interprètes qui rentrent en contact avec les équipes de campagne et non le contraire”, déplore Emilie Coignon. L’interprètre dénonce également ” l’accessibilité ornementale”. Des candidats qui, visiblement, font des efforts pour rendre leur campagne audible pour tous. Mais en apparence seulement.
On met un interprète sur scène sans retransmission vidéo, mais les sourds n’ont pas accès aux premiers rangs du meeting. Donc ils ne voient rien. Lors d’un récent meeting de Fillon, l’interprète était caché à chaque fois que les militants levaient les drapeaux.
Des débats télévisés incompréhensibles
Et lorsque le meeting est diffusé sur internet et traduit en langue des signes, les conditions techniques ne sont pas toujours optimales : l’interprète apparaît dans un médaillon trop petit en bas de l’écran, voire dissimulé par un logo… Des difficultés pointées par le mouvement Accès-Cible, également attentif à l’accessibilité des débats et des émissions politiques à la télévision.
Pour le “Grand débat” des onze candidats sur BFMTV et CNews, l’équipe de Benoît Hamon a fait traduire l’événement par cinq interprètes, à l’Elysée Montmartre, à Paris. “Ce n’était pas un coup unique, assure l’équipe du candidat PS. Cela doit devenir la norme, notamment sur le service public.” Un “effort notable” pour Emilie Coignon : “Ce type de débat est seulement sous-titré mais avec le décalage, les échanges sont incompréhensibles.” D’autant que le système n’est pas toujours au point. Ainsi lors du débat entre les candidats à la primaire de la gauche, le 25 janvier, sur France 2, des “problèmes techniques” ont rendu certaines parties du débat incompréhensibles.
“Nous sommes des électeurs comme les autres”
A la suite de ces bugs, France Télévisions a assuré avoir “tenu compte” des plaintes et des remarques et annoncé que le débat d’entre-deux tours sera traduit en langue des signes. Par ailleurs, le groupe met en avant son service de replay pour lequel les sous-titres sont synchronisés avec l’image. Et depuis le 10 avril, les clips de campagne des candidats sont diffusés à la télévision, tous sous-titrés, même audiodécrits sur France 2.
Mais en attendant le premier tour, sourds, aveugles, malvoyants ou malentendants usent souvent du “système D” pour déterminer leur choix. A l’image de Laurence de Saint-Denis, présidente de l’Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev). “Lorsqu’on arrive à copier-coller un texte ou un discours dans Word, il est plus facile à faire lire par le lecteur vocal. Mais ce n’est pas du satisfaisant…”, raconte-t-elle.
“Pour les gens, le handicap, c’est souvent un fauteuil roulant. La déficience visuelle ne se voit pas, on ne nous voit pas”, regrette la présidente de l’Unadev. Laurence de Saint-Denis dénonce une “situation blessante”. “Il y a 1,7 million d’aveugles en France, nous sommes des électeurs comme les autres et pourtant nous ne sommes toujours pas des citoyens à part entière.” Et elle rappelle l’intitulé de la loi de 2005 “pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées” : “Nous sommes loin du compte.”
Article de Vincent Daniel de France Télévisions publié le 20 avril 2017
11. France – La solution du dictaphone pour simplifier les commandes des déficients visuels dans les restaurants
Rianala Randrianarivo, présidente de la Jeune chambre économique (JCI) de Boulogne Côte d’Opale, vient de présenter une initiative originale lancée par sa structure, à savoir des « cartes sonores », un kit pour accueillir les personnes malvoyantes dans les restaurants.
Le Concept
L’idée émane d’Hélène Hau, de la JCI de Saint-Omer, qui a implanté la carte sonore chez les restaurateurs volontaires de sa ville, avant d’étendre la démarche au plan national. C’est ainsi que l’antenne boulonnaise de la JCI récupère l’idée pour lancer, à son tour, son opération locale avec les soutiens de la Macif et de la mairie.
« Entrer dans un restaurant, être accueilli par un serveur, s’installer à une table, regarder la carte et choisir ses plats, cela paraît très simple pour la plupart d’entre nous mais peut se révéler compliqué pour les 1 700 000 Français atteints de déficiences visuelles », a précisé la présidente.
La Carte sonore
Le dispositif est composé d’un dictaphone muni de trois touches tactiles (avance, lecture, recule) qui permet aux malvoyants de faire leur choix sur les menus des restaurants en toute autonomie. Le restaurateur enregistre son menu en numérotant ses plats sur chaque plage de l’enregistreur. Le client malvoyant n’a plus qu’à écouter défiler les plats et faire son choix en toute autonomie. Un logo « carte sonore » est affiché sur les vitrines des restaurants concernés par le dispositif.
Appel aux restaurateurs
L’appel est aujourd’hui lancé aux restaurateurs du Boulonnais. Trois d’entre eux ont déjà souscrit au processus et ont d’ailleurs enregistré des retombées économiques. Le kit (vendu 80 euros) permet de toucher une nouvelle clientèle et de lutter contre l’exclusion.
Publié par D.B. le 18 avril 2017 BOULOGNE-SUR-MER
12. Centraide du Grand Montréal récompense la solidarité d’entreprises, d’organismes et de bénévoles
MONTRÉAL, le 20 avril 2017 /CNW Telbec/ – Centraide du Grand Montréal a décerné ses Solidaires hier soir au Centre des sciences de Montréal. Ces prix annuels reconnaissent l’engagement social d’entreprises et l’action communautaire d’organismes qui luttent contre la pauvreté et l’exclusion.
Huit entreprises ont été honorées pour leurs contributions exceptionnelles au succès de la campagne annuelle de Centraide. RBC Banque Royale a remporté le Solidaires Appui global soulignant la meilleure campagne. Des Solidaires ont aussi été obtenus par
BMO Groupe financier, CAE, Cominar, Hydro-Québec, Miller Thomson et Stingray. Un prix Coup de cœur a également été donné à Métro.
D’autre part, cinq Solidaires ont été remis à des organismes, des bénévoles et des intervenants communautaires qui, par leurs actions, améliorent la vie des personnes vivant dans un contexte de pauvreté et d’exclusion sociale :
- Parrainage civique du Haut-Richelieu (Solidaires Empowerment) L’organisme favorise une meilleure participation sociale et citoyenne des personnes vivant avec une déficience intellectuelle grâce au jumelage entre un citoyen bénévole et une personne ayant certaines incapacités.
- Centre de femmes du Haut-Richelieu (Solidaires Mobilisation). Le Centre de femmes a réussi à mobiliser huit organismes locaux afin d’implanter un jardin collectif intergénérationnel et durable où jeunes et aînés dans le besoin produisent près de chez eux des légumes de qualité à faible coût.
- Pierre G. Cartier, directeur général de la Corporation de l’Étincelle (Solidaires Leadership). Dirigeant l’organisme de Saint-Henri depuis de nombreuses années, M. Cartier permet à des familles, enfants, aînés ou personnes handicapées défavorisées de profiter d’un séjour en camp dans Lanaudière. Son leadership a permis d’optimiser les modalités d’accueil et les politiques d’accessibilité aux personnes vulnérables, tout en encourageant la mixité sociale et la diversité.
- Mohamed Maazami, bénévole à La Joujouthèque Saint-Michel (Solidaires Engagement citoyen). Établi au Québec depuis 1989, M. Maazami sait rendre à la communauté les bienfaits qu’elle lui apporte. Il s’investit notamment à la Joujouthèque Saint-Michel depuis 18 ans. Cet organisme vise le développement de l’enfant par le jeu et favorise la relation parent-enfant afin de prévenir ou diminuer les retards de développement.
- Caroline Langevin, directrice générale de la Corporation L’Espoir (Solidaires Relève). Depuis sept ans, Mme Langevin dirige la Corporation L’Espoir afin d’amener un nombre grandissant de personnes handicapées à connaître les bienfaits de l’inclusion et de l’intégration sociale. L’organisme offre des services adaptés à plus de 450 familles de l’île de Montréal qui vivent avec une personne présentant une déficience intellectuelle ou un trouble de l’autisme.
Une mention de reconnaissance a également été décernée à Pat Hardt, infirmière et psychothérapeute à la retraite, qui est bénévole à la Fondation du refuge pour femmes Chez Doris.
Finalement, le Prix Michèle Thibodeau-DeGuire a été attribué à Louis L. Roquet afin de souligner sa grande contribution à l’avancement de la mission de Centraide du Grand Montréal depuis près de 15 ans, notamment à titre de membre de son conseil d’administration.
Centraide du Grand Montréal est une organisation autonome, gérée par un conseil d’administration représentatif de la communauté et dont l’action couvre Laval, Montréal et la Rive-Sud. Près de 57 000 bénévoles sont impliqués au sein des organismes qu’il soutient et 22 000 bénévoles se consacrent à l’organisation de sa campagne annuelle. Centraide reçoit l’appui de 1 200 entreprises et institutions privées, publiques et parapubliques ainsi que de grandes organisations syndicales. Pour plus de détails : centraide-mtl.org.