Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain

Écho du RAAMM pour la période du 14 au 20 février

12 février 2022

Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 14 au 20 février 2022.

Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.

(photo: Portrait de Louis Braille)

 

 

 

 

Sommaire

1. Coup de cœur et coup de gueule du RAAMM : une première année fructueuse!

Du 6 au 12 février 2022 avait lieu la 75e Semaine de la canne blanche, un événement de sensibilisation à la déficience visuelle.

C’est à cette occasion que le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) a dévoilé ses tout premiers coup de cœur et coup de gueule annuels. Ces derniers visent à mettre en lumière les initiatives qui constituent une avancée et à dénoncer les situations qui entraînent un recul en matière d’accessibilité pour les personnes handicapées visuelles et de respect de leurs droits.

Le premier coup de cœur du RAAMM a été remis à la série Six degrés de Simon Boulerice diffusée par Radio-Canada pour sa représentation d’un personnage principal ayant une déficience visuelle. Un grand coup pour la diversité à la télé québécoise!

Du côté du coup de gueule c’est le site Clic Santé qui s’est récolté l’ire du public en rendant impossible pour les personnes aveugles et malvoyantes de prendre rendez-vous pour un vaccin contre la COVID19. Consultez notre capsule vidéo l’illustrant clairement. L’accès à Clic Santé n’est pourtant pas une question de privilège, mais une question d’équité!

Les lauréats ont été dévoilés sur les médias sociaux du RAAMM et par voie de communiqué le lundi 7 février et le RAAMM se réjouit de la réception médiatique et populaire.

En effet, les publications concernant les lauréats – au moment d’écrire ces lignes – avaient été partagées 65 fois sur Facebook pour rejoindre 4750 personnes et la nouvelle a généré une belle couverture médiatique que vous pouvez consulter ici :

Entrevue de Pascale Dussault sur AMI-télé, 7 février 2022

Clic Santé reçoit le prix citron d’un regroupement de personnes avec un handicap visuel, article de Stéphanie Dupuis sur le site de Radio-Canada, 7 février 2022

La série de Simon Boulerice, coup de cœur des aveugles, article de Dominic Tardif dans La Presse, 7 février 2022

Le RAAMM dévoile les bons et les mauvais coups de 2022, article dans Courrier Laval, 7 février 2022

2. « Clic Santé reçoit le prix citron d’un regroupement de personnes avec un handicap visuel »

Un article de Stéphanie Dupuis publié le 7 février 2022 sur ici.radio-canada.ca

La Semaine de la canne blanche s’amorce au Québec, et le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) refuse de se retrouver une fois de plus dans l’angle mort de la société. C’est pourquoi ses membres ont décidé de décerner leurs premiers prix coup de cœur et coup de gueule cette année. Au banc des accusés : l’accessibilité du portail Clic Santé.

Cette plateforme, utilisée notamment pour la prise de rendez-vous pour la vaccination contre la COVID-19, ne fait pas bonne figure auprès de la communauté de personnes handicapées visuellement : celles-ci n’arrivent pas à y naviguer de façon autonome.

Il faut savoir que, pour surfer sur le web, une personne aveugle ou malvoyante utilise toutes sortes d’outils. Cela peut être un logiciel de grossissement, qui permet de lire 1/16 (ou d’autres ratios) de page à la fois, un outil de lecture de page web en synthèse vocale ou même une tablette à relief, qui, une fois connectée à l’ordinateur, traduit le tout en braille. La lecture se fait d’une ligne à l’autre, d’un paragraphe à l’autre.

La tâche n’est donc pas simple sur Clic Santé : Dès qu’on entre sur le site, il y a plein de choix, mais on n’utilise pas un composant standard HTML, ce qui fait que oui, on peut parcourir la liste des services offerts [avec un lecteur d’écran], mais on ne peut toutefois pas sélectionner quoi que ce soit, dénonce Jean-Marie D’Amour, président du RAAMM et expert en accessibilité web.

Selon ses estimations, le problème pourrait être corrigé facilement, moyennant un coût négligeable de 2000 à 3000 $. Jean-Marie D’Amour s’offre même de le faire gratuitement, parce qu’il n’en peut plus d’attendre.

Le regroupement n’en est pas à sa première sortie publique pour dénoncer l’accessibilité du portail Clic Santé, qui a été créé il y a plus d’une dizaine d’années.

« Le gouvernement savait bien avant la pandémie de COVID-19 qu’il y avait des problèmes d’accessibilité avec le portail. Le regroupement québécois a déjà fait des démarches auprès de lui. » — Une citation de Pascale Dussault, directrice du RAAMM et elle-même non voyante

Afin de contourner le site web, la communauté est contrainte de se tourner vers le téléphone pour prendre rendez-vous. Le problème : elle se heurte parfois à un temps d’attente élevé et à des heures d’ouverture restreintes, qui se terminent parfois à 17 h, déplore Jean-Marie D’Amour.

Questionné sur ce problème en mars 2021, le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) du Québec avait confirmé que le site n’était pas adapté aux personnes aveugles; il recommandait à celles-ci d’utiliser le téléphone.

Une ligne téléphonique est disponible pour assurer la prise de rendez-vous, notamment pour les personnes non voyantes : 1 877 644-4545, réitère une porte-parole du MSSS, approché de nouveau.

Quelles normes pour le Québec?

En 2011, le gouvernement s’est doté de normes d’accessibilité, s’appuyant sur les standards internationaux adoptés en 1999.

« Le gouvernement du Québec a décidé que ses propres sites web devaient répondre à ces normes et doivent être utilisables au plus grand nombre de personnes possible. »— Une citation de Jean-Marie D’Amour

Le gouvernement ne répond donc pas à ses propres standards avec Clic Santé, selon le spécialiste, considérant aussi qu’on estime à 200 000 le nombre de personnes handicapées visuelles dans le Grand Montréal seulement.

Clic Santé a été fait par une entreprise privée, et le gouvernement devrait imposer les mêmes normes d’accessibilité qu’au public, sinon c’est incohérent de se doter de standards en la matière, dénonce-t-il.

Le président du regroupement propose même que le RAAMM collabore avec les développeurs et développeuses du site afin de tester auprès des principales personnes intéressées les fonctionnalités d’accessibilité lorsqu’elles seront mises en place.

Sollicité par Radio-Canada, le MSSS souhaite d’abord préciser que Clic Santé n’est pas un site gouvernemental officiel.

« Le ministère a un plan, mais les travaux sont complexes, longs, et prendront plus d’une année à réaliser, et ils sont beaucoup plus coûteux que le montant suggéré par M. D’Amour. Tout au long du processus, le ministère doit s’assurer que toutes les fonctionnalités actuelles de Clic Santé continuent de répondre à la demande. »

Une citation de Marie-Louise Harvey, relationniste média au MSSS

Nous comprenons très bien que les citoyens qui rencontrent des services non adaptés à leur situation puissent [être affectés par la situation] et la dénoncent. Les équipes du ministère travaillent très fort pour rendre accessible et performant l’ensemble des outils du ministère pour tous, dont la plateforme Clic Santé, a-t-elle ajouté.

D’autres épines

Lorsqu’Internet a fait son entrée dans les foyers québécois, au cours des années 1990, les personnes avec un handicap visuel avaient bon espoir d’être plus autonomes, souligne Pascale Dussault. À ses yeux, cela allait mettre fin à la nécessité de traduire en braille un article de journal, ou encore de se faire faire la lecture par d’autres.

Bien que certains outils comme les assistants vocaux (Google Home, Alexa, Siri, etc.) leur offrent un coup de main, elle se désole de voir que la technologie ne semble pas toujours lui rendre service.

« On a parfois envie de pleurer quand on essaie de faire des choses et que ça ne marche pas, car on a l’impression qu’on nous oublie tout le temps. On existe! » — Une citation de Pascale Dussault

La liste des finalistes aux prix citrons du RAAMM comprend aussi l’application VaxiCode (liée au passeport vaccinal), jugée trop compliquée pour la navigation avec un lecteur d’écran.

Les sites web de la Ville de Montréal et de Longueuil, qui ont récemment subi une refonte, ne reçoivent pas les éloges de la communauté non plus.

« Les plus gros obstacles en ligne pour les personnes avec un handicap visuel, ce sont les éléments interactifs, comme les menus déroulants, les accordéons et les carrousels. » — Une citation de  Jean-Marie D’Amour

Le service de covoiturage Amigo Express a bien failli remporter lui aussi un prix coup de gueule. Il s’inscrit dans une tendance qu’ont les entreprises de délaisser de plus en plus le téléphone au profit du libre-service en ligne, selon Pascale Dussault, qui se sent de plus en plus exclue par ce genre d’approche. Pourtant, ce service est essentiel pour les personnes malvoyantes ou aveugles, qui ne peuvent pas conduire.

La Ville de Longueuil et Amigo Express n’ont pas donné suite à une demande de commentaires de la part de Radio-Canada.

La Ville de Montréal a pour sa part mentionné qu’elle a tenu une rencontre, à la fin janvier, avec le RAAMM afin de mieux comprendre les préoccupations de ses membres, et modifié en conséquence sa feuille de route de 2022 pour poursuivre l’amélioration de l’accessibilité du site web. Un porte-parole de la Ville assure qu’un audit externe d’accessibilité ainsi qu’une révision du processus d’assurance qualité sera effectué au cours de l’année.

« L’équipe responsable de la réalisation du site web de la Ville de Montréal est dans une démarche d’amélioration continue. Des travaux ont été réalisés au cours des dernières années afin d’améliorer l’accessibilité du site. » — Une citation de Guillaume Rivest, relationniste à la Ville de Montréal

Des prix coups de cœur

Le RAAMM tenait aussi à souligner les bons coups, notamment en matière de représentativité positive des personnes aveugles ou malvoyantes. Les membres décernent la première place à la série jeunesse Six degrés, de Simon Boulerice.

« On peut y voir un ado avec une déficience visuelle qui s’intègre très bien à l’école. C’est une belle visibilité pour les handicaps visuels. »

Une citation de Pascale Dussault

Parmi les finalistes, le regroupement a également souhaité souligner le système Fidelio(Nouvelle fenêtre), un appareil de vidéodescription des films offert dans les cinémas Cineplex. Un spectacle de danse en audiodescription de Danse-Cité – pour l’accueil, la qualité de l’adaptation et la démarche inclusive derrière le projet – de même qu’un atelier de danse contemporaine adapté par Laurie-Anne Langis se sont aussi glissés parmi les succès de l’année.

Bien que 2022 marque la première remise de prix coup de cœur et coup de gueule, le RAAMM souhaite en faire une tradition.

La Semaine de la canne blanche, qui célèbre 75 ans de sensibilisation à la situation des gens avec un handicap visuel, se poursuit jusqu’au 12 février.

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859817/clic-sante-handicap-visuel-accessiblite–web-raamm-vaxicode

3. Six degrés La série de Simon Boulerice, coup de cœur des aveugles

Un article de Dominic tardif publié le 7 février 2022 dans La Presse

« Quand j’écris sur la différence, j’ai toujours le besoin de valider que ce que je montre est fidèle à la réalité », dit Simon Boulerice. Voilà pourquoi il se réjouissait lundi que la série Six degrés ait reçu le prix Coup de cœur du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM).

Remis chaque année à l’occasion de la Semaine de la canne blanche, qui vise à sensibiliser le grand public à la déficience visuelle, le prix souligne une initiative constituant une avancée pour le respect des droits des personnes aveugles et malvoyantes. Six degrés marque, selon la directrice générale du RAAMM, Pascale Dussault, « un grand coup pour l’inclusion de la diversité à la télé québécoise. » La série était également nommée en octobre dernier au Diversity TV Excellence Awards à Cannes.

Diffusée sur ICI Télé, ainsi que sur AMI-télé, Six degrés raconte l’histoire de Léon, un adolescent malvoyant interprété avec beaucoup de finesse par Noah Parker. D’abord mis au monde entre les pages d’un album jeunesse publié en 2016 chez Québec Amérique (Florence et Léon), l’attachant personnage a largement été inspiré à son auteur par son ami Méridick Forest, devenu consultant pour la série.

« J’avais cette crainte de blesser la communauté des malvoyants en les représentant mal », a expliqué Simon Boulerice à La Presse. Méridick Forest, lui-même malvoyant, l’a donc non seulement conseillé dans l’écriture de l’émission, mais a aussi accompagné Noah Parker sur le plateau. « Pour l’aider dans ses déplacements, pour lui indiquer des petits détails, pour toucher au plus de vérité possible. »

Fastidieux, représenter un handicap à l’écran ? Au contraire, répond l’auteur, qui voit dans ce prix la preuve que les efforts d’inclusivité déployés par la télé québécoise ont des effets réels sur la vie des gens. « Ce prix me donne l’élan pour embrasser encore plus les différences.»

Un coup de gueule a quant à lui été décerné à la plateforme Clic Santé, inaccessible aux personnes aveugles et malvoyantes.

Source : https://www.lapresse.ca/arts/television/2022-02-07/six-degres/la-serie-de-simon-boulerice-coup-de-coeur-des-aveugles.php

4. Travaux autour de la Place Charles-Lemoyne, recommandations pour accéder à l’INLB

Une diffusion du Comité des usagers de l’INLB , 3 février 2022

Bonjour,
Veuillez prendre note qu’en raison d’une entrave, le trottoir longeant la rue Place Charles-Lemoyne n’est plus accessible pour les piétons pour une période indéterminée. Des signaleurs s’y trouvent pour rediriger les gens. SVP veuillez emprunter les passerelles et ensuite circuler par l’extérieur pour le passage entre l’accès à la station de métro et l’édifice du Port-de-Mer.

À noter qu’il est également possible de sortir par le 1111 Saint-Charles O., traverser Place Charles-Lemoyne à l’aide du signal sonore et se rendre jusqu’à l’immeuble de l’université de Sherbrooke où un chemin d’accès balisé permet de se rendre jusqu’à la porte de l’Atrium.

De plus, nous avons été informés que dans l’immeuble de la station de métro, il n’est maintenant plus possible de circuler par le passage (celui anciennement près du McDonald) permettant de rejoindre l’Atrium de l’Université de Sherbrooke.

L’accès entre le métro et l’Atrium doit absolument se faire à partir du terminus d’autobus, par la porte située à proximité du Tim Hortons.

N’hésitez pas à faire appel auprès de votre spécialiste en orientation et mobilité si vous avez besoin de plus de détails ou d’une familiarisation.

Merci de votre collaboration !

Pour le directeur des programmes DI-TSA, DP et DV, M. Étienne Veilleux
et Geneviève Lizé, adjointe au directeur

Nihal Farag
Technicienne en administration
Direction des programmes DI-TSA, DP et DV
CISSS de la Montérégie-Centre
Institut Nazareth et Louis-Braille
1111, rue St-Charles Ouest
Longueuil (Québec) J4K 5G4
Tour ouest, bur. 200
Téléphone : 450 463-1710 poste 229
[email protected]

Source : Usager-Express [email protected]

5. Une brigade de l’accessibilité universelle à Laval

Un article de Philippe-Antoine Saulnier publié le 9 février 2022 sur ici.radio-canada.ca

Une porte d’entrée inaccessible, un espace trop exigu pour laisser passer un fauteuil roulant, une signalisation déroutante, même une lumière trop intense ou du bruit assourdissant peuvent être autant d’obstacles pour les personnes handicapées. Les sites Internet peuvent, eux aussi, poser plusieurs difficultés aux personnes aveugles, par exemple.

Depuis quelques mois, une brigade de quelque 25 personnes handicapées répertorie ces obstacles dans certains lieux publics de Laval, grâce à une nouvelle application mobile.

« Nous, on entend toutes sortes d’aberrations, indique Josée Massicotte, chargée de projet au Regroupement des organismes de promotion des personnes handicapées de Laval (ROPPHL), responsable de la Brigade AXECIBLE. Ça nous prenait un endroit pour recenser ça.»

L’application mise au point par l’équipe du ROPPHL répertorie une multitude d’obstacles possibles sur le parcours d’une personne handicapée, selon les limitations de l’individu qui l’utilise. Les personnes aveugles et celles en fauteuil roulant, par exemple, évalueront des éléments différents le long de leur parcours.

Depuis l’été 2021, les brigadiers évaluent ainsi divers aspects liés à l’accessibilité dans les lieux publics qu’ils fréquentent au quotidien, par exemple les transports en commun, les hôpitaux, les bibliothèques, etc. Pour le moment, la brigade se concentre toutefois sur les installations qui relèvent de la Ville de Laval ou du gouvernement provincial, qui ont des obligations plus importantes que les lieux privés en matière d’accessibilité universelle.

Les obstacles physiques des lieux ne sont pas les seuls à être évalués. L’accueil et l’aide offerte par les employés font aussi partie du questionnaire, tout comme la signalisation des lieux et les embûches qui peuvent apparaître sur les sites Internet des institutions.

Des rapports sont par la suite acheminés aux gestionnaires des institutions concernées. L’objectif est de communiquer les failles d’accessibilité aux partenaires de manière constructive, explique Josée Massicotte.

« D’arriver devant un partenaire et de lui dire : ça fonctionne pas, on a des plaintes à formuler, des revendications à faire, ce n’est pas une bonne façon. » — Une citation de  Josée Massicotte, chargée de projet au ROPPHL

La Cité-de-la-Santé sous la loupe

Christine Tessier, qui emploie l’application depuis quelques semaines, l’a utilisée pour évaluer un département de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé. Elle a d’abord eu du mal à s’installer dans la salle d’attente avec son fauteuil roulant. « Il y a des chaises partout… tu te places où? Et avec la pandémie, il y a aussi des panneaux partout! J’ai dû déplacer une chaise pour m’installer quelque part.»

L’application lui a ensuite permis d’évaluer une salle de bain. Celle-ci était adaptée, mais la minuscule affiche qui l’annonçait était invisible de loin. La poignée était ronde, j’ai eu un peu de misère avec mes mains. Pas de crochet pour mon manteau : le crochet était à la hauteur de quelqu’un qui est debout, raconte Mme Tessier. Ce sont des détails, insiste-t-elle, mais qui s’additionnent et compliquent la vie de bien des gens.

Stéphanie Longpré, une autre brigadière, a des difficultés de mobilité et d’orientation depuis qu’elle a subi un traumatisme crânien cérébral. Elle emprunte régulièrement les transports en commun à Laval, et certains endroits, comme la station de métro De la Concorde, lui semblent particulièrement déroutants.

« Depuis mon accident, je n’ai plus de capacités intuitives et j’ai besoin d’indications. Beaucoup de monde, au métro De la Concorde, vont dire que c’est évident, mais moi si ce n’est pas indiqué, je ne le sais pas. »

— Une citation de  Stéphanie Longpré, membre de la Brigade AXECIBLE

Selon ces deux brigadières, c’est toutefois dans les lieux privés, comme les commerces, les restaurants ou les salles de spectacle, que les obstacles à l’accessibilité sont les plus fréquents. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que des personnes handicapées, il y en a de plus en plus, croit Christine Tessier.

« La population est vieillissante, alors on va en voir de plus en plus avec des marchettes, des cannes et des fauteuils. Les mamans avec les carrosses, c’est la même chose : s’il n’y a pas de porte automatique et de rampe d’accès, c’est plus difficile. »

Un outil pour les gestionnaires des lieux publics

Josée Massicotte constate une grande volonté de la part des gestionnaires d’améliorer l’accessibilité, mais ceux-ci expriment un besoin de mieux connaître les meilleures pratiques, selon elle. On ne sait pas trop comment s’y prendre, alors il y a des faux pas qui sont faits. Ou encore, tant qu’à ne pas savoir quoi faire ni comment le faire, on aime mieux ne rien faire.

La Ville de Laval, qui a contribué à financer la création de la Brigade AXECIBLE, entend se servir des rapports qui seront produits grâce à l’application.

« Si l’accueil n’était pas convenable pour une personne autiste, par exemple, cela peut être une question de formation pour tel ou tel employé », explique Nicholas Borne, conseiller municipal responsable des transports et de l’habitation au comité exécutif.

« Si c’est un ascenseur qui est manquant, on comprend que c’est un projet à moyen terme, mais pour des demandes qui ne demandent pas nécessairement un investissement important, on pourra réagir rapidement », dit M. Borne.

Le ROPPHL espère que l’application qu’il a mise au point à Laval puisse éventuellement être reprise par les organismes des autres régions du Québec.

« Les difficultés des personnes handicapées révèlent les difficultés de toute la société. »— Une citation de  Josée Massicotte, chargée de projet au ROPPHL

« On aide tout le monde en mettant l’accessibilité universelle pour les personnes handicapées, c’est toute la communauté qui en profite », conclut Josée Massicotte.

Le journaliste Philippe-Antoine Saulnier explique quels éléments sont principalement notés par la brigade. Émission 15-18, reportage sur Ohdio, durée 7 minutes :

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/segments/reportage/389958/application-mobile-accessibilite-handicap-lieux-publics-laval

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860806/brigade-accessibilite-universelle-handicapes-laval-saulnier

6. La Ville de Boucherville sollicite votre collaboration pour des tests utilisateurs afin de rendre son site Web accessible

Aidez-nous à rendre le site Web de la Ville de Boucherville accessible!

La Ville de Boucherville changera son site Web bientôt. Ce nouveau site, qui n’est pas encore disponible en ligne, a été conçu en respectant les normes d’accessibilité Web.

Nous cherchons des personnes bénévoles, de différents niveaux d’aisance en technologie, pour vérifier si tout fonctionne bien du côté des utilisateurs. Nous cherchons entre autres des personnes avec une basse vision, afin de tester l’efficacité du nouveau site avec certains logiciels de lecture.

Quel sera votre implication?

  • Assister à une rencontre virtuelle pour obtenir des indications;

  • Pouvoir accorder 3 heures de votre temps pour faire le test;

  • Inscrire vos commentaires dans la grille Excel qui sera fournie et nous la transmettre ensuite par courriel.

Comment se déroule le test?

  • Le test se fait à distance à partir de votre équipement personnel;

  • Nous vous enverrons un hyperlien sur lequel se trouve la version de travail (bêta) du site ainsi qu’une grille Excel avec la liste des fonctionnalités à tester;

  • Vous pourrez inscrire vos commentaires pour chacune des fonctionnalités à tester dans ce document;

  • Vous aurez trois jours consécutifs pour réaliser le test (période de validité de l’hyperlien).

Pourquoi participer?

  • Voir le futur site Web de la Ville de Boucherville en primeur;

  • Donner votre opinion;

  • Faire en sorte que le site de Boucherville réponde le mieux possible aux besoins des citoyens vivant avec certaines limitations;

  • Contribuer à un projet rassembleur!

Comment participer?

Communiquer votre intérêt par courriel ou par téléphone à Andréanne Grondin, secrétaire de direction à la Ville de Boucherville, au plus tard le 18 février prochain.

Courriel : [email protected]

Téléphone : 450 449-8100, poste 8915

7. Région des Laurentides : Une association pour les personnes ayant un handicap visuel

Un article de France Poirier publié le 9 février 2022 par journallenord.com

À la suite de la mobilisation de différentes personnes concernées, l’Association des personnes handicapées visuelles et aveugles des Laurentides (APHVAL) a été constituée et a officiellement pris naissance le printemps dernier.

L’association oeuvre à travers la grande région des Laurentides. Les membres visés sont les personnes aveugles, les personnes handicapées visuelles et les personnes ayant reçu un diagnostic de maladie visuelle progressive ainsi que leurs familles et leurs proches. C’est 3,5 % de la population âgée de 15 ans et plus qui est atteinte d’une déficience visuelle.

Les objectifs visés par l’APHVAL sont de :

Sensibiliser la population en général ainsi que les différentes instances à la réalité et aux besoins des personnes présentant une déficience visuelle ;

Défendre et faire la promotion des droits et intérêts de la personne présentant une déficience visuelle ;

Développer et offrir des activités de soutien répondant aux intérêts des membres afin de favoriser leur intégration, tant sur le plan social que communautaire ;

Regrouper les membres afin de briser leur isolement.

L’équipe est actuellement composée des administrateurs et de quelques collaborateurs qui veillent à la promotion de l’organisme, à la liaison avec les membres, au développement des partenariats et de l’offre de services. Malgré la pandémie, l’équipe continue ses efforts de recrutement de membres et de sensibilisation auprès des différentes instances pour mieux prendre son élan lorsque la situation sera plus calme. L’APHVAL est également à la recherche de bénévoles pour ses activités; n’hésitez pas à vous manifester.

Pour bénéficier des services de l’association, il est possible de devenir membre. La cotisation annuelle a été établie à 10 $. Toute personne intéressée est invitée à entrer en contact avec l’association par téléphone au 514 237-6389 ou par courriel à: [email protected] .

Source : https://www.journallenord.com/une-association-pour-les-personnes-ayant-un-handicap-visuel/

8. Prévoir l’inclusion en amont – Rencontre avec une consultante en design inclusif et accessibilité universelle


Une chronique de Marie-Sol St-Onge publiée le 6 février 2022 par le Nouvelliste numérique

En 1969, l’homme posait le pied sur la lune. Au moment où Neil Armstrong prononçait sa célèbre phrase, «un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’Humanité», le réseau mondial RI (Réhabilitation Internationale) créait le tout premier symbole d’accessibilité universelle. Alors que la conquête de l’espace atteignait des sommets inimaginables, les personnes en situation de handicap souhaitaient juste rouler plus librement sur Terre…

Durant les décennies qui ont suivi, le logo bleu et blanc utilisé pour indiquer les espaces réservés ainsi que les installations accessibles n’a pas changé. Ce n’est qu’autour de 2011 qu’une proposition plus dynamique du symbole est adoptée par plusieurs. C’est un peu le même dessin avec les mêmes couleurs, mais la personne en fauteuil roulant se propulse elle-même, donnant une image plus positive du handicap. Aujourd’hui, un concours est de nouveau lancé: on veut inclure tous les handicaps et pas nécessairement ceux qui nécessitent un fauteuil roulant.

J’en ai discuté avec Christelle Montreuil, consultante en design inclusif et accessibilité universelle et j’ai bien aimé son angle de vue sur le sujet.

«Dans un monde idéal, le logo pour personnes handicapées n’existerait même plus, parce que tout serait inclusif. N’importe qui pourrait utiliser les installations, peu importe ces capacités. L’objectif, ce n’est pas de repenser un logo, c’est de repenser l’environnement, les services.»

C’est exactement ce qu’elle propose par le biais de son métier, disons-le, encore trop peu connu. À son compte depuis peu, Christelle est appelée à concevoir des environnements et des services qui sont accessibles et utilisables pour tous. Sa clientèle est très variée, elle travaille entre autres avec les municipalités, les centres de services scolaires, les architectes, les designers et toutes personnes qui s’intéressent au design inclusif ou à l’accessibilité universelle.

Mais quelle est la différence entre design inclusif et accessibilité universelle? Curieuse de connaître la distinction entre les deux services, j’ai posé la question à Christelle.

«L’accessibilité universelle c’est de rendre accès à tous, tandis que le design inclusif, c’est de rendre accès ET utilisable à tous.»

En d’autres mots, lorsqu’un restaurant affiche le logo d’accessibilité universelle, ça annonce seulement que l’accès au bâtiment a été conçu pour que les clients en situation de handicap puissent entrer. Il n’y a donc aucune garantie qu’une fois à l’intérieur, les personnes vivant avec des limitations ne rencontreront pas d’obstacles. Il est en effet possible que la salle de bain ne soit pas adaptée, que l’espace disponible entre les tables ne permette pas à un fauteuil roulant de circuler, qu’une personne de petite taille puisse être assise à la bonne hauteur pour manger ou qu’un menu approprié aux malvoyants ou aux non-voyants est disponible. Si le restaurateur se soucie de servir convenablement tous les clients sans exception, il doit d’abord avoir réfléchi au design inclusif.

Lorsque Christelle Montreuil entame un projet, elle ne cherche pas nécessairement à cibler un handicap en particulier. C’est plutôt l’ensemble d’une possible clientèle qui l’intéresse.

«C’est super rare que je parle de diagnostics. Moi je parle plus en terme de pour tous et pour toutes les capacités. Je veux considérer mon environnement selon toutes les capacités possibles. Est-ce que la vue, l’ouïe, le goûter, le toucher (marcher)… dans le fond, est-ce que tous les sens sont répondus dans cet environnement-là.»

Cela fait plus de 15 ans que Christelle est passionnée par l’inclusion. Le déclic s’est d’ailleurs produit lorsqu’un de ses meilleurs amis a eu un accident de voiture. Atteint d’un TCC (traumatisme crânio-cérébral), le jeune homme s’est retrouvé confronté à plusieurs obstacles dans sa propre maison. Étudiante en design industriel au Cégep de Sainte-Foy, les difficultés de son ami lui ont alors révélé sa mission de vie. Dans la tête de la designer, la situation n’était tout simplement pas acceptable.

«Ça ne marche pas que ta maison, du jour au lendemain, ne réponde plus à tes besoins qui peuvent changer au courant de ta vie.»

Avec sa nouvelle sensibilité, la jeune femme s’était sentie un peu «extraterrestre» dans le domaine du design. Elle a dû créer sa propre formation pour aller chercher tous les outils nécessaires afin d’offrir de judicieux conseils à ses clients. Un baccalauréat en design de l’environnement à l’UQAM suivi d’une maîtrise en sciences de l’architecture ainsi qu’un doctorat sur mesure en design et accessibilité universelle à la faculté de médecine de l’Université Laval sont venus compléter ses études.

Comblée par son travail, il arrive néanmoins qu’elle doive faire face à quelques réticences et préjugés. Certains architectes brandissent le code du bâtiment pour justifier le peu d’adaptation à intégrer dans leurs plans. Bien que ce soit un bon départ, la consultante en design inclusif m’explique que l’on ne peut se fier uniquement aux normes de conception sans obstacle pour rendre les lieux accessibles et utilisables à tous.

«C’est principalement basé pour les personnes en fauteuil roulant, mais c’est souvent une minorité des personnes en situation de handicap. Il faut penser plus loin que ça.»

Elle entend aussi de la part des bâtisseurs que les éléments à intégrer gâcheront le design, alors qu’un bon architecte va réussir à les inclure de façon harmonieuse, sans qu’on les remarque.

Mais ce qui revient le plus souvent dans la pratique de son métier est l’ignorance des besoins. On lui affirme régulièrement qu’il n’y a pas de personnes handicapées sur le territoire d’une municipalité ou parmi une clientèle desservie. À cela, elle répond ceci: «Ça ne se peut pas! Si tu penses qu’il n’y en a pas, c’est justement parce que ton environnement n’est vraiment pas accessible, ces gens-là sont simplement pris chez eux!»

En fait, 100 % des citoyens seront confrontés au moins une fois dans leur vie à un handicap, qu’il soit temporaire ou permanent. Tout le monde gagne à concevoir d’emblée des installations adaptées. On a juste à penser à la population vieillissante, aux parents avec leur poussette, les livreurs et les déménageurs… ainsi que tous ceux et celles qui vivent avec une limitation, peu importe laquelle.

Christelle Montreuil n’est pas une personne en situation de handicap. C’est d’ailleurs un préjugé qu’elle a souvent rencontré. Au début de sa carrière, on l’a même déjà refusée à un poste en accessibilité pour cette raison. Au fil du temps, ses compétences ont supplanté son «handicap» de ne pas être elle-même handicapée et sa clientèle s’est fidélisée.

«Je crois en la force du réseau, ce n’est pas parce que je ne suis pas une personne malvoyante que je ne comprends pas leurs besoins. Puis si je ne les comprends pas bien, j’ai un réseau en dessous de moi… c’est eux mes experts du quotidien!»

Le réflexe de bâtir en amont pour inclure tout le monde n’est pas encore très répandu. Mais la bonne nouvelle est que Christelle a vu les demandes de consultation se multiplier au cours des derniers mois. Comme quoi on ne devrait pas avoir à attendre qu’un être humain pose le pied sur Mars pour que les installations sur Terre soient plus inclusives!

Christelle Montreuil a son bureau à Nicolet, mais les consultations virtuelles lui permet d’élargir au Québec en entier ses services. Pour la contacter, rendez-vous sur son site internet : www.ideaux.ca

Source : https://www.lenouvelliste.ca/2022/02/06/prevoir-linclusion-en-amont-6ad3e5a2cc6b367eadf0040aed8efa19

9. Les humains sont-ils jetables?

Lettre ouverte du Réseau des cuisines collectives de Montréal (RCCM), publiée le 3 février 2022 dans Le Journal Métro, section Débats

Bien qu’il soit confrontant de se poser cette question, elle se pose néanmoins. Spécialement quand on tente d’expliquer l’inexplicable. Si la pandémie de COVID-19 est exigeante pour la majorité d’entre nous, elle est atroce pour les plus vulnérables. Les mesures sanitaires mises en place ont apporté, entre autres, leur lot d’impacts financiers, sociaux et de santé. 

Pour les personnes qui ont besoin d’aide alimentaire et qui font partie des plus fragilisées de notre société, différentes initiatives communautaires ont été créées dans le contexte de la pandémie. La livraison à domicile de paniers de denrées afin de réduire les risques de contamination en est un exemple.

En distribuant de la nourriture aux portes des aînéEs et autres personnes vulnérables, des organisations du milieu communautaire, dont le Réseau des cuisines collectives de Montréal (RCCM), firent un difficile constat. Des intervenantEs du milieu communautaire ont vu des lieux de résidence misérables et des conditions de vie abominables.

On retrouve sur notre territoire une pauvreté invisible. Celle de personnes, pourtant fières et importantes, qui ne quittent pas leur logis, ou si peu, parce qu’elles sont en perte d’autonomie, physique, cognitive, souffrantes mentalement, dépourvues de revenus décents et de réseaux de soutien. 

Comme tout le monde, ces personnes ont des capacités et de la valeur. Elles ont le droit à la santé, le droit à la vie et le droit à la dignité. Parce qu’elles n’ont pas les ressources pour se représenter dans l’espace public, elles sont oubliées et négligées.

Ce n’est pas seulement quand elles manquent à l’appel collectif de se faire vacciner qu’il faut s’en soucier et les rejoindre.

Il n’est pas acceptable, dans une société riche comme la nôtre, qu’il y ait des personnes qui vivent dans de telles conditions.

Il n’est pas acceptable que des personnes s’accommodent de vivre à travers leur fenêtre parce qu’elles peuvent difficilement sortir de chez elles sans un appui structurant. 

Il existe une pauvreté systémique au Québec. Elle englobe à la fois les personnes qui manquent de ressources, mais qui sont riches de leurs talents, savoirs et expériences et le système qui les laisse pour compte et se prive de leurs forces.  

Il n’existe pas de réelles mesures publiques universelles pour éliminer la pauvreté. On la gère et on s’accommode des effets sur les personnes qui la vivent. Il semblerait qu’à un certain moment, quand une personne ne contribue pas suffisamment à la productivité économique, elle est jetable.

Réseau des cuisines collectives de Montréal (RCCM)

Le Réseau des cuisines collectives de Montréal est une concertation de représentants d’organismes qui tiennent des activités de cuisines collectives, qui contribuent à leur promotion et à leur développement sur le territoire. 

Source :

https://journalmetro.com/debats/2770133/les-humains-sont-ils-jetables%EF%BF%BC/

10. L’invention musicale de Louis Braille

Un article de Philomène Parmentier publié le 8 février 2022 sur rtbf.be

L’apprentissage de la musique fait principalement appel à l’ouïe et à la vue. Il faut être capable de déchiffrer les partitions, de jouer juste, de suivre le tempo imposé par les gestes du chef d’orchestre. Fermez les yeux et essayez d’apprendre à jouer un nouveau morceau, vous voilà face aux obstacles que rencontrent les musiciens malvoyants.

Tout musicien débute son apprentissage de la musique par une découverte de l’écriture musicale grâce au solfège. Il apprend ensuite à faire passer les nuances, les staccatos. Comme l’acteur qui interprète un texte pour le rendre vivant, le musicien doit interpréter la partition selon son bagage musical, son vécu personnel pour partager le langage musical avec son public. Les musiciens traduisent des partitions en mélodies, mais certains d’entre eux ont besoin d’une traduction supplémentaire, d’écrit à écrit. Noires, blanches, croches ou rondes écrites “en noir” restent muettes pour le musicien qui ne voit pas.

Mais comment ces musiciens font-ils pour lire la musique ?

Retour en 1812, un jeune garçon de 3 ans, perd un œil en jouant avec un outil, son autre œil est gagné par l’infection et la cécité survient, irrémédiablement. Malgré son accident, le petit garçon suit les cours de l’école primaire de son village et grâce à son excellente mémoire, il parvient à retenir ses leçons. Vers 10 ans, ses parents l’inscrivent à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles à Paris.

Les élèves aveugles apprennent la lecture et l’écriture avec des caractères romains en relief. Un procédé initié par Valentin Haüy, mais qui s’avère peu efficace. Les caractères romains sont difficiles à reconnaître au toucher, la lecture est donc très lente. Les étudiants de l’Institution Royale des Jeunes Aveugles expérimentent ensuite un code inventé par un capitaine à la retraite, Charles Barbier. Très vite, la sonographie séduit les jeunes non-voyants qui, aidés de tablettes spéciales et d’un poinçon créés par le capitaine Barbier, apprennent à écrire avec des points. Ces points sont beaucoup plus faciles à lire et à écrire que des lettres en relief. Mais cette écriture ne respecte pas l’orthographe, ne permet pas de transcrire les signes de ponctuation, les chiffres et symboles mathématiques ou encore les notes de musique. Déterminé, le jeune aveugle consacre son temps libre à perfectionner le système Barbier. Et en 1829, le jeune garçon aveugle depuis ses 3 ans, Louis Braille, propose le premier exposé de sa méthode d’écriture au moyen de points, à l’usage des aveugles. Pianiste, violoncelliste et organiste, il développe sa méthode pour qu’elle puisse également transcrire la musique.

Mais quelles sont les informations que l’on retrouve dans une partition en braille ?

Pour que les compositions d’un compositeur comme Beethoven puissent pouvoir être interprétées le plus fidèlement possible, les partitions nous donnent des indications relatives aux notes, accords, tons, pauses etc. Si nos yeux sont capables de traiter les informations en parallèles, nos doigts doivent traiter les informations les unes après les autres. Le challenge de la musique braille est de permettre au musicien d’accéder à toutes les informations et nuances nécessaires à la musique.

Dans une transcription on constate qu’une note est transcrite en treize caractères braille. Mais en observant plus attentivement l’environnement de la note, on constate que la partition en noir compte également treize caractères : un pour la clé de sol, deux pour la note elle-même qui comprend une indication de durée et une indication de hauteur matérialisée par la portée, deux pour la nuance (“P” pour piano et le symbole qui suit pour le crescendo), le bémol qui précède le trille, lui-même indiqué par deux caractères, le ” tr ” plus la vaguelette qui suit, quatre pour le doigté, un pour la liaison.

La différence ne réside donc pas dans la complexité de l’écriture, mais dans la lecture de la partition. Le musicien voyant pourra ainsi se contenter de lire dans un premier temps la mélodie, en faisant abstraction de toutes les ornementations, des nuances, des liaisons, etc. Le musicien aveugle n’aura pas cette possibilité.

Le musicien mal ou non voyant doit apprendre tous les signes musicaux qu’il est susceptible de rencontrer avant de commencer à lire une partition. Mais cet apprentissage de l’ensemble des notions, le libère ensuite et le laisse se consacrer pleinement à la technique de son instrument, à son expression.

Source : https://www.rtbf.be/article/linvention-musicale-de-louis-braille-10930491