Écho du RAAMM pour la période du 29 avril au 5 mai
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 29 avril au 5 mai 2019.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire
- 1. Brunch-conférence au RAAMM ayant pour thème : «Installation des feux sonores à Longueuil, de l’évaluation à la mise en fonction!» Mardi le 7 mai 2019 de 10h à 12 h
- 2. RAAMM Offre d’emploi : Agent/Agente de recherche [Emplois d’été Canada]
- 3. Commission parlementaire du projet de loi 17 : Le ministre Bonnardel laisse les personnes handicapées sur la voie de garage
- 4. Sondage INCA : Véhicules connectés et automatisés
- 5. L’Artboretum présente « L’Hôtel des deux mondes »
- 6. Une application mobile aide les personnes aveugles à s’orienter à Regina
- 7. France : Afin de n’exclure personne, le web doit se rendre plus accessible
- 8. Microsoft Research présente une boîte à outils pour aider les malvoyants à utiliser la réalité virtuelle
- 9. Le braille face à la concurrence des nouvelles technologies
- 10. Japon : il devient le premier navigateur aveugle à traverser l’océan Pacifique
- 11. Nancy, France : une télécommande pour apprendre à reconnaître les chants d’oiseaux au parc Sainte-Marie
- 12. Il crée des tableaux avec une imprimante 3D pour permettre aux aveugles de “voir” les peintures du bout des doigts
- 13. Droits des personnes handicapées: le Canada devrait faire mieux mieux selon l’ONU
- 14. Le chien de Pâques
1. Brunch-conférence au RAAMM ayant pour thème : «Installation des feux sonores à Longueuil, de l’évaluation à la mise en fonction!» Mardi le 7 mai 2019 de 10h à 12 h
Qu’arrive-t-il lorsqu’une personne aveugle ou malvoyante estime qu’une intersection est dangereuse à Longueuil et qu’on devrait y installer un feu sonore? Qui fait quoi? La ville a-t-elle des normes à respecter? Quelles sont les problématiques? Pourquoi est-ce si long?
M. Mahfoudh Messaoudène, ingénieur à la ville de Longueuil, se fera un plaisir de répondre à ces questions et à toutes autres interrogations, le 7 mai au RAAMM, à la salle Berthe Rhéaume.
L’objectif étant de comprendre toutes les étapes inhérentes à l’installation d’un signal sonore, de l’analyse de l’intersection jusqu’à la mise en service du feu, des années plus tard.
À l’invitation du RAAMM, M. Messaoudène vient nous informer en toute amabilité, prière de ne pas tirer sur le messager.
Date : mardi 7 mai de 10h à 12h
Animateur : Mahfoudh Messaoudène, ingénieur, chargé de projets, Service du génie, Ville de Longueuil.
Coût : 9 $
Date limite d’inscription : vendredi 3 mai 2019
Inscrivez-vous dès maintenant auprès d’Anna Gluhenicaia au 514-277-4401, poste 111, ou par courriel à [email protected].
La participation de 15 personnes minimum est requise pour la tenue de cette activité.
2. RAAMM Offre d’emploi : Agent/Agente de recherche [Emplois d’été Canada]
Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) offre un emploi d’été d’une durée de 8 semaines dans le cadre du programme Emplois d’été Canada.
Présentation de l’organisme :
Créé en 1981 par et pour les personnes aveugles et amblyopes, le RAAMM représente l’ensemble des personnes ayant une déficience visuelle résidant en Montérégie, à Montréal et à Laval. Sa mission est de promouvoir les intérêts, encourager l’intégration et défendre les droits collectifs et individuels des personnes ayant une limitation visuelle du Montréal métropolitain, dans le but de favoriser leur pleine et entière autonomie et participation sociale.
Sommaire du poste :
Sous l’autorité de la directrice adjointe, l’agent-e de recherche a pour mandat principal de produire un guide des ressources et organismes pour personnes handicapées visuelles sur le territoire du Montréal métropolitain. D’autres tâches de recherche, révision et rédaction s’ajouteront en cours de contrat.
Exigences :
- Formation et expérience pertinentes aux fonctions;
- Très bonnes capacités rédactionnelles en français;
- Bonne capacité de recherche et esprit de synthèse;
- Bonne connaissance des logiciels Word, Excel, PowerPoint.
- Connaissance du domaine de la déficience visuelle et du milieu communautaire (un atout).
- La personne candidate doit être âgée de moins de 30 ans (inclusivement) au début de l’emploi.
Conditions de travail :
- Salaire de 15$/heure.
- 35 heures par semaine.
- Contrat d’une durée de 8 semaines.
- Entrée en poste le plus tôt possible.
Les personnes désirant soumettre leur candidature doivent adresser leur CV et une lettre de motivation au Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal Métropolitain (RAAMM), en format Word, par courriel à : [email protected] avant le mercredi 8 mai, 17h.
À compétences égales, la candidature d’une personne ayant une déficience visuelle sera privilégiée.
3. Commission parlementaire du projet de loi 17 : Le ministre Bonnardel laisse les personnes handicapées sur la voie de garage
Source : Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN)
Montréal, le 16 avril 2019 – C’est avec stupéfaction et déception que nous apprenons que ni la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN), ni l’Office des Personnes handicapées du Québec (OPHQ), ni la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) ne sont sur la liste des participants à cette importante commission parlementaire. Le projet de loi 17 bouleverse non seulement l’industrie du taxi, mais aussi les personnes ayant des limitations fonctionnelles dépendant du transport adapté et nécessitant des services de taxi au privé accessibles. Or, le ministre du Transport, responsable d’une enveloppe de plus de 100 millions de dollars afin de soutenir le service de transport adapté au Québec, n’a inclus aucune mesure dans son projet à cet égard. De plus, il doit superviser la mise en place de normes de services pour les taxis incluant des obligations d’accessibilité attendues depuis la fin des travaux du Comité sur la modernisation de l’industrie du taxi sur lequel siégeait la COPHAN.
« Le ministre du Transport place les personnes ayant des limitations fonctionnelles sur la voie de garage. C’est désolant que le vécu et l’expertise de ces personnes ne soit pas entendu par les législateurs » commente monsieur Jean-Marie Grenier, président de la COPHAN. « Nous avons “hélé” le ministre, mais il est passé tout droit. Aucun accusé de réception à nos missives et aucun retour d’appel n’ont été accordés. Pour un gouvernement qui voulait faire de la politique autrement et travailler avec tout le monde, on repassera. De quoi a donc peur le ministre ? », poursuit monsieur Claude Guimond, directeur général de la COPHAN.
« Comme la CDPDJ a pour principale responsabilité de faire des recommandations auprès du gouvernement du Québec en lien avec la Charte des droits et libertés du Québec, de quoi a peur le ministre pour ne pas l’inviter à commenter le projet de Loi ? Comme l’OPHQ est responsable de veiller à la mise en œuvre de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées, de quoi a peur le ministre pour ne pas l’inviter à commenter le projet de Loi ? Non pas que la COPHAN souscrit d’avance à ce que ces deux institutions ont à dire, mais le gouvernement ne peut se passer de leur avis, tout comme il devrait entendre le nôtre, poursuit Jean-Marie Grenier. Quarante ans à se faire dire que ça s’en vient, c’est assez ! Nous voulons nous faire entendre !»
Source : Claude Guimond, Directeur général de la COPHAN
514 377-6754, [email protected]
La COPHAN est un organisme à but non lucratif incorporé en 1985 qui a pour mission de rendre le Québec inclusif afin d’assurer la participation sociale pleine et entière des personnes ayant des limitations fonctionnelles et de leur famille. Elle regroupe environ 50 organismes et regroupements nationaux, régionaux et locaux de personnes ayant tout type de limitations fonctionnelles.
4. Sondage INCA : Véhicules connectés et automatisés
Transport
Les voitures sans conducteurs, que l’on retrouvait autrefois seulement dans les romans de science-fiction, font leur arrivée dans les villes canadiennes. Le fait que ces véhicules seront non seulement capables de naviguer sans intervention humaine, mais qu’ils le feront en communiquant avec d’autres véhicules est encore plus incroyable!
INCA, avec un financement partiel de Transport Canada, a commencé à essayer de répondre à bon nombre des questions concernant les véhicules autonomes connectés et leur incidence potentielle sur les piétons vivant avec une perte de vision.
Nous espérons avoir les réponses aux questions suivantes – et à d’autres encore! – lorsque nous aurons terminé notre recherche plus tard cette année.
- Comment les piétons vivant avec une perte de vision sauront-ils qu’ils peuvent traverser une intersection en toute sécurité?
- Une personne aveugle saura-t-elle qu’il y a des véhicules lorsqu’elle circule dans le quartier ou dans les rues de la ville, étant donné la faible émission de bruit de ces véhicules?
- Les données téléchargées dans les « nuages municipaux» pourront-elles être utilisées par les applis de localisation pour aider à la circulation?
La recherche d’INCA comprend des partenariats avec l’Université de Toronto et Robert Wall Emerson, professeur, Études sur la cécité et la basse vision, l’University of Western Michigan.
La recherche comprendra une analyse documentaire mondiale et un sondage auprès des parties concernées. L’analyse documentaire est maintenant terminée et sera bientôt disponible!
Nous invitons les personnes vivant avec une perte de vision aux quatre coins du monde à répondre à un bref sondage dans le cadre de notre consultation des parties concernées. Le sondage nous aidera à informer Transport Canada sur les perceptions, difficultés et possibilités pour les personnes vivant avec perte de vision, ainsi que sur leurs stratégies pour circuler dans l’environnement bâti. Le sondage se déroulera jusqu’en avril 2019. Vous pouvez y accéder ici.
Source : https://cnib.ca/fr/soutenir-incadefense-des-droits/transport?region=on
Sondage porté à notre attention par le RAAQ
5. L’Artboretum présente « L’Hôtel des deux mondes »
La troupe de théâtre amateur L’Artboretum présentera les 31 mai et 01 juin prochain sa cinquième production, « L’Hôtel des deux mondes » d’Éric-Emmanuel Schmitt, sous la direction du metteur en scène Styve Berthelotte.
L’Artboretum met en scène des comédiens voyants et des comédiens vivant avec une déficience visuelle, permettant ainsi à ces derniers d’accéder à une expérience de la scène tout en s’intégrant à un groupe de personnes voyantes.
Hôtel des deux mondes est une pièce de théâtre de l’auteur français Éric-Emmanuel Schmitt, créée en 1999.
Les clients vivent dans le cadre de ce qui ressemble à un hôtel, mais où ils sont escortés par un homme et une femme en blouse blanche. Ils ne savent pas comment ils sont arrivés, ni quand ils repartiront par l’ascenseur, ni même où les mènera cet ascenseur. Le docteur S. accompagne de manière énigmatique les clients.
L’Hôtel des deux mondes représente un lieu entre la vie et la mort, un lieu où il reste l’espoir que l’ascenseur renvoie la personne vers la vie. Le séjour dans l’hôtel permet aux personnages de mesurer ce qu’ils ont pu rater ou réussir dans leur vie et leur donne une seconde chance pour ceux qui peuvent y retourner… ou au contraire de se libérer d’un poids ou partir sur un dernier acte vers une mort sereine.
Date : Le vendredi 31 mai et le Samedi 01 juin à 20 heures.
Lieu : Collège André-Grasset, salle Lise-Guèvremont
Adresse : 1001 boul. Crémazie EST, Montréal, près du métro Crémazie
Coût du billet : 18$
Pour acheter vos billets, vous pouvez contacter :
Si vous êtes de Montréal, Pierre Vromet : (514) 388-9453 ou (514) 945-9453
Pour la rive sud, contactez Ysabelle Morin
(450)616-4115 [email protected]
Bienvenu à tous, nous vous promettons une excellente soirée!
6. Une application mobile aide les personnes aveugles à s’orienter à Regina
Publié le mercredi 17 avril 2019
L’Institut national canadien pour les aveugles (CNIB) a lancé une application pour téléphones intelligents qui permet à des personnes ayant une déficience visuelle de mieux s’orienter dans le centre-ville de Regina.
L’application BlindSquare permet de se déplacer grâce à des informations transmises par Bluetooth depuis des balises installées en ville.
La responsable du programme de défense des droits à CNIB, Ashley Nemeth, dit bien connaître les défis lorsqu’elle se déplace avec son chien-guide.
« J’évite, autant que possible, la 12e Avenue parce que les voitures et les piétons circulent au même niveau. Je ne peux donc pas savoir si je suis sur la voie des voitures ou si je suis dans un endroit sécuritaire », déplore-t-elle.
Ce projet financé par un don anonyme facilite et rends plus sûrs les déplacements, notamment au parc Victoria et au City Square Plaza.
« Avec cette application, je peux marcher dans le parc en sachant où je me rends. J’ai une meilleure idée de ce qui m’entoure. Je peux alors vraiment participer aux activités dans le centre-ville », se réjouit Ashley Nemeth.
« Elle ne pose aucun problème »
Le CNIB a pu installer des balises dans l’hôtel de ville, la Bibliothèque de Regina et dans ces entreprises : The Copper Kettle, O’Hanlons, Pressed Sandwich et SaskPower.
Anna Gardikiotis fait partie de la famille propriétaire du restaurant The Copper Kettle et du pub O’Hanlons. Pour elle, la balise « ne pose aucun problème ».
« Nous voulons accueillir toute sorte de gens dans le centre-ville », lance-t-elle.
Elle explique que sa participation à ce projet lui a donné une plus grande compréhension de la question de l’accessibilité dans le centre-ville.
Elle encourage d’autres commerces à participer à ce projet.
Souhait d’une expansion
La directrice générale de la fondation CNIB en Saskatchewan, Christall Beaudry, dit que le parc Victoria est le premier parc d’une ville canadienne où ce projet a été réalisé : « On aimerait le rendre accessible dans plus d’endroits de la ville. »
Christall Beaudry explique que l’application pourrait être utilisée dans les magasins, ou encore dans les stades pour aider les personnes malvoyantes à trouver leur siège. « Cela changerait vraiment la donne pour les personnes malvoyantes », assure-t-elle.
Le don anonyme financera les dépenses pour la première année du projet.
Avec les informations de Cory Coleman, CBC
7. France : Afin de n’exclure personne, le web doit se rendre plus accessible
Publié le 24 avril 2019 par Maddyness partenaire média de SNCF
À l’heure où Internet s’est frayé un chemin dans tous les aspects de notre vie, les personnes en situation de handicap en restent souvent exclues. Pour y remédier, des normes à mettre en place existent. Elles nécessitent un travail de fond, pour lequel il faut souvent être accompagné, et une appropriation par les équipes opérationnelles.
Internet est une invention formidable. Il permet de diffuser au plus grand nombre une information dans un délai très court, il facilite de nombreuses démarches administratives ou organisationnelles et il fédère des communautés. C’est un outil qui s’est « imposé » dans nos vies et qui est devenu essentiel. Dès lors, ne pas y avoir accès marginalise. Un problème qui impacte tout particulièrement les personnes en situation de handicap, qui selon la dernière étude faite à ce jour d’après nos recherches (les tableaux de l’économie Française publiés en 2011 par l’Insee), représentent 9,6 millions d’individus soit environ 15 % de la population française. « Ces personnes peuvent rencontrer des difficultés d’utilisation et d’accès à l’information recherchée. Elles sont bien souvent confrontées à des éléments non lisibles, non ‘traduits’ par les lecteurs d’écrans vocaux, à des problèmes de contraste ou des difficultés à naviguer avec une souris », regrette Florence Tagger, directrice de la Fab Design – l’agence digitale interne du groupe SNCF.
Pour rendre un site ou une application accessible, il faut donc travailler sur plusieurs grands types d’utilisateurs : les déficients visuels, les handicapés moteurs, les handicapés mentaux et les personnes qui n’ont pas de handicap lourd mais qui cumulent de nombreuses petites difficultés comme le manque de concentration et la fatigue oculaire, catégorie représentée dans la plupart des cas par les seniors. Cette dernière catégorie d’utilisateurs a d’ailleurs tendance à s’accroître. Les plus de 55 ans représentent en effet près de 22 millions de personnes en France en 2019 et selon les projections de population de l’Insee, en 2040 environ un habitant sur quatre aura 65 ans ou plus.
L’accessibilité ne doit donc pas être l’apanage du monde de l’urbanisme. De la même manière que construire des rampes pour permettre aux Personnes à Mobilité Réduite d’accéder à un étage est impératif, il apparaît aujourd’hui comme invraisemblable de ne pas concevoir, ou re-concevoir, son site web en y intégrant des dispositifs d’aide à la consultation pour les personnes en situation de handicap.
Un référentiel encadre le chantier de l’accessibilité
Au niveau de l’État, un référentiel général d’accessibilité pour les administrations (RGAA) a d’ailleurs été élaboré en 2009 et évolue fréquemment. La dernière version date de 2017. « Le RGAA est obligatoire pour les administrations et les entreprises ayant une délégation de service public. En juin, un décret le rendant également obligatoire pour les sociétés réalisant plus de 250 millions de chiffre d’affaires sur le territoire français doit également passer », explique Jean-Pierre Villain, le gérant du cabinet de conseil spécialisé Access42. Concerné, le groupe SNCF a très tôt intégré la dimension de l’accessibilité et s’est engagé, dès 2016, par la signature d’un pacte d’accessibilité numérique, à se mettre au niveau du RGAA. « Notre raison d’être est d’ “apporter à chacun la liberté de se déplacer facilement, en préservant la planète”. Cela signifie donc de tout mettre en oeuvre pour développer une stratégie inclusive, qui passe aussi par l’adaptation des plateformes digitales », ajoute la directrice de la Fab design.
Un engagement qui peut toutefois se transformer en véritable « usine à gaz ». Mettre son site à jour en terme d’accessibilité demande en effet de concevoir à nouveau le développement ainsi que le design de ce dernier et de sensibiliser aux bonnes pratiques les éventuels contributeurs de l’interface. « Chez SNCF nous avons pris le pari de former toute la chaîne de projet (managers, développeurs, designers et équipe éditoriale) pour intégrer les bons réflexes dans leur travail quotidien. Nous avons également mis en place en interne une démarche pédagogique, à travers un cycle de conférences qui a touché plusieurs centaines de collaborateurs et nous avons désigné une personne référente dans l’équipe Design sur le sujet de l’accessibilité numérique. Elle aiguille tous les porteurs de projets digitaux et les sensibilisent sur la démarche », dévoile Florence Tagger.
Pour parvenir à cibler les besoins de cette catégorie d’utilisateurs, SNCF a constitué un panel de collaborateurs représentatif des différents types de handicap. En effet, chaque situation demande des aménagements différents. « Pour les utilisateurs qui ne peuvent pas se servir d’une souris, il faut que l’ensemble des interactions soient opérables au clavier, pour les non-voyants il faut s’assurer de donner les informations que transmet une image pour qu’ils puissent comprendre le contenu », cite Jean-Pierre Villain à valeur d’exemple.
Chez SNCF, plutôt que de mettre à jour l’ancien, le choix a été fait de créer un nouveau site. « Nous avons donc retravaillé tous les fondamentaux design et la charte graphique. Pour chaque nouvelle livraison du site, soit chaque mois environ, nous organisons un audit axé sur l’accessibilité numérique », raconte la Directrice de la Fab Designqui sollicite pour cela le panel de collaborateurs pré-cité.
Un chantier coûteux qu’il faut anticiper au maximum
Reste que l’accessibilité numérique est un chantier coûteux. « Il faut payer les formations, les tests utilisateurs …. Nous avons également dû adapter les contenus du site (pdf, vidéos, etc.) qui n’étaient en grande partie pas conformes car hérités d’anciennes versions », ajoute Florence Tagger. Pour réduire la facture, elle insiste sur la nécessité d’anticiper au maximum : « Plus tôt on engage cet investissement et on intègre les standards de l’accessibilité dans le socle design, et moins l’investissement sera élevé sur la durée ». Malgré le volet dépense, le groupe tire un bilan très positif de sa transformation et estime, à travers ce projet, avoir pu prouver aux collaborateurs et aux managers qu’il est possible d’intégrer la démarche d’accessibilité dans un projet complexe et de la déployer plus largement par la suite.
« Pour preuve de la qualité du travail réalisé par nos équipes, nous avons reçu le label Braille.net », se félicite Florence Tagger qui assure que le groupe « souhaite désormais aller encore plus loin dans sa démarche de design responsable. Il faut évaluer d’autres dimensions que l’accessibilité dans une approche globale d’éco-conception. Un design inclusif et non-intrusif, engagé et écologique au sens large. Les standards de ce design sont encore à créer ! »
8. Microsoft Research présente une boîte à outils pour aider les malvoyants à utiliser la réalité virtuelle
Article de Julien Bergounhoux publié le 23 avril 2019
La réalité virtuelle permet de vivre des expériences impossibles, mais la technologie dans sa forme actuelle a elle-même des limites sur qui peut s’en servir. En l’occurrence, elle n’est pas toujours adaptée aux malvoyants : les personnes qui souffrent de problèmes de vue que des lunettes ne peuvent corriger. D’après l’OMS, cela regroupe 217 millions de personnes à travers le monde. Les ordinateurs intègrent par défaut des outils d’aide, mais ce n’est pas encore le cas pour la VR.
14 outils pour une accessibilité personnalisée
Des chercheurs de Microsoft Research ont tenté de remédier à cette lacune à l’aide d’une boîte à outils logicielle baptisée SeeingVR (en référence au projet SeeingAI pour les non-voyants). Elle se compose de 14 outils pour le moteur Unity qui peuvent être combinés en fonction des besoins des utilisateurs, chaque pathologie se manifestant de façon différente (effet de tunnel, zones mortes, sensibilité exacerbée à la lumière, acuité visuelle limitée, etc.), mais aussi de l’application qu’ils utilisent.
On trouve parmi les outils une fonction loupe, un effet “verre progressif” (bifocal), un réglage du contraste et de la luminosité, la possibilité de mettre en surbrillance les bords des objets virtuels pour les rendre plus faciles à distinguer, un outil de mesure de profondeur, et la possibilité de pointer un objet ou une zone de texte dans une scène et d’en avoir une description audio. Un gros avantage est que la majorité de ces outils est rétro-compatible avec les applications Unity existantes, sans qu’un gros travail d’adaptation ne soit nécessaire.
Cette boîte à outils a été testée sur un groupe de 11 personnes malvoyantes. Il leur a été demandé de compléter diverses tâches en VR, comme celle de sélectionner une option dans un menu, d’attraper des objets virtuels, ou de tirer pour atteindre une cible en mouvement. Tous les participants ont réussi à effectuer ces tâches plus rapidement et avec plus de précision en utilisant SeeingVR par rapport à l’expérience de base. De plus, chaque participant a utilisé une combinaison d’outils différente, validant l’approche flexible et personnalisable choisie par les chercheurs.
Un entraînement virtuel à la navigation pour les aveugles
Parallèlement à ces efforts, une autre équipe de Microsoft Research travaille sur une expérience de réalité virtuelle non-visuelle à destination des aveugles. Baptisée Microsoft SoundScape, elle utilise un environnement sonore spatialisé pour permettre aux non-voyants de s’entraîner à naviguer dans un environnement avec lequel ils ne sont pas familiers.
Ces travaux sur SeeingVR et SoundScape seront présentés lors de la conférence ACM CHI 2019 (sur les facteurs humains dans l’informatique) qui se déroulera du 4 au 9 mai à Glasgow.
9. Le braille face à la concurrence des nouvelles technologies
Article de Fanny Moillep le 13 avril 2019 par RTS
Assistants vocaux, enceintes connectées, intelligence artificielle, les innovations technologiques ont considérablement amélioré le quotidien des non-voyants. Jusqu’à concurrencer le braille?
Pour communiquer sur le service de messagerie WhatsApp, Muriel Siksou utilise la commande vocale de son smartphone. Un geste devenu fréquent pour de nombreux utilisateurs, un outil essentiel pour cette ancienne secrétaire médicale, malvoyante depuis une dizaine d’années.
“Les nouvelles technologies me permettent d’être autonome”, explique à la RTS Muriel Siksou. Grâce à son smartphone et sa commande vocale, la Vaudoise peut communiquer et rechercher des informations à l’extérieur de son domicile, loin de son ordinateur portable et de son appareil de lecture.
“C’est une révolution considérable”, estime Jean-Marc Meyrat, chargé d’accessibilité numérique à l’Association pour le bien des aveugles et des malvoyants et lui-même aveugle. Avec les nouvelles technologies, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent utiliser des services de messagerie, prendre connaissance de photos grâce à leur audio-description, scanner des documents ou utiliser des outils de traduction, explique à la RTS celui qui est aussi le responsable romand de l’Ecole de la pomme, une association qui forme les personnes malvoyantes aux nouveaux outils.
“De moins en moins de personnes savent lire le braille”
En Suisse, 77’000 personnes souffrent d’une limitation importante ou complète de la vue, soit 1,1% de la population, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique. En 1992, elles représentaient 1,7% de la population.
“Il y a de moins en moins de personnes aveugles et très malvoyantes dans les pays industrialisés”, confirme Jean-Marc Meyrat. “Ce qui signifie qu’il y a moins de personnes qui savent lire le braille. Mais l’utilisation du braille est aussi en baisse, car pour les personnes qui perdent la vue, on part du principe que leur ajouter l’apprentissage du braille dans ce processus est trop compliqué.” A l’image de Muriel Siksou, devenue malvoyante à l’âge adulte, qui n’a jamais appris le braille.
Une double peine, selon Jean-Marc Meyrat. “Si vous ne savez pas le braille, vous êtes frustrés quand vous écrivez un mail de peur de faire des fautes d’orthographe avec la commande vocale et vous serez beaucoup moins intégré dans la société, car vous aurez de la peine à trouver des débouchés professionnels”, estime-t-il.
Des nouvelles technologies qui “donnent du peps”
Le braille est-il en crise? En France, on estime à 10% les aveugles lecteurs de braille. Des chiffres qui ne sont pas disponibles pour la Suisse.
Pour Jean-Marc Meyrat, l’arrivée de nouvelles technologies ne représente pas une concurrence pour le braille. Au contraire, “elles vont lui redonner du peps”, affirme le formateur. Il a lui-même jumelé un appareil de prise de notes en braille à son iPhone, ce qui lui permet d’être parfaitement autonome pour lire et rédiger des messages et emails en mobilité (voir la démonstration dans la vidéo ci-dessus).
Aveugle depuis la naissance, Blinera croit aussi en la complémentarité du braille et des nouveaux outils. L’adolescente suit une scolarité normale au cycle. Elle se rend aussi tous les jeudis après-midi à un centre d’appui pour élèves déficients visuels.
Pour écouter de la musique ou écrire des messages, Blinera utilise volontiers la commande vocale de son téléphone, mais ne pourrait pas se passer du braille pour la lecture. “Je déteste lire avec une synthèse vocale”, explique-t-elle. “Pour bien m’imaginer les choses, j’aime bien les lire.”
“L’oralité est une belle chose”, déclare Jean-Marc Meyrat. “Mais sentir un texte, vivre un texte, est essentiel.”
Interviews: Fanny Moille Adaptation web: Tamara Muncanovic
Article de Gaelle Kamdem publié le 22 avril 2019 sur Afrikamag
Un navigateur japonais a effectué un périple de deux mois sans escale à travers l’océan Pacifique, devenant ainsi le premier aveugle à réaliser cet exploit.
Mitsuhiro Iwamoto, 52 ans, a quitté San Diego le 24 février pour le Japon avec l’aide d’un navigateur Américain Doug Smith, à bord de son bateau de 40 pieds appelé « Dream Weaver ». Doug Smith l’a aidé oralement en lui donnant des informations comme la direction des vents.
C’est un moment attendu depuis longtemps pour Iwamoto, dont la première tentative en 2013 s’est terminée lorsque son bateau de 28 pieds a heurté une baleine bleue de 50 pieds, le faisant couler en quelques minutes. Il avait été secouru par l’armée japonaise.
Les médias japonais ont critiqué son voyage et la mission de sauvetage financée par les contribuables. Le stress post-traumatique de l’épreuve l’a presque poussé à abandonner son rêve qu’il appelait le « Voyage d’inspiration ».
« Je n’ai pas abandonné et j’ai finalement réalisé mon rêve. Je suis la personne la plus heureuse au monde », a déclaré Iwamoto à l’agence de presse Kyodo News.
Selon l’Association des navigateurs aveugles du Japon, c’est le premier aveugle à traverser le plus grand océan du monde sans faire d’escale.
Bien qu’étant aveugle, Iwamoto peut sentir la direction du vent et diriger son bateau avec l’aide de personnes voyantes, mais il a besoin d’un guide comme Smith pour naviguer autour d’autres bateaux, selon Voice of San Diego. Pour surmonter son handicap, il utilise un GPS vocalisé et une boussole audio. Lors du dernier voyage, Iwamoto a piloté le yacht et géré la voile, tandis que Smith l’a aidé avec l’équipement qui montre la direction du vent.
Iwamoto, qui pratique la médecine orientale, a quitté le Japon pour les États-Unis en 2006. Il était partiellement voyant à sa naissance, capable de faire du vélo ou jouer au baseball. À l’âge de 13 ans, il a commencé à perdre la vue, et trois ans plus tard, il est devenu complètement aveugle. Ce n’était pas facile pour l’adolescent.
« Mon professeur m’a dit que je devais commencer à utiliser une canne, mais non, je ne voulais pas l’accepter », a-t-il déclaré en 2010. « La vie était dure. ‘J’ai demandé à mes parents, pourquoi m’avez-vous mis au monde’ ? J’étais négatif et je ne voulais pas accepter ma condition. Je ne savais pas ce que ma vie allait être. J’ai même essayé de me suicider ».
Il passait ses journées à pleurer, mais dans ses rêves, il a reçu un message qui l’appelait à être positif, quelque chose qu’il vit aujourd’hui.
« Il n’y a pas qu’une vie. Je dois donner un sens à ma vie. Encourager les gens. Pas seulement des aveugles, mais des voyants qui ont perdu le sens de la vie ».
Son deuxième voyage à travers le Pacifique fut l’accumulation de tout ce qu’il a traversé. Déterminé à y parvenir après l’échec de sa première tentative, il a participé à des triathlons pour s’habituer à l’eau. Il a même décidé de voyager dans la direction opposée à celle de son premier voyage. Grâce à sa persévérance et à l’aide de Smith, il a réalisé ses rêves.
11. Nancy, France : une télécommande pour apprendre à reconnaître les chants d’oiseaux au parc Sainte-Marie
Publié par Isabelle Baudriller, lundi 22 avril 2019 sur France Bleu Sud Lorraine
30 chants d’oiseaux répertoriés sur une petite télécommande. L’outil, imaginé initialement pour les personnes non ou malvoyantes, est mis à disposition du grand public au parc Sainte-Marie de Nancy pour se familiariser avec les oiseaux qui nous entourent. Avis aux amateurs !
Mais qui sont ces oiseaux qui sifflent sur nos têtes au parc Sainte-Marie à Nancy ? Une question qui pique toujours la curiosité d’Anne Burger. Cette Nancéienne, voisine du parc et membre de l’association Valentin Haüy d’aide aux personnes aveugles et malvoyantes, a eu l’idée d’une télécommande où sont répertoriés trente chants d’oiseaux pour mieux les identifier.
“J’ai la chance d’avoir un chien guide depuis 9 ans”, explique-t-elle, “et grâce à mon chien, je viens plus souvent seule au parc et je suis plus attentive à mon environnement. J’ai entendu ces habitants du parc que je ne connaissais pas, ça m’agaçait de ne pas connaître leur nom, de ne pas pouvoir les reconnaître. Et petit à petit, je me suis dit que ce serait bien d’en faire profiter mes “collègues” non-voyants.”
Puisqu’on n’a pas la chance d’apprécier la beauté des parterres de fleurs, on va essayer de découvrir ces chants d’oiseaux !” – Anne Burger
Fauvette à tête noire, verdier d’Europe, pinson des arbres, mésange charbonnière, rouge-gorge, perruche : les chants ont été enregistrés par Pierre Palengat et sont accessibles – aussi – à tout public. Deux télécommandes sont mises à disposition à la brasserie du parc. “J’ai vraiment envie d’élargir ça aux enfants, mes petits-enfants commencent à reconnaître des oiseaux aussi ! Je me dis que tout le monde peut avoir envie de se rapprocher un peu de la nature.”
Les télécommandes sont disponibles à la brasserie du parc Sainte-Marie à Nancy contre un chèque de caution de 80€.
12. Il crée des tableaux avec une imprimante 3D pour permettre aux aveugles de “voir” les peintures du bout des doigts
Article deCatherine Munsch publié le 15 avril 2019
Jusqu’à présent, les personnes aveugles ou malvoyantes n’avaient pas accès aux tableaux peints par les grands maîtres. Un Strasbourgeois est en train de révolutionner cela en donnant du relief à ces œuvres, par l’intermédiaire d’une imprimante 3D. Découverte.
Les personnes aveugles ou malvoyantes ont encore trop rarement accès aux arts. En Alsace, l’association L’Art au-delà du regard s’attache depuis des années à améliorer cette situation. Elle organise des visites de musée où les aveugles peuvent toucher des meubles, des vases ou des sculptures. Désormais les tableaux vont aussi pouvoir entrer dans leur champ d’exploration.
C’est Régis Kern, un Strasbourgeois passionné d’informatique et de 3D, mais aussi très engagé dans l’accès aux connaissances pour les personnes en situation de handicap, qui en a eu l’idée. “Je suis transcripteur professionnel, j’adapte des documents pour les élèves malvoyants, dans le domaine des cartes géographiques et des schémas scientifiques comme le cycle de l’eau, le fonctionnement d’une turbine etc. Pour les tableaux, le gros du travail se passe avant l’impression. J’essaie de choisir une œuvre qui, à mon sens, sera intéressante tactilement. Je retiens ce qui est pertinent, à savoir ce qui peut être traduit par des épaisseurs, des reliefs.“
“François Schmitt, président de l’association L’Art au-delà du regard m’a sollicité pour créer une œuvre en relief pour la foire d’art contemporain ST’ART 2017. J’ai donc sélectionné quelques œuvres que j’ai redessinées avec un logiciel de dessin.” Grâce à son imagination, Régis Kern conçoit un relief composé de différentes hauteurs: plus il veut une impression épaisse, plus il représente la zone en clair, plus l’impression doit être fine, plus il l’assombrit. L‘imprimante reproduit les épaisseurs en fonction de ce dégradé entre le blanc et le noir.
Régis Kern explique aux aveugles et malvoyants comment il crée ces tableaux en 3D: “J’essaie de respecter le sens de l’œuvre, en respectant les dessins principaux. Je redessine tous les contours et je simplifie, en essayant de ne pas détourner le sens de l’œuvre et ensuite je joue sur les niveaux de gris pour mettre plus ou moins de relief.”
La découverte des premiers tableaux tactiles par des aveugles et malvoyants est un événement, parce qu’ils sont souvent exclus à cause de leur handicap visuel.
Pour de nombreux participants à cet atelier, c’est un premier contact avec un art purement visuel. Christiane reconnaît: “Avant, je ne m’étais jamais intéressée à la peinture, car pour moi les tableaux ne voulaient rien dire.“ Seront-ils nombreux désormais à vouloir découvrir les tableaux de maîtres plus ou moins célèbres, par ce biais? En tout cas, la technique va pouvoir se développer et s’affiner. La proposition de toucher des peintures en relief existe déjà au Musée du Louvre, mais l’approche y est différente. Les aveugles touchent des maquettes en relief des œuvres, construites dans les ateliers du Louvre.
Pour Jean-Claude Boeglin, organisateur des sorties et ateliers culturels de l’association L’Art au-delà du regard et lui-même aveugle: “Le relief est excellent; mais de prime abord, je n’ai aucune idée de ce que représente l’œuvre dans sa totalité. Une personne aveugle va avoir besoin de temps pour l’explorer. Dans ce cas, on m’a dit qu’il s’agit de la femme à la guitare, on arrive à repérer les différents éléments, mais ça demande du temps et un accompagnement.”
Comprendre le contexte
L’expérience en est à ses débuts. Régis Kern est conscient que le défi à relever est grand. Pour lui et pour les personnes malvoyantes ou aveugles. D’où l’importance des premiers retours de la quinzaine de participants à cet atelier: “On sent bien le relief, mais il faut l’accompagnement d’une tierce personne pour nous expliquer le tableau.” A terme, lorsque ce type de “transcriptions” sera exposé dans des espaces culturels, voire des musées, il faudra un historien de l’art capable de contextualiser l’œuvre pour les visiteurs aveugles et malvoyants. Une visite guidée, à préparer donc avec une expression orale adaptée, car évoquer du jaune, rouge ou vert, à quelqu’un qui n’a jamais vu de couleur serait malvenu.
Les dégadrés de gris imaginés par Régis sont traduits par le logiciel puis transmis à l’imprimante qui réalise l’impression en 3D.
Le travail de Régis Kern est encouragé et soutenu par l’Éducation nationale, car il pourra servir à des élèves souffrant d’autres types de handicap. “Je travaille actuellement sur une application pour laquelle j’ai eu l’aval du ministère de l’Éducation nationale. L’objectif est d’inclure des élèves souffrants de troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie etc) dans le système scolaire ordinaire.”
Cerise sur le gâteau, cette innovation va même permettre à un peintre de découvrir ses propres œuvres pour la première fois. Jacques Halon avait cessé de peindre quand il a perdu la vue. Depuis deux ans, il s’y est remis. Grâce à une impression en 3D de tableaux, mise au point par le Régis Kern, il espère “voir” un jour ses travaux du bout des doigts.
“Je vous montre quelques tableaux que j’ai peint dernièrement. Je ne les ai jamais vus, mais mentalement quand je les fais, je sais ce que je vais faire. Ce sont les gens qui m’en parlent qui me confortent dans ce que j’ai fait. Mais ce serait intéressant pour moi un jour qu’on me les transcrive en 3D, puisque je ne les ai jamais vus.”
Jacques Halon exposera ses dernières peintures au printemps, à Strasbourg. La prochaine sortie culturelle organisée par L’Art au-delà du regard aura lieu au Musée Würth d’Erstein. Il s’agira pour les aveugles et malvoyants de l’association de découvrir une quarantaine d’artistes africains qui travaillent et vivent en Namibie. Cette visite se fera avec un guide aguerri à la présentation d’œuvres à un public non-voyant.
13. Droits des personnes handicapées: le Canada devrait faire mieux mieux selon l’ONU
Article d’Émilie Bergeron, Agence QMI, publié le 12 avril 2019
Si le Canada a joué un rôle important sur la scène internationale pour défendre les droits des personnes handicapées, le pays tire maintenant de l’arrière sur plusieurs de ses engagements en la matière, constate une experte des Nations Unies.
«L’un des principaux défis pour les personnes handicapées au Canada est d’avoir le soutien leur permettant de rester à la maison […] et de prendre part à toutes leurs activités quotidiennes dans leur communauté», a souligné vendredi la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits des personnes handicapées, Catalina Devandas-Aguilar.
Cette dernière concluait une visite d’une dizaine de jours aux quatre coins du Canada, laquelle incluait un passage à Montréal.
Trop souvent, les personnes handicapées n’ont d’autre choix que d’aller s’installer dans des résidences ou des centres de santé adaptés, note-t-elle dans ses observations préliminaires. Ces personnes doivent s’engager dans des démarches fastidieuses pour percevoir des services à domicile, précise-t-elle.
Les personnes handicapées issues de communautés autochtones font selon elle face à des défis supplémentaires, comme des risques accrus d’assimilation.
«Plusieurs sont forcées de quitter leur communauté pour avoir accès à des services», a-t-elle dit.
Manque de coordination
Mme Devandas-Aguilar a passé en revue plusieurs mesures législatives fédérales et provinciales qui touchent de près ou de loin les droits des personnes handicapées, comme la Loi sur l’équité en matière d’emploi.
«Aucune d’entre elles n’est exhaustive et entièrement enlignée avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies (CDPH)», conclut-elle.
Pourtant, le Canada avait joué un rôle «central» dans l’élaboration de cette convention.
La rapporteuse spéciale recommande donc une harmonisation des lois de différents paliers gouvernementaux avec la CDPH et la mise sur pied d’un mécanisme de surveillance dans chaque juridiction.
Optimisme
Mme Devandas-Aguilar dit avoir bon espoir que le Canada saura faire mieux. Elle a salué le projet de loi C-81 sur l’accessibilité universelle, qui est à l’étude au Sénat. Au niveau provincial, le système d’éducation inclusif du Nouveau-Brunswick devrait selon elle servir d’exemple partout dans le monde.
14. Le chien de Pâques
Texte d’opinion de Marc Séguin publié dans la Presse + le 20 avril 2019
Le calendrier qu’on utilise pour réguler nos vies est encore sous influence religieuse. Même si cette grande histoire s’étiole, ce n’est pas une raison pour s’éloigner de certaines des valeurs de cet ancien pouvoir. Va falloir mettre le chocolat de côté pour poursuivre la lecture jusqu’à la fin, à moins que vous aimiez le goût salé.
En face d’un douanier cette semaine, j’ai menti quand on m’a demandé si j’avais quelque chose à déclarer. Les yeux mouillés, dans la file d’attente, j’ai pris tous les soins du monde à essuyer les traces de larmes sur ma face. Je ne crois pas que le service du contrôle frontalier voulait entendre une déclaration de sentiments. Ce n’est pas pour ça qu’on les forme. Ils préfèrent les valises aux sentiments.
Mauvais timing. Je fais comme tout le monde quand l’avion se pose ; j’ouvre mon téléphone. Ça entre et ça vibre, et j’apprends que le chien Mira qui vit avec nous depuis l’été dernier a été retenu, après une semaine d’évaluation, pour servir de chien-guide pour les non-voyants. On sait l’issue dès le départ. N’empêche.
Ça veut dire que dans quelques jours, j’irai le reconduire à Sainte-Madeleine, chez Mira. Le chemin inverse de l’été dernier, pour aller le chercher.
J’ai rarement vu une « marque de commerce » avec autant de capital social et d’empathie. Les gens savent et comprennent que ces chiens aident, et même parfois, sauvent des vies. Et les changent.
Mis à part deux endroits dont j’ai déjà parlé ici (un dépanneur en Mauricie et une chaîne de restaurants avec des écrans de sports), le chien a été reçu et accueilli partout avec respect et admiration.
Mais ce qui m’a le plus troublé, ce sont les inconnus, dans la rue et les lieux publics, qui se sont approchés en demandant des informations sur l’organisme, le chien, et surtout, pour me dire combien il sera difficile de m’en séparer une fois l’animal rendu, vers 1 an, à son entraînement d’assistance. Évidemment, madame, que ça va faire mal. C’est sûr, monsieur, qu’on va chialer quand il va partir… C’est promis.
Des centaines de commentaires. « Je ne serais pas capable de faire ça… »
Notre responsabilité, comme famille d’accueil, est de prendre le chiot à 9 semaines et de le rendre jusqu’à 12 mois en le socialisant. Pour faire en sorte que le chien soit minimalement élevé et qu’il ait les aptitudes nécessaires pour vivre en société. Mira, faut-il le rappeler, est un organisme à but non lucratif qui vit de dons. Et avec l’aide de quelques familles.
Il a donc intégré la famille l’été dernier. Comme j’ai un horaire avec moins de contraintes et plus de liberté que d’autres, on a vécu une forme de symbiose. Ce chien m’aura accompagné partout durant presque un an.
Hôtels, restaurants, musées, théâtre, cinéma. Dans mes ateliers de travail. C’est aussi le chien qui a certainement le plus d’heures de vol au pays. Il m’a suivi dans des entrevues, sur des plateaux de télé, dans des dizaines d’écoles, des rencontres avec public, lors de conférences et dans les silences des marches aussi.
Ce n’est pas un chien normal. Ça a été plus intense encore qu’un chien normal. Son foulard rouge a ouvert les portes.
Je ne ferai pas l’apologie des bénéfices réels et des vies transformées par ces animaux et ces organismes qui forment et entraînent des chiens-guides, sinon que plusieurs fois des gens m’ont arrêté dans la rue pour simplement dire merci. Ou cette femme qui aura enfin réussi à dormir une première nuit complète en 13 ans le jour où son fils autiste de 13 ans a reçu son premier chien Mira.
« Oui, je sais, ce sera difficile », ai-je répondu à tous ces gens qui m’ont dit qu’ils seraient incapables de s’en séparer. Mais il y a parfois des sacrifices à faire quand, dans un monde en perte de repères, on décide soi-même de ses valeurs et que parfois, ça implique des sentiments humains. Pas le contraire, les andouilles ! On a trop souvent inversé les valeurs et les sentiments dernièrement. Triste époque. L’Église a au moins eu le mérite, à travers de grands torts, d’entretenir une idée de bienveillance.
Dans quelques jours, j’irai reconduire mon chien. Il aura un entraînement de six mois, puis on va le jumeler avec quelqu’un qui a besoin de lui pour avancer.
Les deux vont se choisir, s’apprivoiser et apprendre à travailler ensemble pendant un mois. Puis à Noël, mon chien fera dorénavant partie de la vie d’une autre personne. De Pâques à Noël, cette fois. Ce sera son chien.
Mes larmes seront les sourires d’un autre.
Ne venez pas me faire chier avec les sentiments difficiles. C’est un calcul qu’on a fait, et c’est OK, dans une échelle de valeurs humaines, de comprendre et sentir qu’on n’est pas au milieu du monde. Qu’il y a un prix de conscience à payer à cette portée.
Dans quelques jours, au matin, j’irai le promener dans la forêt une dernière fois. Puis on va monter dans la voiture et prendre la route. Avant de descendre, j’essuierai mes yeux sur sa face et dans son cou ; suis sûr qu’il va lécher le sel sur mes joues, puis j’irai le remettre à quelqu’un qui en a autrement besoin.
Source : http://plus.lapresse.ca/screens/a5722735-4c96-4c2d-9b37-84be78f7dbff__7C___0.html