Écho du RAAMM du 3 au 9 avril 2017
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 3 au 9 avril 2017.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire
- 1. Votre opinion – Le mot « voir » serait une hérésie pour qui ne voit pas?
- 2 -Sessions AccèsD interrompues prématurément
- 3. INCA vous invite à TechnoVision+ 2017
- 4. INCA Activité spéciale de consultation
- 5. Transport Adapté Montréal : Appels des clients déclarés absents à la porte
- 6. Aveugle, il réussit tout de même à utiliser les médias sociaux comme Facebook
- 7. Lyon : une maman, aveugle, lance un coup de gueule
- 8. Les yeux qui sentent : que “voit” un photographe russe aveugle?
- 9. Comment retrouver la vue grâce à une dent
- 10. Aménager et penser en fonction des piétons et autres usagers
- 11. Réaction de la COPHAN au budget provincial 2017-2018
- 12. Option Longueuil exige que le métro soit accessible pour les personnes handicapées
- 13. Appliquer la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées en France
- 14. Handicap dans les transports: souvent la galère, malgré des progrès
1. Votre opinion – Le mot « voir » serait une hérésie pour qui ne voit pas?
Avis aux lecteurs
Votre opinion est une tribune, mise à la disposition des membres de l’organisme, diffusée une fois par mois dans l’Écho du RAAMM.
Le RAAMM n’endosse pas nécessairement les propos qui y sont émis et n’est pas responsable de leur exactitude.
Pour tout commentaire ou pour soumettre un texte d’opinion, veuillez faire parvenir un courriel à [email protected]
Le RAAMM se réserve le droit de ne pas publier un texte, s’il juge qu’il est inapproprié.
Ce mois-ci nous publions une lettre de madame Nicole Trudeau.
Le mot « voir » serait une hérésie pour qui ne voit pas?
Pour moi, le mot « voir » n’est pas la propriété exclusive du système oculaire. Pour moi, « voir » c’est aussi capter, s’approprier, intégrer, intérioriser. Or, lorsque le système oculaire n’opère plus, il ne détruit pas le visuel dans lequel nous vivons. Il nous le refuse. Cette fenêtre étant fermée, ce rideau étant tiré, pourquoi ne pas tester d’autres ouvertures? Qui a décrété que le visuel n’était pas notre affaire, que nous devions l’exclure de notre vie, qu’il était anormal de s’y intéresser, risible d’utiliser ce mot : De dire « j’ai vu »?
Ce n’est pas lorsque j’ai fréquenté une institution pour non-voyants pendant 15 ans que l’on m’a dit de ne pas employer ce mot. C’est beaucoup plus tard que l’on m’a fait sentir que ce mot, dans ma bouche, était inapproprié.
Un texte
Dans un bref article suscité par le concours du mouvement PHAS en 2013, article repris dans L’Écho du RAAMM en janvier 2014 je lançais un cri du cœur réclamant le droit d’utiliser le mot « voir », mot qui, pour certaines gens, ne fait pas sens dans le monde de la non-voyance.
J’y proclamais, entre autres, que
« J’ai le droit … à l’image …
◦que l’on me décrit
◦que l’on me raconte
◦que l’on me permet de toucher
◦que je recrée mentalement
◦que j’intériorise
J’ai le droit à l’image, même si je suis non-voyante,
◦parce que je vis dans un monde dont elle est un phénomène majeur de représentation, de connaissance et de communication,
◦parce que j’en ai besoin pour nourrir mon imaginaire, pour meubler ma bibliothèque mentale, pour élargir mes références.
(…) J’ai le droit de croire que les mots sont des images.
J’ai le droit d’opposer à cette affirmation: «une image vaut mille mots,» … cette autre affirmation: «moins de mille mots (bien choisis) peuvent créer des images», de très émouvantes et poétiques images.
J’ai enfin le droit de nommer et de croire en la perception extrasensorielle.
J’ai par-dessus tout le droit de dire «je vois», «j’ai vu».
Une conviction
Ainsi, c’est par conviction profonde, et non par défi, que l’expression « toutvoir » est intégrée à l’adresse de mon site.
Écouter, questionner, toucher, c’est une façon de voir, ce sont des sentiers pour parvenir à la perception visuelle, laquelle prend la forme d’une représentation mentale.
C’est aussi par conviction et surtout par besoin que je tente, depuis plus de 30 ans, d’avoir accès à l’art dans les musées. Non pas que les portes des musées me soient infranchissables, mais, au-delà des portes, à qui puis-je m’adresser pour me présenter les œuvres, me les décrire et me les expliquer, pour que l’œuvre montrée suscite une image mentale et m’émeuve?
Des interventions
Pendant cette longue période, j’ai fait des approches personnelles, suscité et participé à un comité culture constitué par le RAAMM dans les années 1990, publié quelques articles,1 témoigné dans les médias, etc.
Ce puissant besoin d’entrer en contact avec l’art visuel, cette foi inébranlable, en mon désir et ma capacité de goûter le beau sous ses multiples formes, cette persistance à le dire, à le faire savoir, à le réclamer ont ponctuellement entrouvert la porte de quelques musées.
Un dégel
Mais c’est en janvier 2015 que la »grande porte » s’est ouverte au Musée des Beaux-Arts de Montréal à la suite d’une rencontre que j’aime appeler « un bon croisement ». Ce bon croisement a nom Madame Iris Amizlev, alors directrice des guides bénévoles au MBAM. Inspirée par Madame Jacqueline Verly, elle-même guide bénévole pendant des décennies,2 Madame Amizlev a cru en ce que j’exprimais et demandais et a fait en sorte que le Musée mette sur pied un programme régulier de visites pour les non-voyants.
Le programme
Ce programme régulier de visites guidées et commentées spécialement pensé pour accueillir les visiteurs non-voyants et malvoyants est offert depuis janvier 2015. Le programme propose deux visites par mois. Le deuxième mardi de chaque mois, la visite est consacrée à l’exposition temporaire en cours. Le troisième mardi de chaque mois, la visite permet de découvrir une sélection d’œuvres de la collection permanente. Pour être de l’une ou l’autre visite, il faut simplement s’inscrire auprès du Musée.3
Les exigences pour les guides
Mais Madame Amizlev a aussi bien compris qu’il ne suffit pas d’assigner un guide à un groupe de non-voyants et de malvoyants pour leur « donner à voir » les œuvres d’art. Elle a donc initié des rencontres de sensibilisation et de formation regroupant les guides intéressés par cette clientèle spécifique. J’ai alors été invitée pour expliquer, entre autres, les divers modes de perception, proposer une lecture analytique, expérimenter la démarche de présentation et de description.
C’est en comprenant ces spécificités de base que les guides susciteront chez le visiteur non-voyant la recréation personnelle de l’œuvre présentée.
Les exigences pour les visiteurs non-voyants et malvoyants
Si l’œil ne voit que ce que l’ensemble du vécu d’un individu le rend apte à recevoir, il en va de même des antennes sensitives et sensorielles autres que visuelles; elles ne peuvent capter que ce que l’individu est disposé et en mesure de percevoir.
Bien sûr, lorsqu’une œuvre nous est racontée avec soin, avec ordre, avec précision, cela exige de nous beaucoup d’attention, de concentration, d’intériorisation pour reconstituer mentalement la scène. C’est à ce moment que l’émotion naît en nous, que l’image devient nôtre. C’est une expérience à tenter, à vivre. L’œuvre devient une nourriture, une présence en nous et non à l’extérieur de nous.
Pour franchir les portes d’un musée des beaux-arts lorsque l’on est non-voyant, il faut s’y sentir bienvenu et accueilli, ce qui est le cas maintenant. Il faut croire que, sans voir ou en voyant peu, on peut y puiser de l’information, y ressentir des émotions, y obtenir les éléments nous permettant de recréer mentalement les images exprimées par l’œuvre. Pour avoir cette foi, il faut être curieux, désireux de se faire raconter le visuel ou désireux de le faire revivre, avoir découvert ou vouloir découvrir le monde par le toucher (un objet touché révèle, suscite ou rappelle une image dans notre pensée.). Les personnes pour lesquelles la vue s’est détériorée au fil du temps, ont généralement un important bagage d’images auxquelles ils peuvent faire appel pour intérioriser et revitaliser mentalement toute cette richesse.
Les bénéfices
Ainsi préparés, un dialogue et une formidable dynamique se créent entre le guide et les visiteurs : le premier, conscientisé aux spécificités des visiteurs et ouvert à toute question, les seconds, disposés à découvrir et à ressentir. Chacun s’en trouve enrichi et heureux.
Des espoirs
La majorité des œuvres présentées ne peuvent être touchées, y compris les sculptures. Mais je suis convaincue que là, comme ailleurs, il faut donner du temps aux institutions pour revisiter les habitudes. En belle saison, les sculptures dans les jardins du Musée échappent à cette résistance.
Il faut aussi donner du temps aux institutions pour mettre sur pied des ateliers souhaités d’exploration tactile. Contrairement à ce que l’on peut croire, savoir toucher n’est pas inné, pas davantage pour les non-voyants que pour les voyants. De tels ateliers pourraient permettre aux non-voyants de se constituer une vaste bibliothèque d’images mentales en explorant tactilement une foule d’objets, de formes, d’éléments décoratifs et architecturaux, etc. Ainsi, lors des visites, entre autres, mais aussi bien au-delà, ils pourraient puiser dans leur propre bibliothèque mentale.
«L’art est une façon de sentir le monde»
L’accès à l’expression artistique nourrit l’esprit et la sensibilité. Il enrichit les références picturales acquises par l’écoute attentive des descriptions méthodiquement proposées et par la pratique séquentielle du toucher associées à l’exercice mental de la mise en relation des diverses composantes de l’œuvre. C’est de ces opérations que résulte l’émotion d’abord sensorielle puis esthétique, laquelle constitue le cœur de l’expérience esthétique.
Être au rendez-vous
Si la grande porte du musée s’ouvre, c’est pour accueillir des déficients visuels désireux d’entrer en contact avec l’art visuel international et universel, avec leurs propres ressources, propre sensibilité, propres canaux d’accès à l’expression artistique à laquelle ils pourront vibrer.
Par ce programme, oui, le MBAM vient à la rencontre des non-voyants, les invitent, se préparent à s’adapter à leurs besoins et attentes. Puissent les non-voyants être aux rendez-vous.
Du nouveau
Une belle nouvelle toute fraîche vient d’être publicisée : Le Musée Stewart d’histoire, situé sur l’île Sainte-Hélène, emboîte le pas et offre, à compter d’avril 2017, des visites spécifiques pour non-voyants le premier mardi de chaque mois.4
Quel bonheur de se sentir respecté et partie prenante!
Nicole Trudeau Ph.D.
Notes :
1. Lire sur mon site les articles suivants :
Les handicapés visuels et les expositions d’art
Pourquoi fréquenter les musées?
Pierre Grange dans son atelier
Le musée des beaux arts nous accueille
Le toucher qui permet de vivre une expérience esthétique
Lettre à Camille
Le musée des Beaux-Arts de Montréal innove
L’art, une passion
Vidéo sur youtube: Le MBAM innove en mettant sur pied un programme de visites mensuelles destinées aux visiteurs non-voyants et mal-voyants
2. Madame Verly a accueilli des visiteurs non-voyants à diverses occasions avant la mise sur pied du nouveau programme.
3. Pour s’inscrire à l’une de ces visites, téléphoner au 514-285-2000 option 3 au moins une semaine avant la date de la visite. Chaque visiteur non voyant ou mal voyant doit être accompagné d’une personne de son choix. La visite est gratuite pour le non voyant et pour son accompagnateur.
L’adresse du Musée: 1380, Sherbrooke Ouest, Montréal.
4. Extrait de la promotion :
NOUVEAU! Visite pour personnes non-voyantes ou malvoyantes au Musée Stewart
L’histoire au bout des doigts
Le Musée Stewart propose des visites pour répondre aux besoins des personnes malvoyantes ou non-voyantes sur le thème des grandes explorations et de la découverte du Nouveau Monde.
La visite en salle est suivie d‘un atelier tactile, durant lequel les participants ont une chance unique de manipuler quelques artefacts des collections du Musée. Ils explorent ainsi l’histoire par le toucher et interagissent avec les matières marquées par le temps.
Public visé : Adultes non-voyants et malvoyants
Nombre de participants : Groupes d’un minimum de six (6) personnes et d’un maximum de 10 personnes (une personne malvoyante ou non-voyante doit être accompagnée d’une personne voyante).
Période : Visites offertes à partir du mois d’avril 2017.
Fréquence : Tous les premiers mardis du mois, de 10 h à midi. Sur réservation.
Modalités de réservation : Les réservations sont acceptées jusqu’à 17 h le mardi précédent la visite. À défaut d’obtenir le minimum des six (6) inscriptions (c’est-à-dire 3 personnes non-voyantes ou malvoyantes et 3 accompagnateurs), la visite sera reportée au premier mardi du mois suivant.
Renseignements et réservations ; tél. 514 861-6701 poste 2234
2 -Sessions AccèsD interrompues prématurément
Plusieurs membres utilisant les services en lignes de Desjardins nous signalent éprouver actuellement des difficultés à compléter leurs transactions sur le site AccèsD. La difficulté concerne ceux qui utilisent un lecteur d’écran et ont uniquement recours au clavier pour se déplacer. Afin de libérer des sessions apparemment inactives, le site AccèsD programme votre navigateur pour mettre fin à votre session de travail après 4 minutes d’inactivité de la souris. Une minute ou une demi-minute avant de déconnecter votre session, votre navigateur vous offre la possibilité de la prolonger. Pour ce faire, il faut cependant réussir à activer le bouton OUI sur la fenêtre qui vous le propose en égrenant les secondes qui vous restent. Malheureusement, la combinaison ALT-S, supposée donner accès à cette fenêtre ne produit pas l’effet escompté, et votre session est interrompue abruptement à la fin du décompte.
On nous informe que Desjardins travaille à trouver une solution à ce problème. D’ici là, on peut contourner la difficulté en bougeant la souris de temps à autre sans toutefois cliquer. Alternativement, on peut déplacer le pointeur de la souris à l’aide des touches JAWS prévues à cette fin. À chaque fois qu’un déplacement du pointeur est ressenti, l’indicateur d’inactivité est remis à zéro, ce qui vous garantit 4 autres minutes de tranquillité.
Nous vous tiendrons informés de tout nouveau développement dans la résolution de ce problème.
L’équipe du RAAMM, des gens vites sur le piton
3. INCA vous invite à TechnoVision+ 2017
Réservez votre journée!
Le salon TechnoVision+ est de retour dans la grande région de Montréal!
Date: vendredi 5 mai 2017
Heures: de 9h30 à 19h30
Lieu: Hôtel Sandman, 999 Rue de Sérigny, Longueuil, J4K 2T1
TechnoVision+ existe depuis plus de 15 ans et est le plus grand salon dédié aux technologies adaptées pour les personnes vivant avec une perte de vision partielle ou totale, et un événement incontournable sur la santé visuelle.
Que vous soyez soucieux de votre santé visuelle, viviez avec une perte de vision, souhaitiez vous renseigner sur la perte de vision, oeuvriez dans le domaine des technologies adaptées, soyez un professionnel ou un étudiant en santé visuelle, travailliez pour la communauté aveugle ou soyez simplement curieux, cet événement est à ne pas manquer!
En visitant TechnoVision+, vous pourrez assister à différentes conférences, voir et essayer les produits et services dédiés aux personnes vivant avec une perte de vision et découvrir les plus récentes technologies adaptées disponibles sur le marché.
Une clinique de dépistage de maladies oculaires sera aussi offerte gratuitement sur place, en partenariat avec l’entreprise Topcon, le plus important distributeur de matériel ophtalmique du Canada. Rappelons que 75% des pertes de vision peuvent être prévenues ou traitées lorsqu’elles sont détectées à temps.
Plusieurs tirages auront lieu au cours de la journée, dont le Logiciel X1, logée dans une clé USB, qui permet d’accéder vocalement à tous les ordinateurs avec une seule licence (valeur de plus de 1400 $, offert par Infopratique).
Cliquez ici pour vous inscrire.
Gratuit pour les clients d’INCA,
8$ pour le grand public, 5$ pour les étudiants et les 55 ans et plus.
La liste des exposants et la programmation des conférences 2017 seront disponibles sous peu.
D’ailleurs, le jour de l’événement, notre commanditaire ACCESSIBILITÉ, Point par point, fournira le plan et la programmation en braille.
24 mars 2017
Source : INCA – TechnoVision+ 2017 aura lieu le 5 mai à Longueuil
4. INCA Activité spéciale de consultation
INCA vous invite à une activité spéciale de consultation pour nous aider à planifier les activités futures de l’organisme et développer des programmes qui répondent aux besoins.
Venez vous renseigner sur nos projets actuels et partager vos opinions sur la façon dont INCA peut améliorer encore davantage la vie des personnes vivant avec une perte de vision dans les années à venir.
Date: Mardi 11 avril
Heure: de 9h à 11h
Lieu : 3044 rue Delisle, Montréal, H4C 1M9
RSVP: [email protected]
514 934-4622 p.232
Faites vite pour vous inscrire, les places sont limitées.
S’il n’est pas possible pour vous d’être présent à la consultation pour échanger et donner votre point de vue, sachez qu’il est aussi possible de répondre à notre sondage en ligne.
C’est le moment de vous faire entendre !
Joignez-vous à nous et aidez-nous à changer dès aujourd’hui la vie des personnes aveugles ou ayant une vision partielle!
Source : INCA Flash 28 mars 2017
5. Transport Adapté Montréal : Appels des clients déclarés absents à la porte
Sachant que les déclarations d’absence à la porte des usagers par les chauffeurs est la deuxième source de plaintes en importance après les retards, le transport adapté vient d’introduire une méthode afin d’assurer une tentative de rejoindre l’usager avant qu’il ne soit véritablement déclaré absent. Le chauffeur devra, sur place, signaler que l’usager n’est pas là, puis le transport adapté tentera de joindre l’usager pour lui dire que son transport est arrivé et valider avec lui le lieu d’embarquement, pour s’assurer que le chauffeur se trouve au bon endroit.
Cela pourra éviter à l’usager un impact négatif sur le reste de sa journée, puisque si l’usager est déclaré absent à tort, tous ses déplacements sont tout de même annulés pour la journée.
Source : Bulletin d’information du Regroupement des Usagers du Transport Adapté et accessible de l’Île de Montréal, No 13, printemps 2017
6. Aveugle, il réussit tout de même à utiliser les médias sociaux comme Facebook
Au cours des derniers mois, plusieurs ont eu la surprise de recevoir une demande d’amitié sur Facebook de la part de Steve Proulx. Non pas que ce dernier soit réfractaire aux nouvelles technologies, mais plutôt parce qu’il est aveugle. Comment fait-il pour naviguer au sein du populaire réseau social? Deux mots: synthèse vocale.
Son téléphone intelligent en main, Steve Proulx pousse le bouton pour faire apparaître l’écran principal. Celui-ci s’affiche en compagnie d’une voix à la Siri lui disant qu’il y est bel et bien. «Après, j’ai simplement à glisser mon doigt vers la gauche pour que j’entende quels programmes s’offrent à moi», explique-t-il.
«Téléphone, Mail, Safari [le fureteur internet de la plateforme Apple], Musique», dit un à un l’assistance vocale avant d’atteindre «Facebook». «Ça peut me prendre un peu plus de temps qu’une personne qui voit son écran et qui sait sur quel bouton appuyer rapidement, mais, au moins, je peux, moi aussi, être sur Facebook et m’y abreuver», dit fièrement M. Proulx
En ouvrant l’application du populaire réseau social, il entend que c’est l’anniversaire de l’un de ses amis. Le programme de synthèse vocale, inclus dans tous les appareils intelligents, lui lit mot à un mot les statuts de ses connaissances. «En autant que ce soit de l’écriture, je suis correct.» Mais, qu’en est-il lorsque ce sont des photos? «La technologie étant ce qu’elle est aujourd’hui, Facebook reconnaît maintenant ce qui apparaît sur une photo. Elle me dit qu’il y a une personne ou un animal, par exemple, et dans quel contexte il est. C’est vraiment pratique, puisqu’il y a de plus en plus d’images là-dessus.»
«Jamais je n’aurais pensé y être»
Lorsque Facebook est devenu de plus en plus populaire il y a quelques années, Steve Proulx n’aurait jamais pensé pouvoir s’y aventurer. «Dans le temps, c’était pratiquement impossible pour moi de m’y retrouver, avoue-t-il. Lorsque j’ai repris mon poste de directeur [au Carrefour jeunesse-emploi de la MRC de Coaticook] à l’automne 2015, on m’a offert un téléphone intelligent. J’ai ensuite suivi des formations grâce à l’Institut Nazareth et Louis-Braille pour bien l’utiliser et c’est là que j’ai découvert que je pourrais être abonné à ce service.»
Tout comme bien des utilisateurs, Steve Proulx utilise Facebook pour s’informer. «Ce que j’aime également, c’est de reconnecter avec des gens dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis longtemps. J’ai demeuré à Magog et j’ai joué au hockey à Victoriaville ainsi qu’à Thetford Mines. J’ai des amis là-bas et je suis très content de pouvoir interagir avec eux de nouveau.»
Avec tous ses atouts, le téléphone intelligent devient-il alors indispensable pour une personne aveugle? «Ça facilite certainement notre vie, mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’il s’agisse d’une nécessité, avance-t-il. On se crée plutôt des besoins avec cet outil. Et je crois que c’est le cas pour tout le monde.»
Prochaine étape: la voiture intelligente
Avec toutes les percées technologiques, Steve Proulx rêve maintenant de pouvoir «conduire» son propre véhicule dans un avenir pas si lointain. «Même si je ne vois strictement rien, un jour, j’aimerais avoir mon propre véhicule», rigole-t-il.
Ce véhicule serait probablement une voiture intelligente. Grâce à un système de navigation et de caméras, les nouveaux modèles se conduisent seuls. «Je n’aurais qu’à dire ma destination et elle m’amènerait là. Ça me permettrait certainement de fracasser certaines limitations, car, je ne vais pas où je veux, quand je veux», raconte celui qui a perdu l’usage de la vue en 1989.
Article de Vincent Cliche Le Progrès de Coaticook ,30 mars 2017
7. Lyon : une maman, aveugle, lance un coup de gueule
Sophie Belhay vit dans l’agglomération lyonnaise. Aveugle de naissance et maman de deux enfants, elle vient d’écrire un livre dans lequel elle raconte son quotidien et avec lequel elle aimerait faire changer le regard de la société sur son handicap.
“La société vue de ma fenêtre”, c’est le nom de son livre.
A travers son témoignage, Sophie Belhay veut lever les tabous autour de son handicap. Aveugle de naissance, et mère de deux jeunes enfants elle lance un coup de gueule.
Elle revendique son droit à être une maman comme les autres.
“Souvent les gens me zappent ou agissent à ma place”.
Sophie Belhay en a marre des réactions des autres quand elle est dans la rue, dans le métro…
Marre que les gens s’adressent à ses enfants, comme si elle n’était pas là.
Cette jeune femme ne refuse pas l’aide, elle demande juste un peu de considération, quelques paroles, pour mieux vivre ensemble…
Les situations qu’elle raconte sont du vécu. A travers ce livre, Sophie Belhay espère faire changer le regard des autres sur les aveugles.
Reportage vidéo : http://www.facebook.com/france3rhonealpes/videos/1404874592883935/
Publié par Julie Jacquard le 30 mars 2017
8. Les yeux qui sentent : que “voit” un photographe russe aveugle?
Les œuvres du photographe malvoyant sont actuellement exposées au Centre de photographie des Frères Lumières à Moscou. Un journaliste de Sputnik a voulu en savoir plus: reportage.
Nous ne savons plus nous étonner
On trouve souvent des oxymores dans les noms de livres et de films — Les Âmes mortes, Un Miracle ordinaire, Retour vers le futur —, les poètes en sont très friands et on en rencontre également souvent dans la vie, même si plus rarement que dans le domaine de l’art. C’est le cas actuellement au Centre de photographie des Frères Lumières de Moscou avec l’exposition des travaux d’un photographe malvoyant.
Alexandre Jouravlev
Dans le monde contemporain débordant de gadgets et de miracles, on semblerait presque avoir perdu l’habitude de s’étonner. Certains ne s’arrêtent même plus devant les magiciens de rue et passeraient même à côté d’une femme à barbe sans se retourner. Mais difficile de rester indifférent au travail d’un photographe malvoyant.
Mais comment fait-il? Appuie-t-il au hasard sur le déclencheur de son appareil photo avant que des personnes voyantes sélectionnent quelque chose de « potable » dans la multitude d’images qu’il a captées? Pour en savoir plus, l’auteur de ces lignes s’est rendu à l’exposition « Derrière l’horizon ». Non sans un certain scepticisme. Et évidemment, la vérité était bien plus complexe et intéressante que les apparences.
Un artiste dans le brouillard
Alexandre Jouravlev n’est pas complètement aveugle même s’il ne lui reste que 2% de vue. Chaque visiteur peut se mettre à sa place en revêtant un casque virtuel Gear VR à disposition dans la salle. « En l’enfilant vous comprendrez ce que voit Alexandre Jouravlev », déclare un jeune homme devant le stand. Je l’installe sur ma tête et suis plongé immédiatement dans un brouillard gris et dense. Une tache claire apparaît à un endroit. Seule différence: pour les voyants, tout brouillard peut être dissipé. Or Alexandre y vit constamment depuis l’âge de 11 ans. Aujourd’hui, il a la quarantaine bien tassée.
Alexandre Jouravlev a notamment pris des photos pendant son voyage dans les montagnes de l’Oural — dans les régions de Sverdlovsk et de Tcheliabinsk. Le réalisateur d’Ekaterinbourg Ivan Sosnine a réalisé un magnifique court métrage sur ce voyage d’Alexandre Jouravlev et son chien Oumka, qui l’accompagne toujours dans ses expéditions. Malheureusement ce dernier n’a pas pu se rendre à l’exposition de Moscou.
Acuité des sens
« Comme tout malvoyant, mes autres sens sont accrus, reconnaît Alexandre Jouravlev. Ce sont eux qui me permettent de choisir la composition de mes photos ». L’un des principaux est le toucher. Guidé littéralement par le ressenti du bout de ses doigts Alexandre a pris sur le lac Sougomak, dans la région de Tcheliabinsk, l’un de ses plus belles photos: il était inspiré par la caresse des épis poussés par le vent sur ses mains.
L’odorat a également de l’importance. Alexandre Jouravlev se souvient, toujours dans la région de Tcheliabinsk, être sorti d’une mine abandonnée quand l’air frais l’a littéralement frappé au visage. Le photographe a pris en photo cette fraîcheur. Hormis l’odorat, il s’est également laissé guider par son ouïe et notamment le bruit des feuilles.
Pour ses photos à l’intérieur de la mine abandonnée, le photographe malvoyant se repérait au son de l’écoulement de la glace fondante, à la chaleur — la température monte au fur et à mesure qu’on descend —, aux ressentis du sol sous les pieds et aux sensations que ne connaît pas une personne qui voit correctement. Alexandre Jouravlev sait qu’un homme n’a pas cinq ou six sens, mais bien plus. Il m’a dit ne pas voyager uniquement dans les montagnes de l’Oural, mais s’être également rendu en Pologne et en Inde. Il ignore où il partira la prochaine fois — cela dépend peut-être de qui l’invitera.
Une question de matériel
Bien sûr, prendre ces photos uniques est en grande partie une question de matériel. En effet, l’appareil d’Alexandre Jouravlev est de grandes qualités, sensibles et intelligentes. Le smartphone utilisé pour prendre ces photos faisait une mise au point automatique et choisissait lui-même le mode. Les œuvres d’Alexandre Jouravlev seront exposées jusqu’au 9 avril avec le soutien de Samsung, de l’association Canne blanche et du service Shazam.
Cette exposition est à voir pas seulement pour les photos mais surtout pour comprendre qu’en réalité, il n’existe pas de situation sans issue. Que même un individu malvoyant peut réaliser l’impossible. Que même si vous avez connu un malheur irréparable, ce n’est pas une raison de baisser les bras.
Alexandre Jouravlev a également parlé des opportunités offertes à tous les hommes, lui y compris, et appelé tout le monde à profiter davantage de ces opportunités — aujourd’hui, demain. Maintenant.
Publié le 27 mars 2017 par sputniknews
Source : http://fr.sputniknews.com/culture/201703271030643687-photographe-russe-aveugle-alexandre-jouravlev/
9. Comment retrouver la vue grâce à une dent
Cette technique reste risquée mais devrait encore pouvoir s’améliorer. «Nous implantons dans l’œil un fragment de dent qui sert de support à une lentille en Plexiglas, explique le Pr Louis Hoffart, responsable du service ophtalmologie de l’hôpital de la Timone, à Marseille. Une telle opération, extrêmement rare, se fait chez des patients atteints de cécité dans les deux yeux, qui ont souvent suivi un long parcours avant d’arriver jusqu’à nous.»
Cette incroyable ostéo-odonto-kérato-prothèse reconstitue alors le couple cornée-cristallin, capable de focaliser à nouveau les images sur la rétine du patient, avec une acuité visuelle qui, dans la majorité des cas, n’atteint cependant que quelques dixièmes. «Pour ces patients qui avaient totalement perdu la vue – et parfois tout espoir de voir à nouveau -, ces quelques dixièmes permettent de retrouver une précieuse autonomie, souligne le Pr Hoffart. Parfois, le résultat est vraiment étonnant. Ainsi, une de mes patientes a retrouvé un emploi
Mise au point dans les années 1960 par Benedetto Strampelli, un chirurgien italien, cette technique étrange et brillante a très peu évolué mais continue à être utilisée car elle fonctionne. Elle ne concerne qu’une dizaine de patients par an en France, tous opérés à l’hôpital de la Timone par l’équipe de chirurgie ophtalmique du Pr Hoffart, coordonnée avec l’équipe de chirurgie maxillo-faciale dirigée par le Pr Laurent Guyot. Il n’existe d’ailleurs qu’une cinquantaine de chirurgiens qui la pratiquent actuellement dans le monde: l’apprentissage de la technique est long et les patients concernés représentent une lourde prise en charge.
Le recours à cette technique est un peu comme une chirurgie de la dernière chance, lorsqu’aucun autre traitement n’a été efficace ou possible, y compris la greffe de cornée, pour ces patients qui ont perdu la vue des deux yeux à la suite de traumatismes, d’accidents chimiques ou de maladies auto-immunes. D’autres techniques sont en cours de développement pour soigner les différents compartiments de l’œil (rétine artificielle, etc.), mais dans cette indication, cette ostéo-odonto-kérato-prothèse reste risquée et ne peut s’envisager que lorsqu’un bénéfice peut être espéré.
«Il faut d’abord vérifier que le fond de l’œil fonctionne toujours et que le patient perçoive la lumière, sinon la prothèse n’apporte rien», rappelle le Pr Hoffart. Échographie et examens électro-physiologiques permettent de vérifier que la rétine et le nerf optique sont capables de recevoir et transporter jusqu’au cerveau les informations perçues par la nouvelle lentille optique. La structure de l’œil doit également être assez solide pour supporter l’intervention et l’insertion de la prothèse.
Autre élément indispensable: la dent, souvent une canine, doit être en assez bon état pour y prélever une lamelle de bonne qualité et y percer un trou dans lequel viendra se loger la lentille en Plexiglas. Une fois prélevée par l’équipe du Pr Guyot, elle est placée dans la joue du patient pendant trois mois. Elle y sera peu à peu colonisée par ses propres cellules et, ainsi «conditionnée», elle pourra alors être intégrée plus facilement dans les tissus de l’œil qu’elle rejoindra plus tard.
À côté de ces éléments «techniques», il faut s’assurer que le patient n’a pas des attentes supérieures à ce que l’intervention peut apporter: l’acuité visuelle récupérée est le plus souvent faible et l’aspect esthétique de l’œil avec sa prothèse, bien qu’amélioré par une coquille qui la recouvre, reste étrange. Il faut enfin s’assurer que le patient pourra bénéficier d’un suivi ophtalmologique régulier, ce qui exclut parfois des patients trop éloignés d’un centre médical compétent.
L’utilisation d’une dent et de sa dentine – l’os est peu à peu dissous et les matériaux synthétiques sont rejetés – permet de maintenir la lentille en place durablement, parfois jusqu’à vingt ans. La dent, si stable et solide soit-elle, peut cependant se dégrader et doit être régulièrement surveillée, éventuellement remplacée. «C’est ce qui nous a conduits, avec le Pr Guyot, à chercher un matériau plus satisfaisant, indique le Pr Hoffart. Nous avons donc lancé des essais avec un morceau de cartilage prélevé dans l’oreille, dont les résultats seront publiés très prochainement.»
Tous les patients qui ont été opérés en 2016 à la Timone ont bénéficié de cette nouvelle approche, qui semble particulièrement prometteuse. Prélever le cartilage est une opération plus courte, plus simple que la lourde intervention nécessaire pour prélever une dent et une partie de l’os qui l’entoure. Le cartilage, en outre, ne semble pas se résorber et la prothèse serait ainsi plus durable encore.
Article de Pauline Léna publié le 29 mars 2017
Source : http://sante.lefigaro.fr/article/comment-retrouver-la-vue-grace-a-une-dent
10. Aménager et penser en fonction des piétons et autres usagers
SÉCURITÉ. Les feux de circulation pour piéton sont généralement réglés en fonction d’une cadence plus rapide que le pas des gens âgés, enfants et personnes à mobilité réduite.
C’est ce que constate Marie-Josée Dupuis, chargée de projet de recherche de la Table de concertation des aînés de l’île de Montréal. Elle a réalisé une étude dans sept arrondissements de l’île de Montréal entre 2013 et 2015. Le projet a été financé par le programme de soutien Québec ami des aînés. «Ce qu’on proposait c’était de rencontrer les aînés par secteur où on nous contactait pour venir faire la démarche», indique Mme Dupuis. Le but était d’identifier les besoins et de voir les problèmes lorsqu’ils se déplaçaient à pied. La traverse des grandes artères représente une grande difficulté.
«C’est des barrières qu’ils vivent au quotidien», soutient-elle. Une mesure rapide peut être prise, selon elle, comme aménager des traverses piétonnes entre deux intersections. « Pour une personne âgée, traverser 50 mètres, ça peut être beaucoup», dit-elle.
À la lueur des recherches, un mémoire était déposé à la consultation sur la sécurité routière de la SAAQ, à Montréal, le 1er mars. Un travail sera fait de concert avec les agents de la paix afin de voir s’il peut y avoir des modifications au Code de la sécurité routière. «Ça dit que c’est interdit de traverser sur la voie publique s’il y a une intersection à proximité. Sauf que la proximité, ils ne le définissent pas», rend compte Marie-Josée Dupuis.
Les problèmes rencontrés
Au cours des analyses de l’étude que Marie-Josée Dupuis a conduite différents aspects ont été observé :
-Traverse de très grandes artères
-Temps de traverse insuffisant
-Des trottoirs mal déneigés avec trou et crevasse
«Les piétons sont beaucoup plus respectés en Ontario et aux États-Unis. » Marie-Josée Dupuis, chargée de projet de recherche
Quelques recommandations
-Adapter les temps de traverse à la cadence des personnes âgées
-Un meilleur partage entre les usagers de la route (automobilistes, piétons, cyclistes)
-Des saillies de trottoir aux intersections qui permettent un dégagement de cinq mètres
-La création d’îlots refuges pour permettre les traverses en deux temps
-Aménager des bancs pour le repos
-Refaire la totalité des artères du Québec pour encourager tous les modes de transports -Investir massivement dans le développement du transport collectif.
-Revoir la mentalité des aménagistes
À Châteauguay
La durée des feux pour piétons sur le boulevard D’Anjou est à l’étude dans deux plans de la municipalité, celui de la mobilité active et le Plan d’action à l’égard des personnes handicapées, indique Éric Laparé, agent d’information de la Ville de Châteauguay. La possibilité d’adapter ces feux en fonction de la largeur des artères à traverser et des capacités physiques des personnes sont des éléments considérés.
Article de Valérie Gagnon publié le 25 mars 2017
11. Réaction de la COPHAN au budget provincial 2017-2018
MONTRÉAL, le 30 mars 2017 /CNW Telbec/ – La Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) salue certains investissements prévus au budget Leitão qui permettront de rattraper une partie des coupures budgétaires des dernières années qui ont durement frappé les personnes ayant des limitations fonctionnelles et leurs proches.
D’entrée de jeu, la COPHAN tient à souligner le fonds de 5 millions de dollars pour une meilleure accessibilité des sites touristiques pour les personnes à mobilité réduite, dont la gestion a été confiée à Kéroul, organisme membre de la COPHAN qui œuvre dans ce domaine depuis près de 40 ans.
L’investissement annoncé de 8 millions sur 5 ans pour améliorer l’accès pour les personnes ayant une mobilité réduite aux petits centres d’affaires, commerciaux et communautaires rejoint les demandes du Regroupement en faveur de l’accessibilité des établissements commerciaux et d’affaires du Québec (RAECAQ), auquel la COPHAN participe. Afin de maximiser l’impact de ces fonds, la COPHAN s’attend à ce que ce programme soit efficacement promu auprès des gens d’affaires et que les délais de traitement des dossiers soient connectés à la réalité de ces derniers.
La COPHAN salue également l’attribution d’une enveloppe désignée de 28 millions pour le Programme d’adaptation de domicile, en espérant que cette légère augmentation par rapport aux années précédentes se traduira par la réalisation effective de nouveaux projets. Cela dit, l’enjeu des délais de traitement se doit d’être adressé, notamment en ce qui concerne les travaux courts et les projets en région où ceux-ci sont largement au-dessus de la moyenne nationale de 23 mois.
Bien que leur impact sur les services aux personnes ayant des limitations et leurs proches soit difficile à anticiper pour le moment, la COPHAN accueille favorablement les sommes prévues pour le Programme de subvention aux entreprises adaptées, l’intégration des enfants handicapés dans les services de garde éducatifs à l’enfance, les services de surveillance pour les 12 à 21 ans et le transport adapté.
Finalement, la COPHAN déplore que les investissements annoncés en santé et services sociaux et en éducation ne viennent qu’éponger une partie des coupures infligées par le gouvernement au cours des dernières années, alors que les besoins dans ces secteurs sont plus criants que jamais.
Source : Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec
Source : http://www.newswire.ca/fr/news-releases/reaction-de-la-cophan-au-budget-provincial-2017-2018-617695583.html
12. Option Longueuil exige que le métro soit accessible pour les personnes handicapées
Les gouvernements fédéraux et provinciaux ont participé au financement de ce projet visant à favoriser l’accessibilité universelle dans le réseau de métro montréalais.
Alors que la Société de transport de Montréal (STM) planifie doter 41 stations de métro d’ascenseurs d’ici 2025 pour favoriser l’accessibilité universelle, Option Longueuil déplore que Longueuil n’a toujours pas de plan pour emboîter le pas à la station Longueuil–Université-de-Sherbrooke.
Le parti municipal demande à l’administration actuelle de faire les démarches nécessaires auprès des autorités compétentes pour que Longueuil modernise cette infrastructure névralgique afin de la rendre accessible à tous.
«Les personnes handicapées payent le même prix pour leur passe mensuelle et ont droit à des services adéquats, a déclaré le chef d’Option Longueuil, Robert Myles. Le Métro Longueuil étant un incontournable du transport collectif de la Rive-Sud, il est donc important qu’il soit inclus dans une vision d’accessibilité universelle que ce soit par un ascenseur ou une autre mesure aussi efficace à moindre coût. Option Longueuil demande à l’administration de faire les démarches nécessaires pour moderniser cette infrastructure.»
Article de Philippe Lanoix-Meunier publié le 28 mars 2017
13. Appliquer la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées en France
En 2006, l’ONU a adopté la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH). La France l’a ratifiée en 2010, mais elle ne respecte pas ses engagements: le respect de nombreux droits fondamentaux (choix du lieu de vie, droit de vote, liberté d’aller et venir, vie de famille, protection des personnes incarcérées…), nécessite que des dispositions d’application soient prises.
La Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées (CIDPH) décline dans le champ du handicap la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et invite à un changement de paradigme dans la prise en considération des personnes en situation de handicap. Elle constitue désormais le cadre juridique de référence auquel la France a accepté de se soumettre. Or, l’incapacité y fait encore l’objet de confiscations de droits.
Sortir d’une définition médicale et individuelle du handicap au profit d’une approche sociale et environnementale
La CIDPH entend par personnes handicapées «des personnes qui présentent des incapacités… dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres» (art 1er). Cette qualification rompt avec une vision médicale centrée sur le degré «d’incapacité» de la personne concernée en proposant une approche socio-culturelle. La loi française attribue encore la cause du handicap à la seule «altération substantielle d’une ou plusieurs fonctions» (Article L. 114 du code de l’action sociale et des familles). Le rôle de l’environnement n’y est reconnu que comme un simple contexte.
Appliquer le droit de la non-discrimination
Les lois françaises garantissent des droits sociaux aux personnes handicapées. Elles reconnaissent également en théorie le handicap comme motif de discrimination passible de sanctions.
Mais la catégorie juridique des «aménagements raisonnable », ou «mesures appropriées», centrale dans la Convention, ne fait pas l’objet de travaux dans les politiques publiques françaises, exception faite du domaine de l’emploi (transposition de la Directive européenne 2000/78). Encore ceux-ci y demeurent-ils largement inappliqués. Or, c’est le plus souvent l’absence d’aménagements raisonnables qui crée la discrimination fondée sur le handicap. La Convention stipule que le fait de refuser un «aménagement raisonnable» équivaut à une discrimination sur la base du handicap. Cet article doit trouver sa traduction juridique dans la loi française.
Donner toute sa dimension à l’accessibilité
L’accessibilité généralisée est l’autre moyen essentiel d’une égalité réelle entre personnes handicapées et valides. C’est l’un des principes prééminents de la Convention.
L’accessibilité comprend l’élimination des obstacles susceptibles de poser des problèmes à des personnes handicapées (quelles que soient leurs déficiences) dans l’ensemble des domaines de la vie sociale. Elle suppose de concevoir les produits et services de telle sorte qu’ils soient accessibles à tous. L’accessibilité au sens défini par l’article 9 de la Convention, de même que la conception universelle, ne sont pas des concepts dont le législateur français a pris la pleine mesure.
La loi du 11 février 2005 définit le handicap comme une limitation subie par une personne «dans son environnement» (art. 1) ; elle n’a pas retenu la définition du handicap comme «situation»: l’obligation d’accessibilité s’en trouve d’autant limitée, comme l’a montré l’adoption des Agendas d’accessibilité programmée en 2015.
Le droit commun demeure encore souvent inaccessible
L’accès au droit commun est encore impossible dans nombre de domaines de la vie quotidienne telles que la santé, la culture, le logement…
L’article 19 de la Convention sur l’autonomie de vie et inclusion dans la société» interroge le droit français sur l’accès aux dispositifs de droit commun et à la même liberté que les autres personnes. Aujourd’hui en France, pour la majorité des personnes handicapées, ces choix n’existent pas: certains sont même contraints à l’exil en Belgique pour trouver une réponse. Dans le domaine de l’éducation, l’annonce d’une politique d’inclusion a été faite sans mettre en œuvre les changements structurels nécessaires à un accueil et un enseignement adaptés à la diversité des élèves.
Dans le domaine de la vie publique, la possibilité de voter des résidents n’est souvent pas envisagée dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Quant à la représentativité des personnes handicapées parmi les élus, elle demeure totalement marginale.
L’accompagnement à la décision plutôt que des décisions substitutives
Les processus d’accompagnement à la prise de décision des personnes nécessitant un soutien dans l’exercice de leur capacité juridique, en lieu et place de mesures de protection systématiques, n’ont pas été examinés au regard de l’article 12 de la CIDPH. Des personnes handicapées ayant des difficultés à gérer leur budget se voient ainsi privées de toute autonomie de décision dans des domaines essentiels de la vie (vie affective et sexuelle, choix du lieu de vie…). De même, les dispositions relatives aux décisions substitutives (soins sans consentement, tutelle et curatelle renforcée, restriction d’aller-et-venir dans des établissements médico-sociaux), pourtant réformées par des lois récentes, ne prennent pas suffisamment en compte les principes d’accompagnement à la décision.
Mettre fin à la double peine des détenus handicapés
Les personnes handicapées sont plus nombreuses qu’ailleurs dans les prisons françaises, ce qui laisse supposer que la sanction pénitentiaire se substitue parfois au soin. En outre, les détenus handicapés subissent des traitements dégradants (problèmes d’accès aux sanitaires, prise en charge psychiatrique parfois coercitive, etc.). De même, les proches en situation de handicap sont parfois dans l’impossibilité d’exercer leur droit de visite. Les Droits de l’homme qui structurent toute la CIDPH et dont la France est censée respecter le cadre juridique sont donc bafoués en prison.
Développer l’information statistique sur le handicap
La CIDPH stipule dans son article 31 le développement d’indicateurs de justice sociale et le recueil de données statistiques. Cette incitation se heurte en France aux incertitudes pesant sur la place du handicap dans le dispositif statistique national, en particulier l’INSEE. Les outils d’observation disponibles pour évaluer la façon dont les États s’acquittent de leurs obligations, n’intègrent pas, aux côtés des données populationnelles, les données environnementales nécessaires pour identifier les obstacles que rencontrent les personnes handicapées dans l’exercice de leurs droits.
Il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que les personnes handicapées bénéficient en France de tous les droits de l’homme.
Publié le 19 mars 2017 par Groupe de recherche sur le handicap et l’exercice des droits.
Source : http://www.slate.fr/story/139559/appliquer-convention-onu
14. Handicap dans les transports: souvent la galère, malgré des progrès
Toulouse (AFP) – Trains, bus, métro: prendre les transports en commun pour les personnes handicapées reste toujours difficile même si des progrès sont constatés. A Toulouse, un étudiant a récemment porté plainte contre la SNCF pour “discrimination”.
“Je me considère comme un véritable citoyen, et j’ai l’impression que mes droits sont bafoués”. Pour Kevin Fermine, 25 ans, atteint du “syndrome de Little” (dégénérescence des neurones) et en fauteuil roulant depuis son plus jeune âge, c’est lors de voyages réguliers entre Montpellier, Toulouse et Paris que la colère a commencé à monter.
“Je suis placé au milieu de la rame, les autres passagers sont obligés de m’enjamber. Je n’ai pas accès aux toilettes. […] Je n’ai pas accès à la voiture-bar. Le bouton d’assistance est très souvent désactivé”, énumère cet étudiant en droit, qui vit avec un chien d’assistance.
Sur un long trajet, “il m’est déjà arrivé de m’uriner dessus, tout simplement parce que je n’ai pas pu aller aux toilettes. C’est vraiment très dégradant, je ne le supporte plus”, s’emporte-t-il.
A l’automne, il a porté plainte pour “discrimination” contre la SNCF et entamé une procédure au tribunal administratif pour “mise en conformité”, sous peine d’astreinte.
“Je suis conscient que les problèmes ne peuvent pas se régler du jour au lendemain à l’aide d’une baguette magique, mais il faut se dire, quand même, que la première loi d’accessibilité date de 1975”, rappelle-t-il.
En 2005, la loi handicap prévoyait que les lieux et transports publics soient accessibles aux quelque 10 millions de personnes souffrant d’un handicap – moteur, visuel, mental ou auditif – avant le 1er janvier 2015.
Cette échéance n’ayant pas été respectée, la loi du 5 août 2015 a instauré de nouveaux délais: trois ans pour les transports urbains, six ans pour les liaisons interurbaines et neuf ans pour le trafic ferroviaire.
Dans le cas de M. Fermine, “c’est malheureusement réel, les faits sont incontestables, mais ça s’explique”, a réagi auprès de l’AFP Carole Guéchi, directrice de l’accessibilité à la SNCF. “Pour les personnes en fauteuil électrique, les difficultés de voyage sur certaines lignes sont avérées”.
“Le TGV Atlantique date de 1980, et le Duplex de 1995, donc ce ne sont pas des TGV jeunes et, du coup, la règlementation en vigueur à l’époque quand on faisait de l’accessibilité, c’est loin, loin, loin de ce qu’on fait aujourd’hui”.
Mais “la situation est en train d’évoluer”, souligne-t-elle, notamment avec les nouvelles rames TER Regiolis et le TGV Océane.
“Ras-le-bol”
En novembre 2016, la SNCF a annoncé que près de 740 gares supplémentaires seraient aménagées d’ici 2024, en plus des 638 déjà accessibles, pour un investissement de 3 milliards d’euros des régions et de l’État.
Au total, cela doit représenter un peu moins de la moitié des 3.000 gares françaises – les plus fréquentées -. A l’heure actuelle, 5 millions de personnes en situation de handicap prennent le train chaque année, selon la SNCF.
Mais malgré tous ces efforts, les difficultés dans les transports font partie du quotidien des personnes en situation de handicap, selon des associations.
La plainte de M. Fermine “traduit effectivement le ras-le-bol des personnes handicapées”, estime Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH).
“Certes, ça s’améliore, mais pas assez”, estime-t-il, citant des obstacles rencontrés sur les lignes de bus rurales, le métro parisien ou les avions.
Vincent Assante, président de l’Association nationale pour l’intégration des handicapés moteurs (ANPIHM) confirme: “Pendant très longtemps, on a considéré que c’était à la personne handicapée à s’adapter à la société, plutôt que d’adapter la société aux besoins de l’ensemble des personnes”.
Recherche d’emploi, séances de cinéma, fêtes familiales… autant de déplacements qui peuvent être entravés, d’autant que beaucoup de personnes handicapées ont un pouvoir d’achat “très bas”, assure Pascal Bureau, administrateur à l’Association des Paralysés de France (APF).
“L’autonomie, aller où on veut, on est très loin de l’avoir à l’heure actuelle”.
Article publié par l’AFP le 17 mars 2017